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 Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave

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Wendy R. Marlow
Wendy R. Marlow
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MessageSujet: Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave   Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave EmptyMar 4 Sep - 14:54



✖Octave & Wendy✖
« When you try your best but you don't succeed,
When you get what you want, but not what you need,
When you feel so tired, but you can't sleep. » Coldplay, Fix you

Assise devant ma coiffeuse, dans mon dressing personnel, je fixe mon reflet dans le miroir avec un regard absent. La coiffeuse passe ses mains dans mes cheveux en me répétant toujours les mêmes choses : « Comme vous avez de beaux cheveux. Quelle chance vous avez de vivre dans cette belle maison..» et bla bla bla. Elle m’agace, j’aimerais l’envoyer bouler, mais j’en ai l’interdiction, je dois sourire et hocher de la tête. Je suis heureuse, voilà ce qu’elle doit voir. Je la sens effleurer l’étoffe de soie bleu pâle qui couvre mon corps, ses mains glissent sur mon épaule, son regard est plein d’envie. Crois-moi, si tu connaissais mon quotidien, tu ne m’envierais pas. « Votre peignoir est sublime… Est-ce vraiment de la soie ? » Des talons claquent sur le sol en marbre de mon dressing, je peux sentir le parfum délicat de ma mère arriver jusqu’à mes narines. Elle se place à côté de la coiffeuse. « Bien évidemment que c’est de la véritable soie. Elle vient tout droit du japon, extrêmement rare et cher. » Ma mère observe le travail de la coiffeuse avec la plus grande minutie, tout doit être parfait. « Rajoutez quelques boucles ici et là. Wendy doit être irréprochable ce soir. Toute la famille de son fiancé sera présente, ainsi que d’importants collaborateurs de mon mari. » La coiffeuse hoche de la tête en s’emparant de son fer à boucler pour y entortiller des mèches de cheveux. Une fois fait, la femme s’en va pour laisser place à la maquilleuse. Je fais pivoter mon siège pour me retrouver face à elle pendant qu’elle sort tout son attirail. « Que faisons-nous aujourd’hui Madame Marlow ?Wendy portera une robe rose pâle. Je voudrais que vous fassiez ressortir au mieux le bleu de ses yeux. Je vous fais confiance, vous savez toujours ce qu’il lui faut. » Maddy hoche de la tête, se munit de son fard à paupières. « Vous avez de la chance Miss Wendy d’avoir une peau aussi belle, pas besoin de fond de teint. » Je crois voir un sourire sur les lèvres de ma mère avant qu’elle ne disparaisse pour donner aux domestiques des instructions. « Alors, vous êtes contente de revoir votre fiancé ce soir ?Mmmh mmmh.Vous avez bien de la chance, Monsieur Spencer est un excellent parti et un très bel homme, bien des femmes vous envieraient. » Mon Dieu, mais ma place, je la leur laisse quand elles veulent ! Le pinceau caresse mes paupières avec délicatesse et minutie, un léger trait noir, du mascara. Maddy a vite fait de me maquiller et de quitter le dressing pour prévenir ma mère. Je tourne la tête vers le miroir, mon sourire s’est évanoui, encore une longue soirée qui m’attend. Ma mère et ma future belle-mère vont parler du mariage, mon père, mon futur beau-père et mon fiancé, parleront affaires. Et moi, je vais devoir faire la potiche.

Ma mère revient seule, elle observe le résultat et hoche de la tête, satisfaite. « Maddy a des doigts de fée ! Bien, il faut enfiler ta robe, les invités ne vont pas tarder ! » Je me lève pendant qu’elle va sortir de sa house ma robe. Je la passe par les pieds, ma mère la remonte et fait glisser la petite fermeture éclair. Elle me pousse devant le miroir afin que je m’observe. La robe taillée dans de la mousseline rose pâle s’arrête un peu au dessus de mes genoux. Bustier, une large ceinture brodée de fils roses et de perles vient rehausser ma poitrine et marquer mes hanches. Légèrement bouffante, la jupe est agrémentée de quelques perles ivoire qui se retrouvent dans le collier que ma mère vient de me passer autour de cou et qui tombe contre ma poitrine. Il ne manque plus que les escarpins de la même couleur que la robe et brodés de perles pour que tout soit « parfait ». Mes cheveux bruns retombent en une cascade bouclée dans mon dos, ils sont brillants et à chaque fois que je bouge la tête, ils suivent le mouvement avec élégance, à croire que ça aussi, c’était prévu. Grâce à Maddy, mes yeux n’en sont que plus bleus, juste rehaussés par un très fin trait noir et une ombre de fard à paupières rose pêche. Mes lèvres ont eu juste droit à un peu de brillant et mes pommettes un soupçon de blush. Oui, je suis belle, il n’y a pas de doute là-dessus. Mais que je n’aime pas le reflet que le miroir me renvoie. Ma mère pose ses mains sur mes épaules nues avec un grand sourire. « Tu es parfaite. N’oublie pas de sourire, tu vas tous les éblouir ! » Puis elle se détourne de moi pour aller se changer à son tour. Dix minutes plus tard, le premier invité arrive. Sourire, je dois sourire.

Je descends les escaliers la tête haute, un sourire sur les lèvres alors que j’aimerais grimacer en voyant les parents de John –et lui aussi-. Il prend ma main pour descendre les dernières marches puis la porte à ses lèvres. « Quel plaisir de vous revoir Wendy. » Je fais de mon mieux pour que mon sourire ne soit pas crispé, le plaisir n’est vraiment pas partagé. Je dois ensuite embrasser sa grosse mère qui sent le parfum hors de prix et son père qui a le même regard hautain que son fils. Ma mère arrive avec mon père, les autres invités arrivent à leur tour. Les femmes d’un côté à parler de mon futur mariage et les hommes de l’autre à parler affaires. Assise entre ma belle-mère et ma mère, je me sens mal à l’aise. On prend sans arrêt ma main pour regarder ma bague de fiançailles. On s’extasie, on me complimente, me souhaite tout le bonheur possible et bla bla bla. Je n’écoute pas, je divague et ma mère le remarque. Elle se lève, m’entraînant derrière elle pour nous isoler dans la cuisine où Carole, la cuisinière, s’active. « Pourquoi diable fais-tu cette tête d’enterrement Wendy ? Tu sais que tu dois sourire !Je n’en ai pas envie mère. Je ne veux pas épouser John. » Les yeux de ma mère s’écarquillent. « Tu l’épouseras un point c’est tout. » Elle prend mon bras pour que nous retournions dans le salon. « NON ! » Je me recule ce qui laisse ma mère pantoise. « Cette fois je ne me laisserai pas faire. Je vais aller les voir et leur dire que je n’épouserai pas John. » Je commence à faire un pas, ma mère m’arrête tout net avec un sourire en coin sur les lèvres. « Ah oui ? J’aimerais bien voir ça. Et que feras-tu ensuite, ma pauvre enfant, lorsque tu seras à la rue ou encore enfermée dans je ne sais quelle chambre d’un hôpital ? Tu es née pour ce mariage Wendy. Pourquoi crois-tu que nous n’avons pas eu de fils ? Car une fille est bien plus utile. Ta naissance était programmée, rien n’est dû au hasard. Ta vie ne sera jamais régie par la spontanéité, tout est calculé. Tu vas te marier avec John et d’ici trois ans, tu auras un fils, car c’est ce que veulent les Spencer. Puis enfin une fille. Ne t’inquiètes pas pour leur éducation, ton père et ton beau-père se chargeront du garçon et moi de ta fille. Elle aura la même éducation que la tienne, elle fera un beau mariage et ramènera de l’argent. » Je me sens blêmir alors que je comprends que ma vie est réellement programmée, qu’on ne me laissera jamais vivre. Ma mère esquisse un sourire narquois puis sort pour rejoindre le salon, me laissant dans la cuisine. Carole me regard, puis ses yeux se posent sur la porte de la cuisine donnant sur le jardin, légèrement entrouverte, c’est comme si elle me donnait le conseil de fuir. Je m’approche de la porte, fébrile, puis la pousse.

Je sors dans le jardin et c’est en courant que je rejoins le grand portail en fer forgé. Je tire dessus, il ne bouge pas. Il est immense, impossible de l’escalader. Je tourne la tête, la loge du gardien est allumée et je vois la silhouette de Karl, qui dort, le menton contre sa poitrine. Sans un bruit, j’entre et regarde tous les boutons devant moi. Voilà celui que je cherche ! Un léger clic retentit, il est ouvert ! Vite, je quitte la maison de mes parents pour fuir. Oui, mais où ? Je l’ignore, je me contente de courir aussi vite que possible. Je laisse mon instinct me guider, contrôler mes jambes. Je ne sais pas où je suis, mais je suis bien loin des endroits que je peux fréquenter, rien à voir avec ce qu’on me laisse voir. Je finis par arriver sur un point, je m’approche de la rambarde pour m’appuyer dessus. Mes yeux se posent sur la rivière et s’y noient… A quoi tout cela sert ? Je sais parfaitement qu’ils me retrouveront, on fera croire à un enlèvement pour ne pas entacher le nom de mon père et ma vie n’en sera que plus horrible. Je sens de grosses larmes couler le long de mes joues. Je ne veux pas, je ne veux pas de cette vie que me construisent mes parents. J’aimerais que cela cesse, j’aimerais mettre fin à tout ceci et je sais qu’elle est l’unique solution. Je retire mes escarpins, pose un pied sur l’une des barre de la rambarde et me hisse de l’autre côté. Seuls mes bras me retiennent, plus pour longtemps. Je fixe l’eau tumultueuse, mes doigts se décollant doucement du métal froid. C’est la seule solution.

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Dernière édition par Wendy R. Marlow le Mar 4 Sep - 21:49, édité 1 fois
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Octave L. Francœur
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MessageSujet: Re: Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave   Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave EmptyMar 4 Sep - 20:04

Je suis pas content.
« Désolé gamin, pas de musique ce soir. »
Pas content du tout.
« Je dois discuter business avec des potes, tu comprends ? Il nous du calme, c’est du sérieux. »
Mais alors pas du tout du tout.
Relevant le regard vers Uncle Bob, je fronce même les sourcils ; tu parles si c’est sérieux. Abi me prends par le bras, et me dit doucement :
« Tu joueras demain, sans faute. Une heure plus tôt, et une heure plus tard, si tu veux ! Pas vrai, Uncle Bob ?
— Si tu veux, ouais. Mais ce soir, on a besoin du local. En privé. Tu comprends ? »
Bien sûr que je comprends. Je suis pas con. Même si j’en ai l’air, et que beaucoup le croient. Faut dire que je fais pas grand-chose pour leur donner tords, non plus. La flemme. Pas intéressé.
« Allez gamin, prend ta soirée ! Et vas pas t’enfermer dans ta piaule, profites-en pour aller prendre l’air, voir du monde ! »
Malin, les seuls gens qui m’intéressent sont dans cette pièce, et ils restent ici ce soir.
« Enfin… Tu vois ce que je veux dire, quoi. »
Il me donne une tape sur l’épaule.
« Allez, va. »
J’ai envie de protester, de rester planté là, sans bouger, à le fixer de mon regard, qu’on décrit si souvent de mort et flippant, jusqu’à ce qu’il cède. Mais je sais que quand Uncle Bob me dit de faire quelque chose, je dois le faire, même si j’en ai pas envie. Sinon, je pourrais dire adieu au toit qu’il met sur ma tête, et à la bouffe dont il remplit mon assiette. Et, pire que tout, je pourrais dire au revoir à la possibilité de faire ma musique, tous les soirs, avec un matos dont je ne pourrais même pas rêver si je me retrouvais de nouveau à la rue. Vous voyez que je suis pas si con, au fond.
Alors, je balance ma gratte dans mon dos, et je me taille.
« Bonne soirée, Octave ! » me lance Abi alors que je passe la porte, sans un mot, et sans me retourner.
Je songe un instant à rejoindre ma mansarde et à y passer la soirée à glander. Mais les paroles d’Uncle Bob me reviennent en tête. Quelque chose me dit qu’on ne veut pas du tout de moi dans le coin, que ce soit sous le toit ou sous terre. Alors je grimpe les escaliers menant du sous-sol au rez-de-chaussée, traverse le hall, et sors dans la rue. Pile en face de moi, le soleil se couche et m’aveugle de ses derniers puissants rayons. Je ne sais pas où aller, alors je décide de le suivre.

Je marche longtemps, toujours en direction de l’Ouest, ne déviant que lorsque je rencontre un obstacle et que je m’en vois forcé. Dans ma tête, il y a un écran neigeux ; j’avance sans penser, le regard vide, fixé droit devant moi. Les quelques personnes que je croise me dévisagent, tantôt avec stupeur, amusement, ou encore crainte. Ouaip, c’est l’effet que je fais, la plupart du temps. J’aurais envie de dire que cela m’amuse, mais en réalité, je m’en fiche.
Lorsque le soleil disparaît à l’horizon, cessant sa course, alors je m’arrête. Mes pas m’ont mené sur un pont. J’aurais pu tomber plus mal. Je me penche par-dessus la rambarde, et écoute le son de l’eau. Sa mélodie me parle. J’essaye de la comprendre. Soudain, une moto passe en trombe sur le pont, et le bruit du moteur me déchire les tympans. Je sens mes traits se crisper sous la douleur engendrée par ces ondes disgracieuses. J’ai horreur de cela, presque autant que de la parole. Une voiture passe à la suite, puis une deuxième, une troisième. Allez vous faire foutre.
Je longe la rambarde jusqu’à l’autre bout du pont et y trouve ce que j’espérais : des escaliers. Je les emprunte et arrive sur le quai. Bien sûr, je ne serais pas totalement isolé des bruits parasites de la rue, mais je me les prendrais moins en pleine face que si je restais là-haut. Je retire ma guitare de dans mon dos, et m’assois au bord du quai, les jambes pendant dans le vide, dans l’ombre du pont, de façon à être invisible, mais pas directement en dessous de la structure. Cela ne m’évoque pas de bons souvenirs.
Ma main droite enserre le manche de la guitare, tandis que la gauche se dépose sur les cordes. Je ferme les yeux, et j’écoute. Je vois des accords s’imprimer psychédéliquement sur mes paupières. Je les mime, m’en imprégnant, et, déjà mes lèvres articulent muettement les mots qui les accompagneront. Mais ce n’est rien pour l’instant qui mérite d’être entendu. Il manque quelque chose. Mais je ne sais pas quoi. Alors, inlassablement, mes mains glissent silencieusement sur l’instrument, tandis que mes lèvres s’agitent sans laisser échapper un son.

Les heures passent, et pourtant toujours rien. Frustré, mes mains s’immobilisent tandis que, rouvrant les yeux, je lève le regard vers le ciel. Une goutte s’écrase sur mon visage. Puis une, puis deux, et c’est bientôt tout le ciel qui se déverse sur moi. Je clos mes paupières. J’écoute. Je cherche. Mais non, ça ne va pas, la pluie ne m’apporte pas ce qui me manque. Pire même, plutôt que de m’aider, son bruit sourd noie les autres sons. Je sens que je n’arriverai à rien ce soir. Et si je balançais cette putain de guitare dans l’eau ?
Je rouvre les yeux, et mes mains se crispent sur l’instrument. Alors que mes yeux se posent sur la silhouette presque diaphane d’une jeune fille semblant apparue de nulle part, je sais que je viens de trouver ce qu’il me manquait. C’est une sensation bien étrange, de trouver l’inspiration en un être humain. C’est quelque chose qui ne m’était jamais arrivé. C’en serait presque flippant. Mais c’est surtout exaltant. Je sens le sang qui circule plus vite dans tout mon corps, et mon pouls s’accélérer ; il bat furieusement dans mes tempes, dans mon cou, jusqu’au bout de mes doigts, et il remonte le long des cordes, les faisant imperceptiblement vibrer.
Je l’observe, figé ; même mes yeux ont cessé de cillé. Je reconnais quelque chose en elle, et il ne me faut pas longtemps pour comprendre quoi : la morbidité. Je le sais, non pas parce je le devine en la voyant ici, à cette heure-ci, seule, sur un pont, accrochée du mauvais côté de la rambarde, à contempler les flots. Je le sais, car je le sens, je le retrouve. Comme moi, il y a plus de dix ans maintenant, elle se pose la question. Si je la laisse y répondre par elle-même, elle a de grandes chances de ne jamais pouvoir partager sa réponse avec le reste du monde. Si elle s’en sort, elle apprendra bien vite que cela n’apporte rien de bon. Mais surtout, si elle saute, alors mon inspiration s’éteint avec elle, et je crains que mon cœur ne s’arrête de battre. Alors je vais le lui dire.
Mes cordes vocales et celles de la guitare se mettent à vibrer.

Spoiler:
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Wendy R. Marlow
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MessageSujet: Re: Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave   Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave EmptyMar 4 Sep - 21:48



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Je fixe l’eau troublée par les goutes de pluie qui tombent du ciel. Elles se mêlent aux larmes qui dégoulinent le long de mes joues, coulent dans mes boucles brunes, imbibe ma robe qui a coûté si cher à ma mère. Mais je m’en fiche, de toute façon, d’ici quelques minutes, je serai au fin fond de la rivière de Détroit. Je me demande pourquoi j’ai attendu si longtemps pour enfin avoir le courage de le faire. Mon suicide passera aux yeux de tous, pour un accident, un enlèvement qui a mal tourné. Cela ferait bien trop tache d’avoir une fille suicidaire et les accidents font couler de l’encre, pleurer les ménagères, donc vendre plus de magasines à ma mère. D’une certaine façon, même morte, elle réussira à tirer profit. Pathétique. Je ferme mes paupières, écoutant la pluie s’écraser avec force sur le bitume et l’eau de la rivière. Je n’ai même pas une once d’appréhension alors que j’ignore tout de ce qui peut m’attendre de l’autre côté, je sais juste que mon infernale mère n’y sera pas, et c’est assez pour me décider. Je rouvre les yeux, un léger sourire sur les lèvres. Tu croyais pouvoir entièrement contrôler ma vie maman ? Regarde comme tu te trompes ! Regarde, finalement, je parviens à t’échapper, ma vie glisse entre tes doigts sans que tu ne puisses rien y faire. Je vois déjà ton regard plein de rage, je sens cette haine que tu vas me vouer pour avoir osé un tel affront. Et cela me fait rire, tellement rire ! Je relève la tête pour regarder droit devant moi. Les grands immeubles neufs brillent au loin, voilà d’où je viens et où je ne compte pas retourner. Je prends une grande inspiration, mes doigts se décollent doucement de la rambarde, enfin c’est fini.

Un bruit. Une voix. Je sursaute, me rattrapant de justesse à la rambarde avant de plonger dans la rivière. Qui a eu l’idée de faire ça ? Voulait-il que je tombe un peu plus vite ? Quel manque de délicatesse ! Je fronce les sourcils. Ce bruit, on dirait une guitare et… La personne chante ? Une moue perplexe se peint sur mon visage. Mais après tout, ce n’est sûrement pas pour moi, le mec s’est juste trouvé là au mauvais moment voilà tout. Comme si quelqu’un allait m’empêcher de sauter ! Je suis sûre que même ma mère, en pensant au bénéfice que lui apporterait ma mort, ne me retiendrait pas plus que ça, alors un inconnu. Pourtant, je ne peux me retenir d’écouter les paroles, c’est plus fort que moi. Et plus les mots s’envolent, moins j’ai l’impression que c’est un hasard. ChaineDésespoir Debout sur ce pont… Ces quelques mots s’imprègnent dans mon esprit, le marquant au fer rouge. Pourquoi chante-t-il tout cela ? Je lève les yeux de l’eau sombre pour chercher du regard d’où vient la voix. Je ne mets pas bien longtemps pour tomber sur un homme, assis sur les berges de la rivière. Un long frisson parcourt mon échine alors que je croise son regard si… Particulier. Peut-être un peu flippant au premier abord, mais si différent de tous ceux que j’ai pu croiser dans ma vie. Les dernières notes résonnent dans l’air et la pluie s’est arrêtée, comme par magie. Je n’entends plus que les battements sourds de mon cœur et le bruit de la rivière qui coule sous le pont. Je déglutis. Tout doucement, je pose mon talon droit sur l’une des barres en fer, puis le deuxième et me hisse sur le pont. A peine mes pieds ont-ils touché la terre ferme que j’attrape mes chaussures pour me diriger vers les escaliers. Hors de question qu’il s’en aille avant que je ne lui ai parlé !

Je descends les marches en pierre rapidement, me tenant à la rampe pour éviter de glisser et de tomber. Je saute la dernière marche et en quelques enjambées je suis devant lui. Je peux mieux le voir maintenant qu’il est à quelques mètres de moi. De courtes boucles blondes, un visage aux traits fins et des yeux d’un bleu… A vous en couper le souffle. Je baisse les yeux pour regarder mes pieds nus, ma main droite se posant sur mon bras gauche. Je suis soudainement gênée devant cet homme qui m’a empêchée de me jeter du pont. Je me mords l’intérieur des joues quelques secondes avant de relever les yeux. « Euhm… Pourquoi vous… Pourquoi m’empêcher de sauter ? » Je soupire, cette question est vraiment stupide et je le sais parfaitement. Je m’assieds à côté de lui, les jambes au dessus de l’eau dans laquelle je serais entrain de me noyer sans l’intervention de cet homme. Je ne le connais pas, ne l’ai même jamais vu de ma vie et pourtant je viens de m’asseoir juste à côté. Je ne sais pas, il m’inspire confiance, il y a quelque chose dans son regard qui ne me laisse pas indifférente. Je regarde mon reflet dans l’eau. Si ma mère me voyait, pour sûr qu’elle criserait ! Un sourire s’esquisse sur mes lèvres, je jubile intérieurement. Je tourne la tête pour poser mes yeux sur l’homme. « Je m’appelle Wendy. Et toi ? »

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Octave L. Francœur
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MessageSujet: Re: Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave   Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave EmptyMar 4 Sep - 23:22

Je ne la quitte pas des yeux une seconde. Je sens que si le contact est rompu, les accords se briseront, je ne trouverai plus mes mots, la mélodie m’échappera. Si elle ne me regarde pas, ce n’est pas grave. Tant qu’elle ne saute pas. Pourtant, je crois voir qu’elle me cherche. Non, pas moi. Elle cherche la source de la musique. Elle ne sait pas encore que c’est moi. Il se passe plusieurs mesures avant que son regard ne croise le mien, bien des mesures. Le contact est électrisant, et mes accords s’en ressentent alors. Je ne crois pas avoir encore connu un flot aussi intense dans ma musique. Mes doigts glissent sur les cordes sans que je les guide, et les mots s’échappent de mes lèvres avant que je ne puisse y penser. Je ne suis plus très sûr, lorsqu’arrivent les derniers vers, s’ils s’adressent à elle ou à moi.

Lorsque la dernière note a cessé de résonner dans les airs, je baisse enfin les yeux, fixant mon regard sur les flots qui sont calmes, maintenant que la pluie s’est arrêtée. Je suis trempé. Je m’en fiche. Je relève les yeux ; elle n’est plus à son poste, mais je vois sa silhouette se découper par intermittence dans la lueur des réverbères le long du pont. Et, bientôt, le son de ses pas, sur les marches de l’escalier dans mon dos, résonne en un rythme saccadé que je suis en tapant du plat de la main sur la pierre froide et humide du quai. Chose improbable, je me retourne et l’observe s’approcher, plantant mon regard dans le sien. Elle le soutien, et ce que j’y lis, je ne le reconnais pas. Je ne pense pas avoir vu cela avant, dans des yeux posés sur les miens. Je ne la comprends pas, pas cette fois, mais ce n’est pas grave. Cette incompréhension, contrairement à tant d’autre, m’est intéressante, intrigante, fertile. Lorsqu’elle baisse les yeux, je vois déjà de nouvelles notes, de nouveaux vers, se superposer à son image, dansant sur son corps comme l’ombre chinoise d’une partition.

Je me détourne, fixant un point dans le vide, quelque part sur les flots, alors que mes mains cherchent les accords sans les jouer et que mes lèvres articulent les mots silencieusement. Je ne bronche pas lorsqu’elle s’adresse à moi pour m’interroger sur mes motivations. Continuer à faire ce que je fais est encore le meilleur moyen de lui répondre. Mais comprendra-t-elle ? En revanche, je ne m’attendais pas à ce qu’elle s’assoie à côté de moi, et cette fois-ci, mes mains se figent et se crispent sur ma guitare. Mais cela ne dure qu’une fraction de seconde avant que je ne reprenne mon manège. De temps en temps, je me tourne vers elle, fixant ses yeux afin qu’elle m’insuffle l’inspiration qui me fait défaut. Mais pas une seule fois, un son ne s’élève de l’instrument ou ne s’échappe de mes lèvres. Pas encore, ce n’est pas terminé. C’est alors que mon regard croise celui de son reflet, et je la vois sourire. C’est bon, c’est terminé. Mais cette chanson-là, je la garde pour moi, du moins pour l’instant. Alors, mes mains s’immobilisent et ma bouche se clôt. C’est ce moment que choisit la sienne pour prononcer des paroles. Elle me dit d’abord son prénom avant de me demander le mien. Je la regarde du coin de l’œil. Je ne ressens pas la flemme de lui répondre. Non, j’ai même envie de lui répondre, à Wendy. Alors, je me tourne vers elle, m’asseyant en tailleur sur le sol, je plante mes yeux dans les siens, et je joue une octave sur ma guitare. Devant son air perplexe, j’en refais une, puis deux. Trois quatre cinq six sept. Je lui fais toute la gamme de la mineur, ma préférée, en octave. Mais elle ne réagit pas. Elle ne connait pas la musique. D’habitude, j’aurais certainement pensé que je m’en fiche. Mais là, ça me chiffonne. J’aimerais bien qu’elle sache mon prénom. C’est comme ça. Je pourrais le lui dire, c’est vrai, mais je ne le veux pas. Il va falloir que je trouve quelques vers pour le chanter, je ne vois que cela. J’agrippe de nouveau ma guitare, et je cherche. C’est alors qu’elle se lève et s’éloigne. Je bondis sur mes pieds, l’observant disparaître dans l’ombre du pont. Ah, mais non ! Comment veut-elle que je trouve mes accords si elle s’en va ! Pas d’accord ! Pour le lui faire savoir, j’en joue un faux. Il me vrille les tympans. Mais je continue, les traits de mon visage se contractant sous le mécontentement provoqué autant par la situation que par les sons disgracieux qui agacent mes oreilles. Reviens ici, toi ! Je ne vais quand même pas devoir te courir après !


Dernière édition par Octave L. Francœur le Jeu 6 Sep - 23:16, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave   Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave EmptyMer 5 Sep - 0:41



✖Octave & Wendy✖
« When you try your best but you don't succeed,
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When you feel so tired, but you can't sleep. » Coldplay, Fix you

Mes jambes se balancent au dessus de l’eau tumultueuse. Je les regarde tout en jetant des coups d’œil à mon reflet, avec mes cheveux mouillés et ma robe qui me collent à la peau, je suis belle tiens ! Cela m’est un peu égal, après tout, je ne le connais pas, celui qui est assis à côté de moi. Je suis très certainement folle de rester ici avec ce sombre inconnu que j’ai rencontré il y a à peine quelques minutes. Mais il vient tout de même de me sauver la vie en quelque sorte, et il n’a pas l’air méchant, quelqu’un qui chante de tels mots ne peut être méchant, ni même dangereux. Je passe une main dans mes cheveux pour remettre une mèche derrière mon oreille avant de lever la tête vers le ciel. Il est noir comme l’encre de chine, les nuages cachent les étoiles ainsi que la lune, qui apparait de temps en temps, voilée. J’attends que l’homme assis à côté de moi daigne me répondre, que lui aussi se présente. Mais il ne dit rien, tout comme il n’a pas répondu à ma question. Sûrement parce qu’il n’y a rien à dire, il a juste eu pitié de la pauvre fille que je suis et voilà tout. Enfin, si c’était le cas, il m’aurait hurlé de ne pas faire ça, et n’aurait pas chanté. Je sens du mouvement à côté de moi, je tourne la tête à temps pour voir l’homme s’asseoir en tailleur face à moi. Je fronce les sourcils, pourquoi ne veut-il pas me répondre ? Je suis indigne de son intérêt c’est cela ? Et puis, c’est mal élevé de ne pas répondre ! Ne le lui a-t-on pas appris ? Et le voilà qui rejoue de sa guitare ! Pourquoi me fixe-t-il ainsi ? Le voilà qui recommence, toujours avec son regard insistant. Attendez… Essaierait-il de communiquer avec moi ? Je le regarde avec une moue perplexe, il tente de me dire son prénom en jouant de la guitare ? Quel genre d’homme est-il ? Et ce n’est pas comme s’il était muet, je l’ai bien entendu chanter ! Hélas, je n’y connais absolument rien en musique, cela ne m’a jamais vraiment intéressé, et je n’ai de toute façon pas le temps pour. Il semble chiffonner, tu m’étonnes. S’il parlait comme tout le monde, cela serait bien plus simple ! Il est vraiment étrange et sa « bizarrerie » au lieu de m’exaspérer ou de me faire peur, me fascine. Oui, il est fascinant à sa manière.

Mon regard quitte le sien pour se poser derrière lui, vers le pont. Quelque chose attire mon regard, la lumière s’y reflète légèrement. On dirait une boite… Une toute petite boite… Je me lève et contourne l’homme pour me diriger vers le pont. Je m’avance d’un pas rapide, me courbant légèrement pour éviter de me cogner la tête. Je vois enfin la petite boite, elle est en carton blanc. Je tends ma main pour la ramasser, je l’ouvre. A l’intérieur, des craies de toutes les couleurs. On dirait qu’elle a été posée ici pour moi, qu’elle m’attendait. J’esquisse un sourire alors que de fausses notes me parviennent. Je grimace légèrement, que fait-il ? Je me retourne prenant la direction d’où viennent les notes. Je regarde l’homme qui est maintenant debout, je fronce les sourcils. « Que fais-tu ? Tu n’es pas obligé de faire un pareil raffut ! » Je lève les yeux au ciel puis reviens à ma place, au bord de l’eau. Mais au lieu de m’asseoir les jambes au dessus du vide, je m’agenouille sur le bitume, dos à l’eau. J’attrape une craie blanche entre mon pouce et mon index avec délicatesse. Je la casse en deux, elle sera bien plus facile à manier. « Tu es un bien étrange garçon. D'ailleurs, vu que je ne comprends pas ton prénom, je vais t'appeler Harrison, comme l'un des Beatles. » Je pose le bout de la craie sur le goudron, commençant à tracer une légère courbe. Elle remonte, un creux ici, redescend et s’arrête. Je réitère la même chose de l’autre côté. Du bout de mes doigts, j’estompe certains traits, j’étale la craie blanche. Je me redresse pour voir le résultat. « Euhm, il est pas mal le papillon non ? Mais il manque de couleur. Tu ne crois pas ? » J’ouvre la boite pour verser les craies sur le sol, je les regarde. « Mais laquelle ? Ou lesquelles ? » Je lève les yeux vers lui. Je sais qu’il ne me répondra pas, je l’ai bien compris. « Du bleu, oui du bleu ce sera bien ! » Je prends la craie bleue, rajoute un large trait des deux côtés du corps du papillon avant d’étaler avec mes doigts. Un peu de noir, je rajoute des motifs sur les ailes du papillon, quelques spirales, une ou deux arabesques. Je me lève afin de mieux observer le résultat. « C’est pas mal du tout même ! Mais il est un peu seul. » Je regarde. « Je sais que tu ne vas pas me répondre. » Je saute de l’autre côté de mon dessin et me remets à genoux avec la craie blanche en main. « Tu es un garçon vraiment bizarre. Mais ne le prends pas mal. Tu es étrange mais pas dans le sens péjoratif. Tu me changes des gens que je suis forcée de fréquenter. J’aime bien. » Je souris commençant à dessiner la silhouette d’une personne. « Si ma mère me voyait… Elle m’étriperait ! » Dis-je en jubilant rien qu’à l’idée de rendre ma mère folle de rage. « Oh… Mais je ne t’ai même pas dit… » Je lève la tête, ancrant mon regard dans le sien. « Merci. De m’avoir empêché de sauter tout à l’heure. » Je m’approche de lui et dépose un furtif baiser sur sa joue avant de revenir à mon dessin.

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MessageSujet: Re: Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave   Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave EmptyMer 5 Sep - 17:04

Je n’ai pas l’habitude de courir après les gens, mais si j’ai envie de le faire, alors je n’hésiterai pas. Pourtant la nécessité ne se présente pas, car elle revient, me faisant savoir que je n’ai pas à faire tant de bruit. Ça, je ne sais pas. C’est vrai qu’elle est revenue, mais est-ce que c’est parce qu’elle a compris que je n’étais pas d’accord avec le fait qu’elle s’en aille, ou parce qu’elle n’avait pas l’intention de s’en aller en réalité ? J’arrête donc mon boucan, et j’observe son faciès, ses sourcils froncés, ses yeux au ciel. Je l’imite, rajoutant à cette mimique un retroussement de ma lèvre inférieure, une petite moue que je tiens de ma sœur et qui ne m’a jamais quitté depuis toutes ces années. Mais je ne sais pas si elle m’a vu, car elle s’est baissée pour se rassoir sur le sol. Curieux, je m’approche, et me penche pour regarder ce qu’elle trame. C’est n’est qu’alors que je remarque la boîte qu’elle tient dans ses mains, je n’y avais pas fait attention auparavant. Je reste ainsi immobile, légèrement courbé, ma guitare que je tiens par le manche pendant à mon côté, jusqu’à ce qu’elle prenne la parole :
« Tu es un bien étrange garçon. »
Il paraît. Moi je trouve plutôt que ce sont les autres gens qui sont bizarres, et que moi, je suis parfaitement normal. Mais que ce soit dans un sens ou dans l’autre, après tout, ça m’est bien égal.
« D'ailleurs, vu que je ne comprends pas ton prénom, je vais t'appeler Harrison, comme l'un des Beatles. »
Contre toute attente, cette déclaration me fait sourire. Mieux, elle me fait rire. Silencieusement, c’est vrai, mais rire tout de même. J’aime bien les Beatles, et j’aime bien George. Je ne suis pas mécontent de son choix, ça ira très bien, en attendant. Guilleret, je saute sur une rambarde et m’y assois en équilibre, reprenant aussitôt ma guitare en main, une composition de mon désormais homonyme me venant tout naturellement en tête.

Spoiler:

Je chantonne cet air, miroir de mon état d’esprit, tout en la regardant dessiner. Elle me parle, aussi. Mais je sais qu’elle n’attend pas de réponse, je n’ai pas besoin qu’elle me le précise. Si elle a besoin de ça, de parler, alors je veux bien la laisser faire. Elle me laisse bien jouer, elle. Je m’amuse de voir ses traits de craie se synchroniser avec mes arpèges. Cela donnerait presque envie à mes doigts de s’aventurer en modulation, hors de la partition originelle. Mais l’idée est flippante. Ce n’est pas quelque chose que je fais habituellement ; non, c’est même quelque chose que je n’ai jamais fait. Il ne me semble pas juste de dévier du message que le compositeur a voulu faire passer. Je n’aimerais pas qu’on me fasse ça, à moi. Et pourtant, pour la première fois, il me vient à l’esprit qu’une note en plus, une note en moins, par-ci par-là, n’abîmerait pas nécessairement la musique, mais pourrait la transformer, l’enrichir, la personnaliser. Tout comme elle regarde son dessin de départ, et cherche à y rajouter des ornements, je prends finalement le risque de jouer la toute dernière mesure à ma façon. Un étrange et puissant frisson remonte le long de mon échine alors que je comprends que, en vingt-cinq ans de musique, je m’étais posé des interdits bien idiots. L’impression de liberté est bien plus traîtresse que jamais. Je pensais communiquer avec des compositeurs des anciens temps en respectant leur partition à la note, mais le discours n’était qu’à sens unique. Ils n’attendaient que je leur réponde, à ma façon, alors que je ne faisais que hocher la tête comme un singe mécanique. Tu parles d’une créativité !

Perplexe, je m’appuie le menton contre le corps de la guitare, tout en observant Wendy s’attaquer à son deuxième dessin. Mais ce ne sont pas les traits de craie que j’observe ; ce sont ceux de son visage, intensément et sans pudeur. Et je me demande : qu’est-ce que c’est que cette créature, qui inspire ma création ? Non, c’est plus que ça. Elle la dirige, sans même rien faire. Juste parce qu’elle est là. Je sens mon visage se crisper sous la réflexion. Bordel. Elle influe même sur mes expressions, pourtant si rares à se manifester.
Je sursaute lorsque son regard se lève soudain vers moi et qu’elle me dit ;
« Merci. De m’avoir empêchée de sauter tout à l’heure. »
Je manque de me casser la tronche de ma rambarde et de me retrouver la tête en bas à faire le cochon pendu. Je me rattrape tant bien que mal, d’une main, l’autre retenant ma guitare afin de l’empêcher de glisser de mes genoux. Lorsque je me redresse, elle se tient devant moi. Mes yeux s’ancrent aux siens. Mais avant que j’ai le temps d’essayer d’analyser la situation, elle pose ses lèvres sur ma joue. Mon corps se fige à l’extérieur, mais à l’intérieur, il bout. Mon sang bat puissamment à mes tempes, m’assourdissant ; une goutte de sueur perle dans ma nuque ; un frisson me parcourt des pieds à la tête ; ma température monte en flèche. Qu’est-ce que c’est que ça ? De la peur ? En tous cas, ça y ressemble. Mais il y a une légère subtilité que je n’arrive pas à identifier.
Au-delà de ça, je suis perplexe quant à son geste. Bien sûr, on m’a déjà embrassé sur la joue… et même ailleurs. Mais jamais en tant que remerciement, du moins, pas que je me souvienne. Car c’est bien ce dont il s’agit, n’est-ce pas ? Alors dans ce cas, je crois que moi aussi je devrais la remercier, tout simplement car j’ai compris qu’en quelques minutes, sans rien faire, juste en étant ce qu’elle est, là et maintenant, elle m’a apporté quelque chose que je ne pouvais même pas imaginer jusqu’à aujourd’hui. Ce n’est pas souvent qu’un être peut se targuer non seulement d’avoir de l’importance dans ma vie, mais qu’en plus je puisse arriver à le comprendre aussi rapidement. Je crois avoir saisi ce dont les gens parlent lorsqu’ils évoquent les Muses.
Je saute à bas de la rambarde, m’agenouille à ses côtés, et effleure sa main de la mienne afin qu’elle relève la tête. Alors, je lui rends son geste et son remerciement, à sa façon. Mais pour bien lui indiquer que ce n’est pas qu’un vulgaire mime, je prends ma guitare, et non seulement je la remercie, à ma façon, mais je lui dis, aussi, pourquoi.

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MessageSujet: Re: Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave   Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave EmptyJeu 6 Sep - 13:14



✖Octave & Wendy✖
« When you try your best but you don't succeed,
When you get what you want, but not what you need,
When you feel so tired, but you can't sleep. » Coldplay, Fix you

De nouveau penchée au dessus du goudron, ma craie continue de tracer les contours de la silhouette masculine. C’est bien la première fois que je fais ça, dessiner sur le sol avec des craies. Bien des enfants l’ont sûrement déjà fait, ne serait-ce que pour tracer une marelle. Mais je n’ai jamais joué à la marelle, j’étais trop occupée à suivre ma mère à droite et à gauche pour m’amuser. C’est fou tout ce que j’ai pu louper dans mon enfance par sa faute. Je souffle sur le dessin pour retirer l’excédant de craie. Je suis si concentrée et focalisée sur ce que je fais, que je ne me rends même pas compte qu’Harrison donc, a quitté sa rambarde. Et ce n’est que lorsque sa main effleure la mienne, que je relève brusquement la tête en sursautant légèrement et quand ses lèvres se posent sur ma joue… Je ressens un violent frisson qui électrise tout mon corps. Plus violent encore que lorsque j’ai croisé son regard pour la première fois. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine et je sens mes joues s’empourprer violemment. Vite, je baisse la tête cachant mon visage de mes cheveux pour éviter de montrer mon trouble. Cela ne m’est jamais arrivé avant, d’être aussi troublée juste pour un petit baiser sur la joue. Allons Wendy, reprends-toi ! Tu es pourtant habituée à ne rien laisser transparaitre sur ton visage, tu feins des émotions tous les jours ! Et là, tu n’arrives même pas à garder ton calme devant lui ! Ce que tu peux être faible parfois ! Je prends une légère inspiration pour mettre fin à mes pensées désordonnées. Je relève la tête au moment où il empoigne de nouveau sa guitare, il semble bien décidé à chanter de nouveau. J’esquisse un sourire, cela ne me déplaît pas, sa façon de communiquer. Au moins il n’use pas à tord et à travers de la parole. Alors je reprends mon dessin, attrapant une craie bleu foncée pour pouvoir obscurcir le blanc de la veste de la silhouette. En même temps, j’écoute la chanson d’Harrison et plus ça va, plus je me sens… Inspirée.

J’attrape une nouvelle craie, bientôt les contours d’une guitare apparaissent. Je lève de temps à autre les yeux pour regarder Harrison, observant son instrument avec attention. Je ne cherche pas à la représenter avec exactitude, cela prendrait trop de temps et avec seulement des craies ça risque surtout d’être compliqué. On voit bien qu’elle a vécu, elle n’est plus toute neuve et si je dois reproduire toutes les écritures, tâches ou autre, je vais y passer la nuit. Je fouille parmi les craies à la recherche du beige, je me retiens de râler, où est-elle donc ? J’attrape la boite, la craie est là, tout au fond, et brisée en plusieurs morceaux. Peu importe. J’étale la couleur à l’intérieur de la guitare, je rajoute quelques détails comme les cordes, les clefs et des ombres. Je termine le premier personnage en ajoutant des cheveux blonds puis quelques traits du visage. Je me redresse sur mes genoux pour regarder le résultat mais je ne me m’attarde pas, je passe à autre chose, à une autre silhouette. Les contours d’une robe, des pieds nus, des cheveux bruns, il ne faut pas être un génie pour deviner qu’il s’agit de moi. Je ne reste guère longtemps sur mon dessin. Je me lève et saute de l’autre côté des personnages, craie blanche en main. Je me remets à genou pour dessiner les contours du pont qui est juste à côté de nous. Je me relève une nouvelle fois pour pouvoir étaler avec l’aide d’un de mes pieds, pour aller plus vite. J’ignore combien de temps je passe à dessiner sur le goudron mais j’ai l’impression que cela ne dure que quelques minutes, en tout cas, trop peu longtemps à mon goût.

Je regarde mes mains, elles sont de toutes les couleurs. Je me tourne vers Harrison avec un grand sourire sur les lèvres tout en m’approchant pour lui foutre de la craie sur son nez et ses bras. « Je me sens moins seule comme ça ! » Je ris puis m’approche de la rambarde la plus proche pour grimper dessus afin d’être un peu en hauteur. Mon regard se pose sur le guitariste, je lui fais signe de venir. « Allé pose ta guitare. Juste deux minutes, elle ne va pas s’envoler va ! » Il finit par s’exécuter, je tends ma main pour l’aider à grimper et je regarde le dessin. « Euhm… On n’est pas assez haut… » Mon regard dévie sur le pont au dessus de nous, mais bien sûr ! Je saute sur mes pieds. « Viens ! » Je monte les escaliers en courant, tenant la main d’Harrison pour qu’il me suive. Je m’accoude à la barrière du pont, posant mes coudes sur le métal froid pour regarder mon dessin d’en haut. J’y ai passé un bon moment, mais le résultat en vaut la peine. Seuls les personnages et le papillon ont des couleurs, le décor qui les entoure est gris, comme les immeubles qui se dressent autour de nous. Mais ce n’est pas bien important, car l’œil est attiré par les ailes colorés du papillon, par quelques notes de musique qui le suivent, on en oublie le côté triste et morne du paysage. J’esquisse un sourire. Je sens dans mon dos que le jour commence à se lever. Déjà ? Ce n’est pas possible, je viens juste d’arriver ! Je me tourne pour voir le soleil qui commence à poindre dans l’horizon. J’ai l’impression que mon cœur se serre, il faut que je rentre. Un léger soupir m’échappe. « Je ne veux pas rentrer… » Murmuré-je en reposant mon regard sur le dessin. Mes doigts effleurent ma bague au doigt, je la regarde puis la fais glisser dans ma main avant de la jeter de toutes mes forces dans l’eau. Je dois préserver les apparences non ? Je retire mon collier, lui aussi je le balance et mes chaussures à deux milles dollars les rejoignent. Tout cela me fait sourire, je jubile même ! Je déchire quelques pans de ma robe, comme ça ils penseront tous que j’ai été agressée. Cela plaira à ma mère comme excuse, ça fera vendre son magasine.

Une fois ma robe déchirée et mes effets personnels éparpillés, je pose mon regard sur Harrison avec un léger sourire. « Je… J’ai été heureuse de faire ta connaissance. » Je m’approche de lui pour déposer un baiser sur sa joue. « Au revoir Harrison… Et merci. » Un dernier sourire et je file. J’ai repéré un poste de police à quelques rues, je sais qu’ils me ramèneront à la maison rapidement. Et dans le véhicule qui me reconduit chez mes parents, la tête appuyée contre la vitre, je repense à cette nuit, qui a été, la plus belle de mon existence.

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MessageSujet: Re: Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave   Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave EmptyVen 7 Sep - 1:05

Sans jamais cesser de jouer, je garde les yeux rivés sur les traits qu’elle exécute. De là où je suis, je ne vois pas tout à fait ce qu’elle dessine, mais ce n’est pas grave. Le mouvement et les couleurs seuls arrivent déjà à me parler. Qu’est-ce que sera lorsque ce sera fini ! Je ne pensais pas pouvoir être ainsi fasciné par quelque chose d’autre que la musique. Je n’avais jamais considéré le dessin comme moyen d’expression, non parce que je trouvais cela trivial, comme la parole, mais tout simplement parce que je suis toujours parti du principe que je ne savais pas dessiner. En même temps, quand on refuse même d’essayer… Mais je me rends compte que ce n’est pas quelque chose à quoi je suis imperméable. Ou peut-être cela me touche uniquement parce que c’est elle. Allez savoir. Quoiqu’il en soit, je ne peux m’arrêter de jouer, et de chanter. J’improvise, je reprends des compositions personnelles, ou celles d’autres artistes, m’aventurant alors un peu plus dans l’interprétation personnelle, la modulation, la variation. Plus ça va, et plus je prends confiance en moi. Bientôt, je n’y penserai même plus.
Je ne sais pas s’il s’écoule cinq minutes, ou cinq heures. Mais lorsqu’elle cesse de dessiner, comme une évidence, j’arrive tout juste aux derniers accords de mon dernier morceau. J’abaisse mes paupières et écoute les dernières vibrations se réverbérer sur chaque paroi se mettant sur leur chemin, jusqu’à ce qu’elles s’évanouissent tout à fait. Lorsqu’enfin je rouvre les yeux, c’est pour trouver ceux de Wendy, plantés dans les miens. Aussitôt, mes doigts me démangent à nouveau ; mais elle s’approche de moi et me peinturlure de craie. Je penche légèrement la tête sur le côté, perplexe, l’odeur de la craie me chatouillant le nez et menaçant de me faire éternuer. Elle me demande alors de poser ma guitare. Je me fige. Elle insiste. Je tique. Il me prend une envie bien étrange : celle d’obéir, même si je ne suis pas exactement d’accord. Mais si je suis d’accord pour faire quelque chose dont je n’ai pas envie… Alors, est-ce que ça veut dire que j’en ai quand même envie ? Ou alors, tout simplement, peut-être que l’idée de faire des concessions n’est pas aussi rebutante qu’elle en a l’air, quand vous avez une bonne raison à la clé… ou que c’est la bonne personne qui le demande. Alors, après un court temps d’hésitation, je bondis au pied de ma rambarde, et me résigne même à abandonner ma guitare, la déposant délicatement sur le sol, comme on mettrait un enfant au lit. Je rejoins alors Wendy, fixant la main qu’elle me tend pendant quelques secondes avant de la prendre pour m’aider à grimper sur son perchoir improvisé. Une fois là-haut, je tangue, ma grande taille ne m’aidant en rien à équilibrer mon centre de gravité, contrairement à elle. Heureusement, mes mains virevoltant dans les airs trouvent le corps d’un lampadaire auquel je m’accroche. C’est juste alors que je viens de sécuriser ma position que Wendy saute à bas de la rambarde, déclarant que non, ça ne va pas. Je me frappe le front contre le lampadaire dans un ‘boc’ sourd et pousse un soupir. Tout ça pour ça… Elle mériterait que je reprenne ma guitare et que j’aille bouder dans mon coin, tiens ! … Alors pourquoi je la suis comme un gentil petit toutou, sans rien dire ? … Oui, bon, quoiqu’il en soit, je n’aurais rien dit, certes. Mais pour le même prix, j’aurais pu rester planté là, figé, regardant dans le vide ; ma façon de bouder et de protester. Et pourtant, je cours à ses côtés, ma main dans la sienne, ne cherchant même pas à protester d’une quelconque façon.
Une fois arrivés en haut, elle s’accoude sur la rambarde. Je l’imite, l’observant. Voyant son regard dirigé sur l’endroit où nous nous trouvions quelques secondes plus tôt, je fais donc de même. Et lorsque mes yeux se posent sur le dessin, ma respiration se coupe, et même mon cœur semble cesser de battre. Ce ne sont que des traits de craie, une représentation de fortune, mais ce qu’ils me racontent, à moi, m’emplit d’une douce chaleur. Je prends alors conscience que je suis en train de sourire, je ne sais pas depuis quand. Je n’ai donc pas décidé de sourire, le sourire m’est venu de lui-même. C’est à la fois flippant, et diablement excitant. Je détourne mon regard du dessin pour le poser sur Wendy. Dis, tu n’es pas humaine, pas vrai ? Tu es vraiment une Muse, une déesse. Comment expliquer ton pouvoir autrement ?
Lorsqu’elle se redresse, se tournant pour faire face au soleil levant, je l’imite. Je garde mon regard fixé sur l’horizon lorsqu’elle soupire. Mais lorsqu’elle parle, je tourne mon visage vers elle.
« Je ne veux pas rentrer… »
Rentrer ? Rentrer où ? D’où tu viens ? De là-bas ? C’est le soleil qui vient te rechercher, comme c’est lui qui m’a guidé vers toi ? Mais moi non plus, je ne veux pas que tu rentres, pas que tu partes.
J’esquisse un mouvement pour prendre sa main, mais je ne suis pas même à mi-chemin que le geste qu’elle a me fige. Perplexe, je l’observe retirer la bague qu’elle porte à l’annulaire. Je fronce les sourcils, ne prenant même pas garde à ce qu’elle fait ensuite. Ce genre de bague, je le connais. J’en ai vu une au doigt d’Abi, je sais ce que cela veut dire. Cela m’avait laissé de marbre. Alors pourquoi, là, cela ne me plaît pas, mais alors pas du tout ? Je fixe du regard le point où l’objet a disparu dans l’eau. Cela m’apaise quelque peu, mais il subsiste en moi une désagréable et incompréhensible amertume. Je ne sors de ma transe que lorsque Wendy s’adresse à moi.
« Je… J’ai été heureuse de faire ta connaissance. »
Heureuse ? Cela me fait sourire, cela me rend heureux, moi aussi. Je ne sais pas pourquoi, mais je le ressens. Alors j’oublie mon amertume
« Au revoir Harrison… Et merci. »
Non, non non ! Moi c’est Octave ! Je veux que tu saches mon prénom. Attends-moi, si tu ne peux pas le deviner, alors tant pis, je veux bien le chanter, je veux bien faire ça, faire cet effort pour toi. Alors qu’elle commence à s’éloigner, je cours jusqu’au pied du pont, saisis ma guitare et me précipite en haut des escaliers. J’arrive sur le pont, essoufflé… Mais elle est partie, disparue dans la nuit. Je m’assoie sur le sol, le dos contre la rambarde, et serre ma guitare contre moi. Par-dessus mon épaule, je regarde le dessin de Wendy. Mes doigts se posent sur les cordes. Je joue une octave. Encore une. Et une troisième. Au quatrième, je laisse la deuxième note de l’intervalle en suspens, avant de finalement repartir en arpège descendant. Et je recommence. Une fois, deux fois, trois fois… Des dizaines de fois. Oc-tave, et-Wen-dy.




« Oh, gamin ? Gamin ! … OCTAVE ! »
Je me réveille en sursaut, les yeux et le visage bouffi, la bouche pâteuse, ne comprenant plus rien à la vie.
« Dire que tu pètes pas un son de la journée, mais quand tu dors, qu’est-ce que tu ronfles ! »
De… quoi ?
« Je te signale que t’es censé être sur scène dans une demie heure. À quoi tu joues, au juste ? »
Argh ! Mais qu’il arrête de crier ! J’enfouis ma tête sous mon oreiller, mais Uncle Bob me secoue, son pied sur mes côtes.
« Mais qu’est-ce que tu fous, bordel ? »
Maintenant, plus rien… Mais il y a quelques secondes encore, j’étais en train de rêver.
« Qu’est-ce que t’as branlé la nuit dernière ? T’étais où ? T’es rentré quand ? »
Un long soupir s’échappe de sous mon oreiller. C’est bientôt fini l’interrogatoire ?
« Comme si t’allais me répondre, de toute façon… »
Bah, ça…
« C’est la première fois que je te vois découcher… Ça a l’air d’avoir été intense, j’me trompe ? »
J’ai mal à la tête…
« Peu importe. Je n’veux pas l’savoir ! En revanche, je te veux sur scène dans… vingt-quatre minutes. Compris ? »
Je pousse un nouveau long soupir, avant de secouer la tête, faisant remuer mon oreiller en signe d’acquiescement.
« Bien, gamin. »
Je l’entends se diriger vers la porte, mais il trébuche sur un objet qui roule sur le sol avec un bruit qui me vrille les tympans.
« Put… AH ! C’est là qu’elle était passée, ma bouteille de vodka disparue ! »
C’est donc ça, le mal de crâne…
« J’ai pas fini d’en voir, avec toi… »
Il claque la porte, et le bruit est comme un marteau piqueur me défonçant la tête. La prochaine fois que j’arriverai pas à dormir, j’éviterai l’auto médication, je crois… Je m’extirpe finalement de dessous mon oreiller et ouvre les yeux, regardant par la fenêtre. Le ciel est noir. Il fait nuit.
C’est alors que je cogite. Bon sang ! Je vais être en retard !
Je bondis hors du lit, m’habille en vitesse, choppe ma guitare et file au sous-sol. J’arrive donc avec dix-neuf minutes d’avance. Je n’attends pas qu’il soit l’heure, et, ravalant les effets de la gueule de bois, je commence tout de suite à jouer et à chanter. Mais pas comme d’habitude. Ce soir, le tempo est deux fois plus rapide. Cela veut dire que je passerais deux fois moins de temps ici.
Lorsque j’ai terminé, je bondis au pied de la scène, ignorant complètement les regards de surprises des gens dans la salle, et les interrogations et protestations d’Uncle Bob et Abi. Je fends la foule et disparais dans les escaliers, arrivant bientôt dans la rue.
Bien sûr, le soleil est couché. Mais je me souviens du chemin. Je cours, guitare à la main, reproduisant le même parcours que la veille et, bientôt, la silhouette du pont se dessine au loin. J’accélère. J’y suis. Mon regard scanne tout le long du pont, personne. Alors je me penche par-dessus la rambarde. Personne. Mais le dessin est toujours là. Je descends les escaliers, scrute les environs, même le dessous du pont, malgré le malaise que cela m’inspire. Personne. Il est peut-être trop tôt ? Alors, je m’assois en tailleur sur le sol, la guitare sur les genoux, fixant le dessin. Je positionne mes mains sur l’instrument, et tente d’improviser comme je l’ai fait la veille. Mais ni les notes, ni les mots ne viennent. Je persiste pendant de longues minutes, mais je finis par abandonner. Les traits de mon visage se crispent sous la frustration, et ma bouche s’ouvre dans un cri de rage muet. Je me lève et, brandissant ma guitare par-dessus ma tête, m’approche du bord de l’eau. Mais je me fige, mon regard se posant sur le papillon. Mes bras s’abaissent, et je me rassois, apaisé. Je reprends la guitare contre moi, et mes doigts glissent sur les cordes avec mélancolie. Oc-tave, et-Wen-dy




Le lendemain, je rentre encore après le lever du jour. Encore une fois, parce que je n’arrive pas à dormir, je me descends une demie bouteille de vodka pour m’assommer. Une fois la nuit tombée, c’est encore Uncle Bob qui vient me tirer du lit. Et une fois sur scène, quelques minutes plus tard, je joue encore deux fois plus rapidement, avant de tirer ma révérence sans demander mon reste, direction le pont sur la rivière.
Je répète ce manège chaque jour, malgré les remontrances d’Uncle Bob, plus virulentes et sérieuses à chaque fois. Il faut dire que les choses empirent graduellement. Non seulement je joue plus vite, mais aussi moins bien. Étant frustré par mon manque d’inspiration, mon jeu et mon interprétation s’en ressentent, et il n’est bien sûr même pas question de composer, c’est tout simplement impossible. Uncle Bob me menace de me foutre à la porte, disant qu’il peut bien se passer d’un musicien de pacotille qui laisse tout tomber pour une fille, car « ouais hein, me prends pas pour un con, je sais qu’il y a une fille là-dessous ! » Abi vient arrondir les angles, me disant que la colère lui fait dire des choses qu’il ne pense pas, et que, quoiqu’il arrive, je suis et resterai comme un fils pour lui. Je ne suis pas sûr de tout comprendre… Et à vrai dire, je m’en contrefiche bien. Cela n’a pour moi ni intérêt, ni importance. L’important, c’est de retrouver ma Muse sur le pont. Et c’est pour ça que je m’y rends, chaque soir, pour y jouer ma mélodie : Oc-tave, et-Wen-dy.





Le cinquième soir, je suis donc fidèle à mon poste. Je n’ai toujours pas revu Wendy, et pourtant je m’acharne. Même si elle n’est pas là, venir ici me fait du bien. Je regarde son dessin, et je me sens un peu apaisé. Pourtant, je n’arrive toujours pas à composer, pas même à esquisser quelques mesures incomplètes, par-ci par-là. Qu’est-ce que je vais devenir, si ça continue comme ça ? Vais-je devoir dire adieu à la musique ? Pourquoi me fait-elle défaut, pourquoi ? Comment vais-je pouvoir communiquer, si même la musique m’abandonne ? Mais plus incompréhensible encore est cette dépendance que je ressens vis-à-vis d’un autre être. Le pire est que je ne l’ai même pas choisi. Oui, j’ai choisi d’aller vers Wendy, d’établir le contact avec elle. Mais je n’ai pas choisi d’avoir besoin d’elle, et cela me perturbe au plus haut point.
Je m’apprête à reprendre ma guitare et ma litanie musicale, lorsqu’une auréole humide se dessine sur l’aile du papillon. Je lève les yeux vers le ciel ; une goutte s’écrase sur mon visage, puis deux, puis trois… Je bondis sur mes pieds. Déjà, à terre, le dessin commence à disparaître. Je m’allonge dessus pour le protéger, mais le ciel se déverse maintenant en trombe, perçant mes vêtements et s’infiltrant dessous, attaquant pernicieusement le souvenir de Wendy et le transformant en une fine boue colorée. Constatant le désastre, j’abandonne ; je roule sur le dos, fermant les yeux et laissant la pluie noyer mon visage. Je reste ainsi longtemps, immobile, avant de rouler de nouveau sur le ventre afin de me relever, m’aidant de mes mains appuyées sur le sol. D’un geste las, je ramasse ma guitare, la serre contre moi et reprends, mélancoliquement mais résolument, ma prière. Oc-tave, et-Wen-dy.
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MessageSujet: Re: Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave   Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave EmptyVen 7 Sep - 1:31



✖Octave & Wendy✖
« Don't you shiver ? Sing it loud and clear ;
I'll always be waiting for you » Coldplay, Shiver

A peine suis-je sortie de la voiture de police que ma mère débarque. Ses joues sont couvertes de larmes, elle remercie le policier presque avec dévotion, prenant ses mains en lui disant Ô combien elle était heureuse de me voir saine et sauve. Mais ça, tout ce cinéma, c’est juste pour préserver les apparences, elle doit à tout prix se faire passer pour une mère éplorée ! Car une fois que nous nous retrouvons seules dans ma chambre, elle commence à hurler. Elle me hurle dessus pendant un bon moment, elle me dit que je ne suis qu’une ingrate qui ne sait pas la chance qu’elle a, que j’ai bien failli tout faire foirer mais qu’heureusement elle est là pour réparer les dégâts et préserver le nom de mon père. Assise sur mon lit, c’est tout juste si je l’écoute. Je n’arrête pas de me passer en boucle la nuit dernière et je ne peux m’empêcher d’avoir un léger sourire sur les lèvres. Elle m’aurait giflé que je n’aurais pas réagi pour autant. Je me fous complètement de ce qu’elle me dit, et le fait d’avoir balancé une bague de fiançailles à dix milles dollars ne me touche pas vraiment. Et je sens bien que mon sourire l’exaspère d’autant plus. « Tu me rendras folle Wendy !! » C’est seulement à ce moment là que je la regarde droit dans les yeux sans pour autant dire quoi que ce soit, ce n’est pas utile. Le simple fait de ne plus baisser le regard devant elle est une nouveauté qui la déstabilise. « Prends une douche. Nous avons beaucoup de choses à faire. » Sur ce, elle sort de ma chambre pour me laisser seule. Je me dirige lentement vers ma salle de bain afin de prendre une longue douche brûlante. Avec une nuit de sommeil en moins, la journée risque d’être éprouvante, mais cela m’est égal parce que cette nuit, je ne l’oublierai jamais.

Le premier jour qui suit ma petite fugue, ma mère me surveille comme le lait sur le feu. Elle craint un nouvel éclat, de devoir trouver une excuse pour mon comportement. Et comme prévu, ma fugue passe pour un enlèvement. On vient vers moi, me plaint, me dit Ô combien cela a dû être affreux et terrifiant, et la chance que j’ai d’avoir une mère aussi dévouée qui n’a pas fermé l’œil de la nuit à cause du souci et de l’inquiétude. Je hoche de la tête, ne dis pas un mot, je serais capable de rire. Puis je sens le regard froid de ma mère dans mon dos, je sais qu’elle m’observe plus que d’ordinaire. Je joue mon rôle à la perfection, je répète les quelques phrases que ma mère m’a demandé de retenir, personne ne met en doute la véracité des propos de ma mère ou des miens. Oh non, personne n’oserait. Le soir, en regagnant ma chambre, je regarde par la fenêtre. J’aimerais pouvoir y retourner, mais qui me dit qu’il y sera, sur ce pont ? Rien. Et ma mère est trop sur le qui-vive pour tenter une nouvelle fuite. Lorsque je m’allonge dans mon lit, j’ai toujours ce petit air qu’il jouait pour décliner son identité. Cela m’agace tellement de ne pas comprendre ! Le deuxième jour, il passe comme les autres. Ni plus vite, ni plus lentement. Ma mère et ma belle-mère ont trouvé une nouvelle bague de fiançailles, bien plus belle et plus chère que l’autre. Une nouvelle soirée mortelle au milieu des bourgeoises que fréquentent ma mère, à s’extasier devant la nouvelle bague, à me plaindre encore une fois. Je supporte avec le sourire. Ne t’en fais pas maman, pas d’éclat ce soir. Encore une fois en me couchant, j’ai cet air sur les lèvres, je le fredonne en regardant mon plafond. Le troisième jour, ma mère me traîne dans les locos de son magasine, me montre les nouvelles affiches publicitaires. Elle est fière, je vais être affichée partout en ville à moitié nue. Quelle joie mère, quelle joie. Quand nous sortons de l’immeuble, la photo commence petit à petit à être affichée un peu partout. Que je déteste cela, devoir supporter mon image. Mais ma mère jubile, elle fait toujours cela, c’est sa plus grande fierté, exposer sa fille aux yeux de tous. L’attention de ma mère commence à se relâcher, elle est moins que le qui-vive. Je m’endors une nouvelle fois en murmurant l’air. Le quatrième jour, ma mère et ma belle-mère me font essayer une tonne de robes, toutes faites sur mesure. Mais pas une seule ne trouve grâce à leurs yeux. Je reste indifférente, comme toujours face à ce mariage. Je me contente de faire la poupée docile afin de faire croire à ma mère que ma petite « rébellion » n’était qu’une passade et que cela n’arrivera plus jamais. Nous passons la soirée chez mes futurs beaux-parents. Encore une fois avant de m’endormir, je fredonne toujours le même air.

Au matin du cinquième jour, je continue de fredonner. Et alors que le jour se lève à peine, je m’assieds sur le rebord de ma fenêtre, mon carnet de dessin en main. Je l’ouvre, le feuillette rapidement, et je prends appui sur mes jambes repliés pour commencer à crayonner. Je jette de temps à autre un regard distrait sur le soleil qui se lève dans le ciel, ce n’est pas lui qui m’intéresse. Les contours d’un visage commencent à apparaître, se précisent sous la pointe de mon crayon. Petit à petit, le dessin prend forme et le visage d’Harrison se concrétise sur la feuille de papier. Pourtant, un élément me chiffonne, je rage, j’arrache la page. Je recommence. Puis encore une troisième, un quatrième et même une cinquième fois. Je n’y arrive pas. Je ne parviens pas à dessiner son regard, impossible de le reproduire. A chaque fois, j’ai l’impression que ses yeux sont vides, le néant. Pourquoi ne puis-je pas y parvenir ? Je balance mon carnet loin de moi, rageuse. J’en ai marre, j’ai envie de le revoir au lieu de passer mes soirées avec ces abrutis. Je pousse un long soupir, un soupir à fendre l’âme même. C’est ce moment que choisit ma mère pour entrer dans ma chambre et elle ne cache pas sa stupeur en me voyant déjà debout. Je ne dis rien, je me contente de me lever pour poursuivre ma journée. Et elle passe lentement, extrêmement lentement. Une fois de retour à la maison en fin d’après midi, je me rends dans la cuisine en trainant des pieds. Je m’assieds sur un tabouret, posant mes coudes sur la table et mon menton sur mes mains. Carole est encore là à faire la vaisselle. Je fredonne l’air d’Harrison sans vraiment m’en rendre compte. « Pourquoi fredonnez-vous tout le temps cette octave Miss Wendy ? » Je bondis de mon tabouret. « Qu’as-tu dit Carole ? Octave ?! » Elle me regarde un peu perdue, ne comprenant pas mon excitation soudaine. Je me précipite vers elle pour la prendre dans mes bras en riant, elle ne m’a sûrement jamais vue ainsi. « Merci Carole ! » Je reprends un peu de mon sérieux pour la regarder dans les yeux. « Je vais avoir besoin de toi ce soir. »

Allongée dans mon lit, ma mère entre en robe de soirée. « Comment cela elle est malade ?Oui Madame Marlow, Miss Wendy a beaucoup de fièvre ! » En deux enjambées, ma mère est à côté de mon lit. Je suis dégoulinante de sueur, les yeux rouges, je tousse. « Comment est-ce possible ?J’ai appelé le médecin, il est hélas occupé pour venir voir Miss Wendy. » Ma mère pousse un soupir, résignée. « Bien, je peux me passer de toi pour une soirée. Tu as intérêt à être sur pieds demain. Carole, gavez-la de tout et n’importe quoi s’il le faut, mais qu’elle soit en forme demain. » Sur ce, ma mère s’en va. Je rejette brusquement mes draps sous lesquels j’étouffe. « Elle y a cru ! Elle y a cru Carole ! » Je bondis sur mes pieds pour courir dans ma salle de bain. « Je vous l’avais dit Miss Wendy ! Des bouillotes dans le lit, un peu d’oignon pour vos yeux et le tour est joué ! » Je ris en entrain dans la douche. Je fais vite, je ne veux pas perdre de temps. Wendy me tends mes vêtements, vu que je ne possède pas de vêtements « normaux », elle est allée m’en procurer. J’enfile le jean et le t-shirt rapidement, puis regarde quelques instants les chaussures, j’en ai déjà vu, de loin mais jamais d’aussi près. Je mets les Converses noires, chope la besace en lin que Carole me tend et avant de sortir, je retire ma bague de fiançailles puis nous sortons dans le jardin. « Êtes-vous sûre de vous Miss Wendy ? Vous ignorez sur qui vous pouvez tomber !Ne t’en fais pas Carole. Je serai rentrée à temps. Merci ! » Je détale le plus vite possible dans la rue, je n’ai fait ce trajet qu’une fois à pieds mais pourtant il est gravé dans ma mémoire.

Je cours à en perdre haleine, j’ai décidé de ne m’arrêter qu’une fois sur ce pont. Pour une fois, les séances de torture de ma mère servent à quelque chose. Et tout en courant, je ne peux m’empêcher de prier : « Faites qu’il y soit… Ou au moins qu’il vienne… » Quand le pont entre enfin dans mon champ de vision, je ralentis afin de reprendre mon souffle. J’y suis enfin, je le cherche du regard. Mais où est-il ? Je ressens un pincement douloureux dans ma poitrine et je m’approche de la rambarde, déçue. Je baisse les yeux et là… Mon cœur fait un bond magistrale dans ma poitrine, un sourire étend mes lèvres, il est là. Je reconnais sa silhouette. Sans un bruit, je vais vers les escaliers pour le rejoindre. Je me faufile derrière lui. Il est grand, bien plus grand que moi. Je remarque ses vêtements humides et surtout tachés de craie. Qu’a-t-il fait ? Et cette octave qu’il joue sans arrêt, accompagné d’autre chose. Mais j’ignore quoi. Je tends les bras pour poser mes mains sur les yeux du grand garçon. « Bonsoir… Octave. » Je souris, retire mes mains avant de me hisser sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur sa joue poussiéreuse. « Je suis désolée, vraiment, de ne pas avoir pu revenir… J’ai eu quelques empêchements.» Je vais m’asseoir sur le bord du quai, les jambes au dessus de l’eau. « Tu m’as attendue ? Tous les jours ? »Je tourne la tête afin de le regarder, je sais qu’il ne répondra pas, mais je n’ai pas pu m’en empêcher. Mon regard se pose de nouveau sur l’eau trouble. « Tu vois, j’ai fini par le trouver ton prénom. Je l’ai fredonné sans cesse pendant cinq jours. Cinq jours sans comprendre, puis on m’a éclairée. » Je souris, touchant du bout de mon pied l’eau. « Je suis contente d’être ici… » Je me rapproche de lui, passe une main dans ses cheveux en riant doucement. « Tu as de la craie partout… » Je me mets à genoux, mes doigts glissent dans ses boucles blondes pour le débarrasser de toute la craie. « Tu t’es roulé par terre ou quoi ? » Je passe à son visage avec délicatesse, j’enlève la poussière de son front, son nez, ses pommettes et ses joues puis… Mes doigts effleurent ses lèvres, à nouveau mon cœur manque un battement. Que suis-je entrain de faire ? Vite, je me rassois, horriblement confuse. Je baisse la tête afin que mes cheveux viennent cacher mes joues qui se sont empourprées. Je dois garder mon calme.

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MessageSujet: Re: Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave   Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave EmptyVen 7 Sep - 22:48

La tonalité de mon arpège a changé. Maintenant, je le joue en mineur. Répétant inlassablement cette litanie, je regarde la traînée de fine boue multicolore se délier sur le bitume, s’écoulant peu à peu jusqu’à finalement rejoindre le bord du quai pour se déverser dans la rivière. Le dessin de Wendy n’est bientôt plus qu’un lointain souvenir qu’évoquent à peine quelques dernières tâches à la couleur indistincte. Je reste ainsi immobile, seuls mes doigts s’agitant sur les cordes de ma guitare, pendant bien longtemps. Combien de temps ? Je n’en sais rien. Mais la pluie a le temps de s’arrêter, et la boue de redevenir poussière, restant juste très légèrement humide. Une forte odeur de poussière me chatouille les narines et me donne envie d’éternuer, pourtant je reste toujours immobile, hermétique au monde qui m’entoure, ignorant jusqu’aux bruits de moteur des véhicules qui passent régulièrement sur le pont.
C’est pourquoi je n’entends absolument rien venir, et lorsque des mains viennent se poser sur mes yeux pour les couvrir, je sursaute violemment. Mes doigts s’emmêlent dans les cordes, et l’une d’elle saute, se brisant avec un ‘poing’ de détresse. Mais la surprise laisse bientôt place à une douce chaleur qui se répand dans tout mon corps, lorsque non seulement je reconnais sa voix, mais qu’en plus, elle prononce mon prénom. Je souris. Je veux prendre ses mains pour les retirer de mes yeux, mais elle me devance. Je n’ai pas le temps de me retourner vers elle que, déjà, elle se tient devant moi, se hissant sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur ma joue, ce qui me laisse avec un sourire encore plus rêveur sur les lèvres. Je secoue la tête lorsqu’elle me dit être désolée de ne pas être revenue plus tôt. Oh c’est pas grave, si tu savais comme c’est pas grave, maintenant que tu es bien là.
Je la regarde aller s’assoir au bord du quai, et je la rejoins, déposant ma guitare à côté de moi. Je me mets à fouiller dans la poche intérieure de ma veste. Alors que j’en sors une panoplie de corde de rechange, elle me demande si je l’ai attendue là tous les jours. Je reste quelques secondes le regard fixé sur mon éventail de cordes, avant de hocher brièvement la tête, sans la regarder. Je ne sais pas si elle m’a vu lui ‘répondre’… Je suis déjà bien surpris d’avoir enchainé deux mouvements de tête d’affilé dans ce but. Je tire alors la corde qu’il me faut, la retire de son emballage et me mets à l’ouvrage, défaisant d’abord la corde cassée avant d’installer l’autre, dans un geste rapide et précis démontrant mon habitude. Il faut dire que je suis un spécialiste du pétage de corde, au grand désarroi d’Uncle Bob, mon fournisseur officiel. Une fois que j’ai terminé, je laisse la guitare sur le sol, à côté de moi. Mon regard se perd alors sur l’eau, sous nos pieds, et je croise alors celui du reflet de Wendy. Je le soutiens, le suis, même lorsqu’il dévie.
« Tu vois, j’ai fini par le trouver ton prénom. Je l’ai fredonné sans cesse pendant cinq jours. Cinq jours sans comprendre, puis on m’a éclairée. »
Et moi, j’ai joué la mélodie que j’ai donné au tiens, pendant tout ce temps, aussi.
« Je suis contente d’être ici… »
Je suis content que tu sois ici. Et je suis content d’être ici pour avoir pu t’y retrouver.
Je frissonne au contact de sa main dans mes cheveux, et tourne mon visage vers le sien, un peu pris de court.
« Tu as de la craie partout… »
Ah bon ? Alors c’était ça, l’odeur de poussière.
« Tu t’es roulé par terre ou quoi ? »
J’ai un petit sourire. Ben, pas loin, en fait.
Sentant ses mains glisser alors sur mon visage, je cille plusieurs fois, perplexe. Alors que le rythme de mon cœur se fait plus rapide et plus puissant, je baisse les yeux, me trouvant incapable de soutenir le regard de Wendy. Mes yeux se posent alors sur ses lèvres, et je remarque qu’une fine couche de poussière de craie s’y est déposée. Je les fixe, tandis qu’elle m’essuie délicatement le visage. Mais lorsque ses doigts sont sur le point d’effleurer ma bouche, elle se fige, avant de se détourner. Je relève les yeux et l’observe, penchant la tête de côté afin d’essayer de voir son visage, caché derrière ses cheveux. Qu’est-ce qui lui prend ? J’aimerais bien essayer de comprendre, mais je ne peux même pas voir ses yeux. Alors j’écarte doucement ses cheveux de ma main, et je prends son menton de l’autre afin qu’elle tourne son visage vers moi. Je plante mon regard dans le sien, l’air très concentré, essayant de la comprendre. Moi-même, j’ai du mal à savoir ce qui se trame en moi. C’est bizarre… C’est chaud, c’est froid, c’est doux, c’est piquant, c’est flippant, c’est excitant… C’est le bordel, oui ! Pourtant, c’est pas désagréable…
Après de longues secondes passées ainsi immobile, ma main bouge, légèrement : mon pouce vient glisser sur ses lèvres pour en retirer la poussière de craie. Je souris, enfin, avant de lâcher son visage et de reposer mes mains sur mes genoux. Voilà ! Comme ça, on est pareil. Je reprends alors ma guitare, repensant à ce qu’elle m’a dit plus tôt, et je joue mon arpège, cette fois en majeur. Oc-tave, et-Wen-dy. Je le joue une fois, avant de me tourner, m’installant face à elle. Je la regarde alors dans les yeux, et je recommence, trois fois. Oc-tave, et-Wen-dy. Oc-tave, et-Wen-dy. Oc-tave, et-Wen-dy. Je marque une pause, puis reprends seulement : Oc-tave. Ça, elle connait, elle m’a dit qu’elle avait compris. Puis, je joue seulement les deux dernières notes : Wen-dy. Je la regarde alors d’un air entendu, hochant la tête la tête dans sa direction, avant de finalement reprendre : Oc-tave, et-Wen-dy.
Je joue cet arpège, encore et encore. Et enfin, pour la première fois depuis cinq jours, mes doigts et ma langue se délient, alors que l’arpège se transforme en mélodie.

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MessageSujet: Re: Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave   Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave EmptyLun 10 Sep - 18:01



✖Octave & Wendy✖
« Don't you shiver
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Le visage caché derrière mes cheveux bruns, je fixe l’eau à travers quelques mèches. Je sens que mes joues sont écarlates, elles sont brulantes. Je me sens mal à l’aise, horriblement mal à l’aise. J’aimerais pouvoir me cacher dans un trou de souris, ou alors partir en courant ! Enfin reprends-toi Wendy, tu n’as fait que lui enlever un peu de craie qu’il avait sur les cheveux et le visage ! Rien de plus. Je prends une légère inspiration, bon sang que je n’aime pas ça, être prise au dépourvu par mes émotions. A toujours vouloir les contrôler pour ne montrer qu’un seul visage, j’en avais oublié ce que c’était, que de se faire submerger par tout ça. Puis une main vient écarter mes cheveux. Ah non ! Je veux faire un mouvement de recul, mais il est bien plus rapide que moi en attrapant mon menton. A nouveau, mon cœur dans ma poitrine s’affole alors que son regard se plante dans le mien. Il est concentré, comme s’il cherchait à comprendre ce que je pense. Crois-moi Octave, tu ne risques pas de comprendre quoi que ce soit tant mes pensées sont désordonnées. Toutes se bousculent dans ma tête et dans n’importe quel ordre. Cela n’a ni queue ni tête, moi-même je suis perdue, complètement perdue face à ce que l’on pourrait comparer à un ouragan. Je ne sais ce que tout cela signifie, ou en tout cas, j’espère me tromper, que ce n’est qu’une passade et que ses yeux ne me troubleront plus d’ici quelques temps. J’aimerais détourner mon regard, mais je ne parviens pas à m’en décrocher. Lorsque son pouce effleure mes lèvres pour retirer la poussière. Mon cœur fait un bond magistral dans ma poitrine. Ma respiration s’accélère légèrement. Enfin il lâche mon visage et je peux rebaisser la tête pour me cacher derrière mes cheveux.

Je vais rester ainsi quelques secondes, jusqu’à ce que j’entende le son de la guitare d’Octave. Je prends une grande inspiration. Vas-y Wendy, tu peux le faire ! Je remets mes cheveux derrière mes oreilles et tourne la tête vers lui. Il rejoue le même air mais il est différent de la dernière fois, il y a quelque chose en plus. Je fronce légèrement les sourcils, je regrette bien de n’y connaître rien en musique ! Je regarder ses doigts glisser sur les cordes avec attention. Il je joue encore et encore, mais je ne comprends pas grand-chose à part le début. Il refait le morceau que je connais. Oui, ça c’est Octave, j’ai compris ça, mais le reste ? Patience Wendy, patience. Je me concentre au mieux, que peut-il bien vouloir dire ? Dieu que les mots sont tout de même bien plus simple à comprendre que des notes ! Il hoche de ma tête dans ma direction, attends… Je le refais dans ma tête, une fois, deux fois, trois fois. Un sourire s’épanouit sur mes lèvres, cette fois j’ai compris, et j’aurais mis moins de temps que la première fois ! « Octave et Wendy… » Pour la seconde fois en moins de quelques minutes, le rouge me monte aux joues. Et je détourne mon regard pour le poser sur l’eau tranquille et sombre de la rivière. Dire que quelques jours plus tôt je voulais m’y jeter dedans, finalement, heureusement qu’Octave m’en a empêché. Et dans le silence de la nuit, sa voix et sa guitare emplissent l’espace. Je relève la tête afin de le regarder, ses yeux sont rivés sur moi, encore une fois, je ne parviens pas à m’en détacher.

A nouveau, j’ignore ce qu’il se passe en moi. Je suis submergée par une foule d’émotions, de frissons et autres. Je me mords l’intérieur des joues, bon sang l’effet qu’il peut avoir sur moi ! Et il n’a même pas besoin de parler pour cela, ni même de chanter en fait, seul son regard suffit à me bouleverser. Il n’a tellement rien à voir avec ceux que je côtoie tous les jours. Il ne joue pas, ne cherche pas à tricher, et même si ce qu’il est peut déplaire, il l’est un point c’est tout. Quand les dernières notes ont fini de vibrer dans l’air, il ne reste plus que le bruit de l’eau et de nos respirations. Je ne sais pas trop ce qu’il me prend à ce moment, je me tourne vers lui, à genoux. Mes mains se posent sur ses cuisses, je me penche légèrement sur Octave, mes yeux plongés dans les siens. Mon cœur bat à une vitesse déraisonnable, mon souffle est désordonné. Mes lèvres effleurent les siennes doucement quand… Une sonnerie de téléphone me fait brusquement reculer. Ma sonnerie. Mon téléphone. Bordel. Je bondis sur mon sac pour vite attraper l’objet et le plaquer contre mon oreille. « Oui ?!Je voulais savoir si tu allais mieux. » Oh tiens, comme c’est aimable très chère mère ! Je m’éloigne d’Octave pour pouvoir parler. « Oh non, pas vraiment… » Un klaxon. BORDEL Y’A UN CONNARD QUI A KLAXONÉ ! « C’était quoi ça ? Un klaxon ?Mais non mère, vous vous trompez, ce n’est rien !Ne me prends pas pour une idiote, je rentre de suite. » La communication est coupée. Okay. Okay. Je suis morte. Je cours récupérer mon sac. « Je suis désolée Octave, je dois rentrer ! Je suis vraiment, vraiment désolée ! » Je n’ai pas le temps ni de dire, ni d’en faire plus. Je grimpe les escaliers quatre à quatre, courant à perdre haleine pour rejoindre la maison. Je passe par le petit portail, je file dans ma chambre pour me changer. Une minute après m’être couchée, ma mère arrive.

Je passe le lendemain à faire la malade. Et je dois avouer que je le fais plutôt bien ! Bien heureusement, j’ai l’aide de Carole qui se charge de veiller à ce que j’ai tout le temps une mine épouvantable. Ma mère n’y voit que du feu et cela l’énerve, moi qui ne suis jamais malade ! Et pendant que je reste cloîtrée dans mon lit, je me repasse la soirée de la veille en boucle. Dieu que je déteste ma mère d’avoir téléphoné et d’avoir tout brisé, me laissant un horrible sentiment de frustration. Je n’attends qu’une chose, que ma mère se barre enfin à sa réception qui se déroule je ne sais où et qu’on me laisse enfin sortir de ce lit ! A peine a-t-elle quitté la maison que je cours prendre ma douche. Comme la veille, Carole me tend mes vêtements et mon sac. A peine le temps de lui dire trois mots que je dévale les escaliers à vive allure avant de rejoindre la rue. Je pense que je pourrais courir les yeux fermés tant je le connais par cœur ce chemin. Et quand j’aperçois le pont, je ralentis vivement pour ne pas avoir l’air essoufflée en arrivant. Je descends les marches, sautant les deux dernières pour atterrir à pieds joints sur le bitume. Tiens, c’est étrange qu’Octave soit si silencieux. Je m’approche de lui, me hisse sur la pointe des pieds pour l’embrasser sur la joue. « Bonsoir Octave. » Oula il n’a pas l’air comme d’habitude, je fronce les sourcils. « Ca ne va pas ? » Question qui ne sert à rien, puisqu’il ne me répondra pas. « Oh je voulais te montrer… » J’ouvre mon sac pour fouiller à l’intérieur et mon téléphone glisse pour tomber au sol. Tant pis, il ne tombera pas plus bas !

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MessageSujet: Re: Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave   Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave EmptyLun 10 Sep - 22:48

Alors que les dernières notes meurent dans les airs, je continue à les entendre, à les voir vivre dans ses yeux. Ce regard qu’elle plante dans le mien alors qu’elle se tourne vers moi me transperce de part en part telle une vague de tempête ; un violent frisson agite mon corps, et mes mains soudainement moites se crispent sur ma guitare. Le sang me monte au visage, bouillant, et une pulsion tout aussi brûlante s’éveille en moi. Je ne l’ai pas ressentie souvent dans ma vie… Juste une fois, à vrai dire. Il y a huit ans. Et je ne crois pas que c’en était à ce point. Mais je la reconnais bien. Quelque chose comme ça, ça ne s’oublie pas. Et tout ce que je lis sur Wendy, dans son regard, ses gestes, ne fait qu’attiser, et même encourager, cette envie. Je perçois, multipliée par cent, la chaleur qui s’émane de son corps, comme si sa peau était en feu. Ma respiration se calque bien malgré moi sur la sienne ; elles semblent assourdissantes, sur un rythme effréné et décalé qui reflète parfaitement la tornade qui ravage tout dans mon esprit à cet instant.
Je n’ai pas même le temps d’esquisser un geste pour me redresser et déposer ma guitare à côté de moi que déjà ses mains s’appuient sur mes cuisses. Comme au ralenti, je la vois se pencher vers moi. Ma main vient trouver une des siennes, se posant dessus, avant de venir doucement enserrer son poignet. Mes paupières sont presque tout à fait abaissées. Je sens son souffle sur mes lèvres, déjà entrouvertes. … Lorsqu’un son affreux vient me vriller les tympans. Je sursaute, grimace, ma main lâchant le poignet de Wendy pour venir se coller contre mon oreille, et c’est d’un regard noir que je fixe le téléphone qu’elle porte alors à la sienne. Mes traits se crispent, ma respiration se fait lente, profonde, presque rauque. Je n’entends même pas les mots qu’elle prononce. La rage bat à mes temps, m’assourdissant. Je ressens la même chose que lorsque l’on m’interrompt pendant que je joue ; et c’est bien la première fois que cela m’arrive en dehors d’un tel cas. Les émotions que je ressens alors m’apparaissent d’autant plus puissantes. Je ne les comprends pas. J’aurais peut-être pu, si cette saloperie de téléphone n’avait pas sonné. Je n’aime pas ça, pas ça du tout.
Je suis bien trop contrarié pour lire le visage de Wendy, et ne serait-ce que tenter de comprendre ce qui lui arrive. Je me relève alors qu’elle fait de même, se saisissant de son sac. Je ne bouge pas, la fixant d’un regard vide, sans même ciller. Elle prend juste le temps de se retourner vers moi, et me dire :
« Je suis désolée Octave, je dois rentrer ! Je suis vraiment, vraiment désolée ! »
Désolée ? Pas autant que moi… Même si c’est un bien faible mot comparé à ce que je ressens.
Je la regarde s’enfuir et disparaître dans la nuit, aussi vite qu’elle est venue.
Alors, c’est comme ça ? On me fait miroiter l’extase pendant quelques minutes, et on me l’enlève de but en blanc, sans que j’aie mon mot à dire… même si j’ai pas l’intention de dire quoi que ce soit, certes. Mais je suis venu ici chaque nuit, j’ai attendu, et j’allais continuer à attendre, même si elle n’était pas venue ce soir. Tout ça pour ça ? Bordel ! C’est pas parce que je parle pas qu’on peut me chier dans les bottes de la sorte. Je ne la connais pas, mais je hais la personne qui nous a séparés si injustement.
Et puis d’abord, pourquoi tout ça m’arrive, à moi ? J’ai rien demandé à personne, j’avais pas l’intention de laisser qui que ce soit s’imposer ainsi dans ma vie. Et maintenant, je suis pris au piège. Ça ne m’était jamais arrivé, mais je le comprends bien. Je n’ai plus de contrôle sur mes émotions, et ça me rend dingue. J’aurais mieux fait de ne jamais venir jusqu’à ce putain de pont, tiens. Putain de pont, putain de téléphone, putain de vie. Putain de cœur.



« Putain, cette fois-ci, j’en ai raz-le-cul, Octave ! »
Je suis réveillé en sursaut par les cris d’Uncle Bob, juste avant qu’il ne me choppe par le col et me hisse de force hors du lit et sur mes pieds.
« Tu vas trop loin maintenant, tu m’entends ? »
Gaaaah ma tête ! Putain mais ouais, je t’entends ! T’es en train de postillonner à cinq centimètres de mon visage !
« Tu découches toutes les nuits, tu me vides presque une bouteille par jour, tu dors jusqu’à pas d’heure, et même un macaque avec une guitare ferait mieux sur scène que ce que tu nous fais subir en ce moment ! Y’en a marre ! Tu crois que je t’héberge à rien faire ? Tu m’as pris pour qui ?! »
Il me secoue comme un prunier, et je sens la vodka remuer méchamment dans mon estomac.
« Et tout ça pour une gonzesse ! Je pensais que t’en avais plus dans le ventre que ça ! »
Dans le ventre ? Ah ben, justement, tant qu’on en parle…
« Put… AIN DE MERDE ! »
Il me lâche pour reculer d’un bond, et je tombe à genoux. Il disparaît quelques secondes, puis reviens, me balançant une serpillère à la figure.
« Tu me nettoies ça, fissa. Et quand t’auras fini… Te donne pas la peine de descendre, je veux pas voir ta tronche dans mon bar ce soir. Les clients se passeront de toi pour une soirée… peut-être même plus, si tu continues comme ça. »
Il va vers la porte, s’arrête dans l’embrasure.
« Mets donc cette soirée de congé à profit pour réfléchir à ton comportement… Et crois bien que je serais pas aussi patient que je l’ai été ces derniers jours pendant encore longtemps. À bon entendeur. »
La porte qui claque à en faire trembler les murs me transperce le crâne en une douleur fulgurante, et mon estomac menace de se manifester une nouvelle fois. Je ferme les yeux, prends une grande inspiration pour me calmer. Mais si j’arrive à ravaler mon malaise, ce n’est pas le cas pour ma colère. Bondissant sur mes pieds, je me jette sur le mur et le rue de coups de poing jusqu’à en avoir les phalanges en sang.



Le soleil se couche à peine lorsque j’atteints le pont ce soir-là. Je n’ai pas pu me résoudre à rester enfermé entre quatre murs. Et quoiqu’il en soit, la nécessité de me rendre en ce lieu a été plus forte que toutes les frustrations qui me travaillent depuis la veille. Pourtant, je ne suis pas sûr de pouvoir en faire abstraction… C’est pourquoi j’appréhende autant que je guette l’arrivée de Wendy. Je n’ai même pas l’envie, ni même le cœur, de jouer en l’attendant.
C’est ainsi que, quelques heures plus tard, elle arrive sur la scène silencieuse et immobile. Si une fraction de mon être s’allège lorsqu’elle s’approche et me salue d’un léger baiser sur la joue, mon corps lui ne bronche pas. Pourtant, je la regarde dans les yeux. Je crois que j’espère que sa présence pourra m’apaiser, calmer ma colère. J’ai besoin de la douce chaleur qu’elle me procure, de l’inspiration qu’elle m’insuffle… Je veux bien même qu’elle déclenche en moi la tempête, comme elle le fait toujours, tant que cette putain de colère termine par s’effacer. Mais mon corps tremble d’appréhension. Il me semble qu’elle va encore m’être arrachée trop tôt. Je sais, j’ai compris qu’elle ne devrait pas être ici. Et moi non plus, Uncle Bob me l’a bien fait entendre. On ne veut pas qu’on soit ensemble, alors la merde va me tomber dessus encore une fois, je le sens…
C’est ce genre de pensées que je rumine, alors qu’elle s’agite autour de moi, fouillant dans son sac. Alors, je vois l’objet haï en tomber, comme au ralenti. Le son de sa chute se décompose à mes oreilles, chaque rebond comme un coup de fouet attisant un peu plus ma colère. Mon sang ne fait qu’un tour. Avant que Wendy ne puisse faire le moindre geste, je me penche, je me jette presque sur le téléphone pour le saisir, le serrant si fort dans ma main que je crois bien entendre le plastique se fissurer. Je tends le bras en arrière, et je le jette loin, loin devant moi, en plein milieu du cours d’eau. Je sens déjà une partie de ma rage s’apaiser, comme si je l’avais balancée en même temps que cette saloperie de laisse électronique. Mais ça ne suffit pas pour m’apaiser. Il manque quelque chose, quelque chose qui m’était dû et qu’on m’a enlevé. Je me tourne vers Wendy et plante mon regard dans le sien. Alors, dans un geste vif mais non violent, je prends son poignet dans ma main.
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MessageSujet: Re: Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave   Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave EmptyMar 11 Sep - 12:48



✖Octave & Wendy✖
« Don't you shiver
Shiver
Sing it loud and clear
I'll always be waiting for you » Coldplay, Shiver

Je continue de fouiller dans mon sac à la recherche de mon carnet. C’est bien le problème d’une fille, peu importe la taille du sac, vous pouvez être certain qu’il sera plein et que pour trouver une chose là-dedans c’est un peu la croix et la bannière. Mon portable tombe au sol mais j’y fais à peine attention, tant qu’il n’est pas cassé tout va bien. Et vu que l’écran vient de s’allumer c’est qu’il marche encore, je le ramasserai quand j’aurai trouvé ce que je cherche. Si j’y arrive cela va de soit. Mais j’abandonne vite ma recherche lorsque je vois Octave se pencher pour attraper mon portable et… Le balancer de toutes ses forces. L’objet électronique atterrit dans l’eau avant de rapidement couler vers le fond. Mes yeux s’écarquillent sous la stupeur. J’ai même du mal à me dire que je n’ai pas rêvé. Pourquoi aurait-il balancé mon téléphone dans la rivière ? C’est quoi l’intérêt ? Je continue de fixer l’eau quand je sens une de ses mains enserrer mon poignet droit. Je retire rapidement mon bras pour courir vers l’eau même si je sais que c’est peine perdue. « Non non non !! » Je me tourne vers Octave soudainement en colère. « Pourquoi as-tu fait cela Octave ?! Ce n’est pas vrai !! » Je regarde de nouveau vers l’eau, quand bien même j’irais le récupérer, il est mort de toute façon, on n’a pas encore inventé le téléphone waterproof. Je prends ma tête de mes mains, ma colère retombant et laissant place à un profond dépit. J’en aurais presque les larmes aux yeux… Ah tiens, je les ai vraiment… Je me mords l’intérieur des joues jusqu’à ressentir le goût ferreux du sang envahir mon palais. Je pousse un long soupir, passant une main dans mes cheveux bruns, il ne me reste plus qu’une chose à faire. Je me tourne pour attraper mon sac que j’ai laissé tomber aux pieds d’Octave. « Ne comprends-tu pas que je ne devrais pas être ici ? Si ma mère apprend que je suis dehors, elle va m’emmurer dans ma chambre ou je ne sais quoi d’autre… » Je mon sac sur l’épaule, m’approchant des escaliers. « Je dois rentrer. Au revoir Octave. » Sans un mot de plus et sans me retourner, je grimpe les marches rapidement. Alors que d’ordinaire je cours pour rentrer à la maison, cette fois je marche. Je sais bien que ma mère ne va pas rentrer dans l’heure qu’il suit, mais rester sur ce pont sans mon téléphone est du suicide ; je ne tiens pas à ce qu’elle apprenne pour mes sorties nocturnes. Et pendant que je marche dans les rues, les mains dans les poches, je réfléchis à une excuse pour ne plus avoir de téléphone. Que vais-je bien pouvoir inventer ? Et faut-il déjà qu’elle y croit, chose bien plus difficile.

J’accélère le pas. J’ai quitté les quartiers délabrés, les immeubles miteux pour retrouver un environnement plus familier. Je me déplace en évitant les lampadaires de mon mieux. Il ne manquerait plus que je croise quelqu’un susceptible de me reconnaître. Alors la tête entre les épaules, je regarde plutôt mes pieds que ce qui m’entoure, je manque même de me manger un arrêt de bus mais au dernier moment j’ai l’excellente idée de lever la tête… Pour croiser mon regard. Je grimace. Bordel, ils m’ont même foutue sur des abris bus. Ce n’est vraiment pas agréable de se voir ainsi affichée. Ma mère jubile, moi, je m’en passerais bien. Je contourne rapidement l’abri bus pour prendre la rue juste à droite. La maison est tout en haut, éloignée du centre bruyant aux immenses buildings de verre. Je longe le haut grillage en fer forgé, évitant le portail où le gardien somnole dans sa loge. Il ne manquerait plus que je me fasse avoir par une des caméras de sécurité tiens ! Une fois derrière la maison, je pousse un lourd portillon qui n’est utilisé que pour mes sorties nocturnes. Il émet un bruit de métal rouillé, une nouvelle grimace m’échappe alors que Carole jaillit devant moi. « Miss Wendy, déjà ? » Je m’avance dans l’herbe pour rejoindre la porte de la cuisine. « Mon portable est mort.Mort ? Comment ça ? » Je pousse un soupir en rentrant dans la maison, Carole sur mes talons. « Il est tombé dans la rivière. » Elle commence à me poser des questions, je l’écoute à peine. Je monte les escaliers, elle me suit toujours. J’aimerais bien qu’elle arrête de parler un peu, je voudrais qu’elle me laisse un peu seule. « Carole. On trouvera une excuse. Maintenant pardonne-moi mais je suis fatiguée alors bonne nuit. » Je lui ferme la porte de ma chambre au nez, je l’entends bredouiller des excuses, je n’y fais pas attention. Sans prendre la peine d’allumer la lumière, je rejoins ma salle de bain en trainant des pieds, un peu comme si des chaines entravaient mes chevilles. Je prends une rapide douche, enfile ma nuisette avant d’aller m’asseoir sur le rebord de la fenêtre, en ayant allumé au préalable ma lampe de chevet. Je pousse la vitre afin d’ouvrir un peu la fenêtre et laisser entrer l’air légèrement moite. J’appuie ma tête contre l’encadrement, regardant les lumières des immeubles un peu plus loin. J’aurais largement préféré rester sur le pont plutôt qu’être ici, et avec la chance que j’ai, je ne vais sûrement pas fermer l’œil de la nuit.

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MessageSujet: Re: Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave   Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave EmptyMar 11 Sep - 23:28

Je le savais, pas vrai ? Je le savais que ça allait encore foirer ; et ça, je le comprends dès qu’elle s’écarte de moi, dégageant son poignet de l’étreinte de ma main pour suivre des yeux la course du téléphone, déjà noyé. Je croise les bras, fronce les sourcils et retrousse la lèvre inférieure.
« Non non non !! »
Hé bah, si si si ! C’est comme ça, et puis c’est tout.
Elle se retourne alors vers moi, et je prends sa colère comme une claque en plein visage. Mais loin de me calmer, cela m’en rend que plus borné.
« Pourquoi as-tu fait cela Octave ?! Ce n’est pas vrai !! »
Pourquoi ? Parce que j’en avais envie. Et bon sang, que ça m’a fait du bien. Enfermé dans ma bouderie, je ne prête pas vraiment attention à la réaction de Wendy, gardant mon regard fixé obstinément sur le vide, quelque part au-dessus de sa tête.
« Ne comprends-tu pas que je ne devrais pas être ici ? »
Si, j’ai cru comprendre. Et moi alors ? Je suis venu prendre le soleil peut-être ?
« Si ma mère apprend que je suis dehors, elle va m’emmurer dans ma chambre ou je ne sais quoi d’autre… »
Ah… Oui, non, ça, je pouvais pas l’imaginer. Et si j’ai bien compris, c’est sa mère qui l’a appelée la veille et qui l’a forcée à rentrer. Les parents collants, j’en connais un rayon, mais c’était quand j’étais gosse. Là… J’entrevois un léger aperçu de ce qu’il se trame du côté de Wendy. Je me balance une ou deux fois sur mes pieds, mal à l’aise. Je commence à piger que j’ai légèrement merdé sur ce coup-là, et je n’en suis pas exactement fier. Je baisse les yeux, la culpabilité venant se mêler à la colère. Encore quelque chose qui ne m’arrive pas souvent. La dernière fois, c’était quand je me suis barré de l’HP. Oh, pas parce que je bravais la loi, non, mais parce que je savais pertinemment qu’en m’évadant, j’abandonnais mon ancienne vie, et donc que j’abandonnais ma sœur, Mélodie. C’est tout de même un comble de ressentir à nouveau cela à cause d’un bête téléphone. Mais si c’était aussi simple que ça…
« Je dois rentrer. Au revoir Octave. »
Non mais, d’accord, j’ai merdé. Mais est-ce que tu dois vraiment partir ? T’es une grande fille, après tout. T’es libre de tes choix, du moins tu devrais l’être. Alors si tu pars… Est-ce que c’est vraiment que tu le dois, ou que tu le veux ?
Je ne la regarde pas s’éloigner, écoutant seulement le son de ses pas dans l’escalier. Octave, t’as vraiment un caractère de merde. Je le sais bien, on me l’a assez répété. Râleur, boudeur, tête de mule, j’en passe et des meilleures. D’ordinaire, ça me glisse dessus comme de l’eau sur les plumes d’un canard. Mais là, je m’en veux, parce que je comprends qu’elle a bravé un interdit, tout ça pour être ici. Mais oui ! Elle a été assez claire là-dessus. Et moi, j’ai juste été con.
Je relève le nez. Elle a disparu, mais j’entends encore, très faiblement, le bruit de ses pas, plus loin dans la rue. Je saisis ma guitare et cours jusqu’en haut des escaliers. Au loin, sous un lampadaire, je reconnais sa silhouette. Alors, sans même y réfléchir, mes pieds m’entraînent à sa suite. Si elle n’est pas censée venir ici, alors je vais faire en sorte qu’elle n’ait plus à le faire.

Je la suis à travers la ville, gardant plusieurs mètres de distance entre nous. Je ne me sens pas le courage de la rattraper, n’ayant pas le cran de faire face à ma connerie pour le moment. Je l’ai reconnue, c’est déjà un pas, mais de là à pouvoir l’assumer et regarder Wendy dans les yeux… Ah bordel, ce que j’aime pas ne pas avoir le contrôle de mes émotions !
Nous venons de quitter les bas quartiers. Même s’il est clair que je n’ai pas ma place dans ces rues plus tirées à quatre épingles que le meilleur costard d’Uncle Bob, je m’en contrecarre. Je ne fais pas attention aux bâtiments reluisants qui m’entourent, aux parterres de fleurs ciselés à la perfection, au trottoir rutilant où on pourrait certainement manger à même les dalles. Mon regard reste fixé sur elle, plus loin devant moi. Plus d’une fois, je crains de la perdre de vue au détour d’un carrefour, et je dois accélérer le pas, discrètement, afin de la rattraper. C’est ainsi que, soudain, je me retrouve nez-à-nez avec elle, ou plus précisément, son image, sans relief, placardée sur le flanc d’un abribus. Je stoppe net, les yeux écarquillés devant la photo de ma Muse présentée dans une tenue si… révélatrice. Je m’approche, mystifié, pose une main sur le verre. Qu’est-ce que tu fais là ? Pourquoi ? Ce n’est tellement pas toi, je ne comprends pas… Une moto passant à vive allure me tire de ma rêverie. Je bondis ; je ne peux m’attarder à me retourner ainsi le cerveau pendant longtemps. Je m’élance de nouveau à sa suite ; heureusement, elle n’a pas trop d’avance.
Elle ralentit finalement sa marche, arrivant prêt d’une imposante demeure entourée de hauts barreaux sombres et pointus qu’elle longe prudemment. Je reste dans l’ombre, devinant la surveillance autour de cet endroit particulièrement renforcée. J’observe Wendy se faufiler par un portillon à vue de nez peu usité et dont les gonds rouillés se manifestent dans une plainte qui me vrille les tympans, avant d’être accueillie par une femme. Sa mère ? Non, elle l’appelle ‘Miss Wendy’. Heureusement. Elles disparaissent finalement par une petite porte à l’arrière de la maison. Mais je ne m’en vais pas. Toujours dans l’ombre, mes yeux parcourent la façade de la bâtisse. Je reste ainsi un long moment, déterminé. Enfin, je vois ce que j’attendais. Une lumière s’allume et, bientôt, la silhouette de Wendy apparaît à la fenêtre. Mon visage me brûle, mon cœur s’accélère, ma respiration se fait profonde et désordonnée, et mes doigts crispés sur ma guitare s’impatientent. Pourtant, je me contente de la contempler quelques minutes, avant de m’en retourner en silence.




Je ne ferme pas l’œil de la nuit, ni même de la journée. Je ne me fends pas non plus d’une descente dans les caisses de vodka d’Uncle Bob. Je passe mon temps dans ma chambre, assis sur mon matelas, fixant le mur en face de moi d’un air absent, du lever au coucher du soleil. Je ne me redresse que lorsque la nuit est bien tombée. Je prends ma guitare et me rends non pas au bar, mais dans la rue. S’ils se sont passé de moi un soir, alors pourquoi pas deux, après tout… Moi, rancunier ? Pas du tout.
Je refais le chemin que j’ai emprunté la veille pour revenir en sens inverse, d’un pas rapide malgré le stress et l’appréhension qui m’envahissent un peu plus à chaque mètre parcouru. Néanmoins, depuis hier soir, c’est pour moi une évidence : je dois aller la retrouver, aller à elle, ne plus la laisser prendre de risques en se rendant là où elle n’en a pas le droit.
Plusieurs fois, sur le chemin, je croise son image. Auparavant, je n’avais jamais prêté attention à ces affiches. Maintenant, j’ai l’impression d’en être cerné, oppressé. Je ne peux me résoudre à soutenir son regard figé. Il m’emplit d’amertume, car je n’y lis rien, absolument rien. Je ne la reconnais pas. J’en viens à douter de l’identité de celle que je vais retrouver. Qui m’y attendra ? La Muse sous le pont, ou la créature sur papier glacé ?
Les lourds barreaux de fer forgé se dressent bientôt devant moi. Comme la veille, je les longe dans l’ombre, et arrive bientôt au vieux portillon. Je sors une petite bouteille de ma poche et huile les gonds avant de le faire pivoter, me glissant de l’autre côté. Aussitôt, je bondis dans le magnolia le plus proche afin de me cacher. J’observe alors entre les branches ; la fenêtre de Wendy est noire. Je pousse un soupir tout en m’asseyant sur le sol terreux, déposant ma guitare à mes côtés. Je recroqueville mes jambes contre moi, pose mon menton sur mes genoux et les enserre de mes bras.
Les heures s’écoulent, et je ne bouge pas d’un pouce. Mon corps réclame du sommeil, mais je l’ignore royalement. Je garde le regard fixé sur la fenêtre de Wendy, que j’aperçois morcelée à travers les branches. Mes yeux se sont si bien habitués à l’obscurité que je peux maintenant en distinguer jusqu’aux détails de son cadre. Je les parcours du regard, un rythme et une mélodie se créant naturellement dans ma tête pour en accompagner le mouvement. Lorsque soudain, la vitre s’illumine. La lueur, pourtant faible, m’aveugle sur le coup. Je mets mes doigts en visière et cille plusieurs fois avant de pouvoir faire à nouveau le point. Je distingue finalement, furtive, la silhouette de Wendy. Je me redresse, la respiration courte, le cœur battant. Ma main vient trouver ma guitare pour l’amener contre moi. Pourtant, j’hésite. Je comprends le risque que je prends, pour moi, et pour elle…
Je m’assure que je suis bien caché, je prends une grande inspiration, et mes doigts glissent sur les cordes. Je l’appelle : Wen-dyWen-dy
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MessageSujet: Re: Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave   Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave EmptyMer 12 Sep - 0:11



✖Octave & Wendy✖
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I'll always be waiting for you » Coldplay, Shiver

Lorsque ma mère rentre de sa soirée, je suis toujours assise sur le rebord de ma fenêtre. J’entends ses talons claquer sur le marbre des escaliers, elle passe devant ma chambre sans s’arrêter pour rejoindre la sienne. Un peu plus tard, ce sont les pas de mon père qui résonnent. J’ignore où il a passé la soirée, mes parents ne se parlent que rarement. C’est un mariage arrangé, tous deux y trouvent leur compte aussi étrange que cela puisse paraître. Il rentre à son tour dans sa chambre, ils ne partagent même pas la même pièce, ils se parlent une fois tous les trente-six du mois et se croisent tout aussi souvent. A nouveau, le silence règne dans la vaste demeure. Je continue de fixer les lumières de la ville, je n’ai pas sommeil et quand bien même ce serait le cas, je sais que je ne parviendrais pas à m’endormir. A l’aide de mon pied, je pousse un peu plus la fenêtre et le bruit de la circulation me parvient, mais étouffée. Quand je pense que j’aurais dû passer ma nuit là-bas et non pas assise sur cette putain de fenêtre à attendre que le temps passe ! Encore une fois, je ressens de la colère contre Octave. Ne pouvait-il pas s’abstenir de balancer mon téléphone ?! Oui, moi aussi j’en ai eu envie lorsqu’il nous a légèrement interrompus la veille, mais je sais me contrôler. Je passe une main dans mes cheveux en soupirant, cela ne sert à rien de m’énerver de toute façon, il ne sait pas vraiment en quoi il est vital pour moi de pouvoir savoir quand ma mère rentre… Mais il ne peut pas le deviner ça… Je me lève pour attraper mon carnet resté dans mon sac. Je n’aurais pas dû m’énerver. Je retourne sur le rebord de ma fenêtre avec carnet et crayon en main. En m’appuyant sur mes cuisses, je commence à dessiner les contours des buildings illuminés. Je trace les grandes lignes, esquisses rapidement les fenêtres avant de m’attaquer aux perspectives. Plongée dans mon dessin, je ne me rends pas compte du temps qui s’écoule et du soleil qui commence à percer de ses rayons lumineux, le ciel noir. J’ai terminé mon dessin que le ciel est rosâtre. Ma mère ne va pas tarder à se lever et comme prévu, je n’ai pas dormi de la nuit.

J’entends sa porte s’ouvrir, je bondis sur mes jambes pour cacher mon carnet sous mon matelas avant de me glisser sous mes draps et de faire semblant de dormir. Ma porte s’ouvre en grand. « Wendy debout, nous avons une longue journée. » Je m’étire, faisait celle qui se réveille juste et je me traîne dans mon dressing pour enfiler mes vêtements de sport puis rejoindre ensuite ma mère dans la salle de sport. Comme tous les matins, j’ai droit à mes deux heures de tapis roulant. Ensuite c’est douche, coiffure, maquillage et nous filons rapidement vers les studios. Je me demande encore comment elle fait pour trouver autant de shooting. Ils sont rares les jours où je n’en ai pas. Je fais ce que l’on me demande avant de rejoindre ma future belle-mère pour une folle journée chez une couturière pour ma robe de mariage. Debout sur la petite estrade ronde et blanche, en sous-vêtements, j’attends sagement que la bonne femme finisse de vérifier ses mesures. « Ah vous avez des mensurations parfaites Miss Marlow ! Le seul défaut est peut-être votre petite taille.J’ai bien essayé de remédier à cela avec une opération, elle refuse. » Un peu que je refuse ! Me faire casser les tibias pour pouvoir faire quelques centimètres de plus, plutôt mourir ! Ma belle-mère s’approche de moi et me regarde, m’observe comme on observerait un animal à vendre. « Elle n’a pas les hanches très larges. » Elizabeth se tourne vers ma mère qui lève les yeux de son téléphone. Contrairement à elle, ma belle-mère n’a pas usé d’une mère porteuse pour avoir son fils. Ma merveilleuse mère hausse des épaules. « D’après les médecins il n’y aura pas de problèmes quant à ses futures grossesses.Tout de même, elles sont bien fines ! » C’est sûr que comparé au tonneau qu’est ma belle-mère, mes hanches sont ridicules ! Et dans son tailleur rose, vraiment elle ressemble à un gros bonbon ! La couturière revient les bras chargés de robes. Aurait-elle tout cousu en moins d’une semaine ? Cela ne m’étonnerait pas vu la pression que lui mettent les deux mégères. « Bien, j’ai tout cela à vous proposer. » Je les essaie toutes, attendant patiemment à chaque fois qu’elles aient fini de critiquer. « Non franchement, rien n’est assez bien. Vous devez mettre en valeur sa poitrine. La rehausser. Et marquer un peu plus ses hanches. Une robe bustier conviendra le mieux. Et essayez de dénuder son dos le plus possible. Mais que cela ne descende pas trop bas, rien d’indécent ! » Mon regard se pose sur la pauvre couturière qui semble un peu affolée. Ca fait bien la cinquième fois que ma mère change d’avis sur la robe et je suis certaine qu’elle doit regretter d’avoir accepté de la coudre. « Vas te rhabiller Wendy. » Je descends du rond pour filer vers la cabine et renfiler mes vêtements. Une fois à l’extérieur, Elizabeth Spencer nous quitte en nous rappelant l’heure à laquelle nous devons aller chez eux le soir. J’avais complètement oublié ce diner… Bon sang que j’aimerais m’en passer ! Mais je peux rêver…p>

Nous rentrons à la maison. Pendant le trajet, ma mère parle de choses et d’autres, je ne l’écoute pas. En fait, je ne sais même pas si elle me parle ou si elle parle à son téléphone. Une fois la voiture devant la porte d’entrée, je sors pour m’engouffrer dans la maison et grimper les escaliers quatre à quatre. J’entends au loin la voix de ma mère qui me dit que la coiffeuse ne va pas tarder. Si elle savait comme je m’en tape… Dix minutes après notre arrivée, la coiffeuse arrive. Comme d’habitude, c’est un véritable moulin à paroles, impossible de l’arrêter… Bon sang je vais lui faire bouffer son fer à boucler… Je prends sur moi, je réponds du bout des lèvres en me regardant dans la glace. Elle ramène mes cheveux derrière mon crâne, laissant quelques boucles brunes s’échapper sur ma nuque. Puis vient le tour du maquillage et j’enfile un peu à la hâte ma longue robe de soirée noire avant de rejoindre ma mère qui m’attend en bas des escaliers. « Tu n’as pas intérêt à recommencer ton cinéma comme la dernière fois Wendy. » Je ne réponds pas, je me contente de la suivre jusqu’à la voiture où le chauffeur se tient debout à côté de la portière. Une fois à l’intérieur, ma mère me fait la liste des personnes qui seront présentes, j’écoute à peine. Je regarde plutôt par la fenêtre l’air absent. Quand nous arrivons chez les Spencer, je suis ma mère bien à contrecœur. Je dois saluer ma belle-famille et mon fiancé, puis je me retrouve au milieu de femmes, comme toujours. Assise à côté de ma mère, je passe le plus clair de mon temps à regarder par la grande fenêtre, complètement dans un autre monde. Ma mère peut bien me lancer des regards noirs, je n’y prête pas attention, moi j’aimerais être loin d’ici…

La soirée passe au ralenti, j’ai l’impression qu’elle ne prendra jamais fin. Quand enfin vers minuit nous disons au revoir à nos hôtes et nous retournons à la maison. Dans la voiture, ma mère me réprimande sèchement de mon attitude tout au long de la soirée. Cause toujours du m’intéresse… Carole nous attend devant la porte d’entrée, elle prend le sac de ma mère qui monte les escaliers. « A demain Wendy. » Je ne lui réponds pas, je regarde Carole d’un air dépité et j’ai droit à des yeux compatissants. Je soupire, je gravis les marches en marbre pour rejoindre ma chambre. J’allume la lumière et m’approche rapidement de la fenêtre pour l’ouvrir en grand. Je vais dans ma salle de bain pour retirer ma robe que je laisse glisser sur le sol. J’enfile mon peignoir de soie bleue et m’assieds à ma coiffeuse au moment où rentre Carole. « La soirée a été longue Miss Wendy ? Tu n’imagines même pas... » Dis-je, dans un souffle. Je me démaquille consciencieusement et commence à retirer les pinces à chignon qui retiennent mes cheveux. Je passe une main dans ma chevelure quand un son me parvient. Carole se retourne. « Qu’est-ce que… » Je bondis et cours dans ma chambre jusqu’à ma fenêtre, cherchant du regard d’où peut bien venir les notes de guitare. Mon cœur fait des bonds magistraux dans ma poitrine, sans laisser le temps à Carole de comprendre quoi que ce soit. Je sors de ma chambre pour dévaler les escaliers. J’entre dans la cuisine, pousse la porte qui donne sur le jardin et cours pieds nus sur l’herbe. Je fonce vers le magnolia aux fleurs blanches, j’aperçois la grande silhouette d’Octave à travers les branches. Mon cœur bat un peu plus vite. Je me faufile discrètement, jusqu’à me retrouve juste devant lui. Un long, très long frisson parcourt mon corps lorsque mon regard croise le sien. Et là… Je laisse complètement mes émotions prendre le dessus. Je me hisse sur la pointe des pieds, passant un bras autour du cou d’Octave en le forçant à se baisser un peu puis pose doucement mes lèvres sur les siennes. J’ai l’impression d’avoir mis les doigts dans une prise électrique. De multiples frissons parcourent mon corps, mon cœur burine ma poitrine avec ardeur. Et pour la première fois dans ma vie j’ai l’impression de réellement vivre. Et quand mes lèvres se détachent doucement des siennes, mes paupières restent closes, mon front contre le sien. J’écoute le bruit de nos souffles saccadés, de la légère brise venant agiter les fleurs du magnolia. Mes doigts effleurent délicatement sur sa joue. « Tu es fou d’être venu ici… » Dis-je dans un murmure en ouvrant mes paupières pour le regarder. Oui, c’est incroyablement risqué que de mettre un pied dans la propriété de mes parents ; si quelqu’un venait à le voir… Mais il n’y a pas personne, ma mère est déjà couchée et ce n’est pas Carole qui ira me dénoncer. Je souris, mes lèvres effleurant les siennes avec délicatesse.

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MessageSujet: Re: Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave   Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave EmptyMer 12 Sep - 18:28

Je n’ai pas fait huit croches que la silhouette de Wendy apparaît à la fenêtre. Mon corps est parcouru d’une décharge électrique ; mes doigts se crispent sur la guitare ; une corde se rompt avec un bruit métallique — ça va devenir un running gag ? Une corde cassée, ce n’est pas bien grave. Mais en l’occurrence, je m’en servais pour jouer le prénom de Wendy. Bien sûr, je pourrais faire la même note sur la corde suivante, ou même jouer dans une autre tonalité. Mais non, c’est sur cette corde que vit son prénom, et pas une autre. Une oreille pas ou peu habituée n’entendrait pas la différence, mais chez moi, mon ouïe n’épargne pas la moindre nuance. Je commence à paniquer lorsque je la vois s’éloigner de la fenêtre. A-t-elle bien entendu, ou bien n’était-ce qu’une coïncidence ? Il faut que je l’appelle de nouveau pour être bien sûr. Vite, je défais la corde usagée et en sors une neuve de ma poche. Je déchire l’emballage avec les dents et m’apprête à réparer tout ça lorsque j’entends le bruit subtil d’une porte qui s’ouvre non loin. Je lève les yeux et bondis sur mes pieds. La corde neuve et la corde cassée tombent à terre, et alors que je suis la course de Wendy du regard, j’en oublie presque de veiller à ce que ma guitare, pendant maintenant le long de mon côté, retenue de ma main droite par le manche, ne frotte pas le sol.
Lorsqu’elle arrive près de moi, je vois dans ses yeux que non seulement c’est bien elle, ma Muse sur le pont, qui se trouve devant moi, mais qu’en plus, elle n’est plus en colère ; un poids s’envole de mes épaules. Les coins de mes lèvres s’étirent légèrement alors que je plonge mes yeux dans les siens, J’esquisse un mouvement pour lui prendre la main, mais c’est alors qu’elle se hisse vers moi, passant un bras autour de mon cou. Je n’ai même pas le temps de tout à fait me baisser que déjà ses lèvres se posent sur les miennes. J’écarquille les yeux, pris au dépourvu. Mais je ne perds pas plus de temps à être surpris. Submergé par l’enivrement que ce doux contact me procure, je ferme les yeux pour profiter de cet instant. Il ne dure d’ailleurs pas assez longtemps à mon gout, mais sentir son visage tout contre le mien, son pouls se confondant avec le mien, ses doigts sur ma joue et sa respiration saccadée sur mes lèvres, est une autre expérience sensuelle tout aussi grisante.
« Tu es fou d’être venu ici… »
Elle ouvre les yeux, plantant son regard dans le mien, et mon corps s’agite d’un violent frisson. Fou ? Oui, je crois.
Alors que ses lèvres effleurent les miennes dans un sourire qui m’achève, je lâche ma guitare ; elle épouse le sol, ses cordes vibrant sous l’impact ; ma main droite, libre, vient alors se glisser dans la nuque de Wendy alors que la gauche enserre délicatement son poignet. Je me penche à nouveau vers elle et prends ses lèvres. Cette fois-ci, c’est moi qui lui offre ce baiser ; je prends les commandes, me permettant alors plus de fougue. Je me soule du goût de sa peau, m’enivre de son parfum, ne m’interrompant parfois que l’espace d’une fraction de seconde afin de reprendre mon souffle. Je ne romps cette caresse passionnée que bien plus tard ; mes lèvres sont sèches, ma respiration courte et tout mon corps me brûle. Dans ma tête, c’est la tempête. Je suis apaisé, et surexcité. Euphorique, mais aussi flippé. Béat, et pourtant insatiable. Je ne me souviens pas avoir déjà ressenti de telles sensations. Je ne reconnais rien de tout ça. Je pensais pourtant avoir déjà vécu ce genre de rapports humains… Me serais-je trompé ? Aurais-je surestimé mes expériences passées ?
J’ouvre les yeux, les plongeant dans les siens. Soudain très concentré, j’essaye d’y trouver la réponse. Mais le rythme effréné de mon cœur et le sang battant furieusement à mes tempes m’empêchent de réfléchir. Et c’est sans compte ses lèvres, toujours à quelques millimètres des miennes, qui m’attirent telles un aimant, m’appelant une nouvelle fois, tout ça bien malgré moi. Ce manque de contrôle m’effraie, et je préfère m’écarter, lâchant sa main et sa nuque et me redressant. Mais je ne dessoude pas mon regard du sien, continuant à la contempler, l’air très sérieux. C’est alors que je remarque sa tenue. Ce n’est pas en étant ainsi vêtue qu’elle risque de passer beaucoup de temps à l’extérieur ; et même sans cela, puisque je sais maintenant qu’elle n’est pas censée s’éloigner de chez elle, je me dis que quoiqu’il en soit, ce moment volé ne durera pas bien longtemps. Je baisse les yeux, avisant alors ma guitare et les deux cordes qui gisent à terre. Je m’agenouille sur le sol et récupère tout cela, reprenant, plus calmement cette fois, le remplacement de la corde. Une fois que c’est fait, je relève les yeux vers Wendy. Je l’observe ainsi longuement, sans ciller, immobile, avant de faire le moindre geste. Je lui tends alors l’ancienne corde, qui n’est d’ailleurs pas si vieille que cela, puisque c’était la même que j’avais cassée lors de notre deuxième rencontre. Ça ne semble pas grand-chose, mais pour moi qui refuse de m’exprimer autrement que par la musique, une corde de guitare est une partie de mon être, de ma voix ; et j’aimerais qu’elle reparte avec. Lorsque sa main se referme sur la corde, au lieu de la lâcher, je tire légèrement dessus, l’attirant doucement vers le sol, pour que nos regards se retrouvent à la même hauteur. Je lui souris alors, gardant encore quelques seconde ce lien entre nous deux avant de le lui céder.
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MessageSujet: Re: Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave   Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave EmptyMer 12 Sep - 23:47



✖Octave & Wendy✖
« Don't you shiver
Shiver
Sing it loud and clear
I'll always be waiting for you » Coldplay, Shiver

Je vais tourner la tête pour regarder là d’où je viens, afin de vérifier que personne n’a l’excellente idée de s’approcher du magnolia après avoir entendu la guitare d’Octave. Mais je n’en ai pas le temps, l’une des mains d’Octave vient se poser sur ma nuque, l’autre attrape mon poignet et sans que j’aie le temps de dire ou faire quoi que ce soit, ses lèvres se posent sur les miennes. A nouveau les mêmes sensations me submergent ; ces longs frissons qui parcourent mon échine, les battements irréguliers de mon cœur, le souffle saccadé et cette douce chaleur qui se répand dans tout mon corps. Mes mains viennent se perdre dans ses cheveux blonds que je caresse avec douceur. L’une d’entre elle redescend sur son visage, effleure sa joue, sa gorge, pour venir de poser contre sa poitrine où je peux sentir les battements désordonnés de son cœur. Un léger sourire étire mes lèvres alors que celles d’Octave y sont toujours posées sur. Son cœur bat au moins aussi vite que le mien même si j’ai l’impression que c’est impossible tant on dirait qu’il veut trouver un moyen de s’échapper de ma poitrine. J’espérais, j’espérais que ce ne serait qu’une passade, que ces frissons lorsqu’il me regarde n’étaient que dus à la nouveauté. Que tout cela passerait en un claquement de doigt. Je suis bien obligée d’avouer que j’ai eu tort, que plus le temps passe et plus il laisse une marque profond sur mon cœur ; plus l’étau se resserre et m’emprisonne. C’est donc cela qu’ils appellent l’Amour ? Cette impression que le vide avec lequel nous vivons au quotidien est soudainement comblé par quelqu’un ? Cette impression que lorsque l’autre n’est pas là tout est soudainement plus pâle et insipide ? Si c’est cela, alors je ne peux que me rendre à l’évidence : je suis amoureuse. Amoureuse de celui qui m’a sauvé la vie à l’aide d’une chanson, une seule et unique chanson. Ses lèvres se détachent doucement des miennes et je rouvre mes paupières pour le regarder. Ma main est toujours posée contre sa poitrine dans laquelle son cœur se déchaîne avec force. Doucement, elle glisse pour reprendre sa place le long de mon corps tout comme celle qui s’était glissé dans ses boucles blondes. Petit à petit, mon souffle reprend un rythme normal, mon cœur commence doucement à se calmer, je reprends pieds sur la réalité.

Il se redresse et s’écarte un peu de moi, je ne dis rien, je me contente de le regarder. Ce n’est que lorsqu’il baisse les yeux que je détourne mon regard pour pouvoir m’assurer que personne ne vient. Je me demande si Carole a cherché à me suivre, lorsque j’ai dévalé les escaliers quelques minutes plus tôt. Je croise mes bras contre ma poitrine, frissonnant légèrement en sentant le vent frais s’engouffrer dans les pans de mon peignoir. Brillante idée de sortir ainsi Wendy, vraiment. Je tourne la tête pour reposer mes yeux sur Octave qui est occupé à remettre une corde. Tiens, quand l’a-t-il cassée ? Est-ce moi ou c’est la deuxième fois qu’il en casse une lorsque je suis là ? Et la même qui plus est ! Alors je l’observe, attentive aux moindres mouvements qu’il exécute. Et même lorsqu’il a terminé, je ne détourne pas mon regard, je ne me rends même pas compte que ses yeux sont posés sur moi et ce n’est qu’au moment où il tend son bras que je le réalise. Mon regard glisse sur ce qu’il tient dans sa main, une corde de guitare… La corde de guitare qu’il vient de changer. Je fixe le fil épais et métallique qu’Octave me tend avant d’en prendre un bout dans mes mains. Il tire l’autre bout pour que je me baisse, je m’exécute, m’agenouillant face à lui. Je soutiens son regard et je sens qu’il relâche le morceau de corde. Je l’enroule entre mes doigts sans détacher mes yeux des siens. J’ai bien compris ce que peut représenter ce geste et je n’en suis que plus touchée. Je me rapproche de lui pour déposer un baiser sur sa joue, puis un autre un peu plus bas, encore un autre sur le coin droit de ses lèvres. Et je reviens sur son autre joue, je refais le même manège sans jamais poser mes lèvres sur les siennes. Pourtant j’en meurs d’envie mais je me contente de les caresser du bout de mes doigts pendant de longues secondes, je souris. « Merci… » Murmuré-je avant céder à ma furieuse envie de l’embrasser. C’est le même cataclysme qui dévaste ma poitrine et mon esprit, je me demande si avec le temps, cela se calmera ou si je ressentirai toujours ça. Mes lèvres quittent à peine les siennes qu’une voix me parvient. Je tourne rapidement la tête en reconnaissant Carole, c’est vrai qu’elle doit se demander où je suis. Je repose mon regard sur Octave. « Ne bouge pas d’ici d’accord ? Je reviens très vite, promis. » J’embrasse une dernière fois ses lèvres avant de me lever et de quitter le magnolia.

Je me dépêche de retourner près de la maison où Carole est plantée, juste devant la porte de la cuisine. « Enfin vous voilà Miss Wendy ! Je vous cherche désespérément depuis tout à l’heure ! Et qu’était-ce que ce bruit tout à l’heure ? » Que de questions, cela me change du silence d’Octave. « Ma mère dort-elle ? » La cuisinière hoche de la tête. « Je n’ai pas le temps de t’expliquer, je dois aller me changer. Je rentrerai avant le réveil de ma mère, ne t’en fais pas ! » Je ne lui laisse pas le temps de répondre que déjà je fonce dans les escaliers pour rejoindre ma chambre. Je retire mon peignoir que je lance sur le lit, attrapant des vêtements un peu au hasard. Je n’ai pas envie de perdre de temps, je sais déjà que la nuit sera bien trop courte à mon goût… Je m’assieds sur le bord de mon lit le temps d’enroule la corde de guitare autour de mon poignet, prenant garde à serrer un minimum pour qu’elle ne glisse pas le long de ma main. Une fois fait, j’enfile mes chaussures et attrape mon sac dans lequel repose mon carnet de dessins. Je me hâte de retourner sous le magnolia où Octave n’a pas bougé d’un pouce. « Nous ferions mieux de ne pas rester ici, le gardien a parfois tendance à se promener… » J’esquisse un sourire. « Mais avant… » Je baisse la tête pour fouiller dans mon sac à la recherche de mon carnet. Je l’ouvre et en sors une feuille volante que je tends à Octave. « Je voulais te donner ça hier. » Sur la petite feuille de papier, j’ai reproduit au mieux le dessin à la craie de notre première rencontre. Contrairement au modèle, il n’est pas éphémère et Octave pourra le conserver.

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MessageSujet: Re: Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave   Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave EmptyJeu 13 Sep - 20:26

J’ai à peine le temps de profiter de ce nouveau baiser qu’elle m’offre ; nous sommes interrompus par une voix que je reconnais comme étant celle de la femme que j’avais aperçue de loin la veille, en suivant Wendy jusqu’ici. Je m’écarte vivement d’elle, le cœur battant, mais cette fois d’appréhension. Sur le coup, je me dis que ça y est, cet instant volé touche à sa fin. C’est pourquoi je suis plutôt pris au dépourvu lorsqu’elle m’annonce de l’attendre, qu’elle revient tout de suite, avant de déposer un rapide baiser sur mes lèvres. Je la regarde s’éloigner, légère et gracile, la lueur de la lune se reflétant sur la soie claire qui ondoie telle de l’eau autour de son corps. Une fois qu’elle a disparu de l’autre côté de la porte, je me laisse retomber en arrière ; mon dos heurte le sol frais et terreux ; croisant les bras derrière ma tête et observant le ciel étoilé, morcelé à travers les branches, les feuilles et les fleurs, je pousse un long soupir, un sourire rêveur étirant mes lèvres sans même que je m’en rende compte.
Je ne reste pas bien longtemps ainsi, car bientôt j’entends le son de ses pas se rapprochant peu à peu. Je bondis aussitôt sur mes pieds, ramassant ma guitare au passage. Elle s’est changée, j’en déduis qu’elle ne compte pas rester ici ; d’ailleurs, elle déclare qu’il vaut mieux ne pas traîner. Mais, je croyais qu’elle ne devait pas sortir ? C’est pour ça que je suis ici, pour lui éviter les ennuis. Pourtant, j’ai bien envie de partir d’ici, avec elle, de retrouver notre petit monde sous le pont, rien que tous les deux. Alors, peut-être un peu égoïstement, je ne pense même pas une seconde à faire ma tête de mule. Je m’apprête donc à mener la marche hors de la cachette, lorsqu’elle me retient. Je me retourne pour voir sa main levée, me tendant quelque chose. Mais je ne fais pas tout de suite attention à ce qu’elle tient ; mes yeux se posent d’abord sur la corde que je lui ai offerte, enroulée autour de son poignet. Mon cœur s’emballe alors que je plonge mon regard dans le sien. Elle doit presque me fourrer ce qu’elle me tend dans la main pour que je réagisse. Sortant alors de ma transe, je prends un air concentré en observant de quoi il s’agit. Mon visage s’éclaire finalement lorsque je reconnais son dessin, et me revient alors aux lèvres ce petit sourire rêveur que je ne contrôle pas. Je le contemple durant de longues secondes, béat, avant de finalement le plier légèrement, prenant garde à ne pas faire de marque sur le papier, et de le glisser derrière les cordes, dans le corps de ma guitare ; ainsi, à travers le dessin, Wendy m’accompagnera partout où j’irai. Je dépose ma guitare à terre, l’appuyant contre ma jambe, puis prends le poignet de Wendy dans ma main, la regardant longtemps dans les yeux. Puis, de ma main libre, j’écarte une mèche de cheveux de son visage, avant de me pencher vers elle pour déposer un baiser sur sa joue, juste au coin des lèvres, m’attardant peut-être un peu plus que nécessaire. Je me redresse ensuite, récupère ma guitare et, sans lâcher son poignet, me mets en marche, l’entraînant à ma suite. J’ouvre le portillon d’un mouvement de l’épaule ; il glisse en silence sur ses gonds, nous laissant rejoindre la liberté de la rue.




C’est tout naturellement que nos pas nous mènent jusqu’à notre pont. C’est vrai que le cadre n’est pas des plus agréables, quand on y regarde bien. Le quartier est miteux et peu recommandable, le pont en lui-même n’est qu’un bloc de béton pas vraiment harmonieux, mal éclairé, et l’eau qui s’écoule en dessous est telle une encre opaque. Mais c’est notre endroit, à nous, là où nous nous sommes rencontrés, retrouvés, et où nous pouvons rejoindre notre bulle sans nous soucier du reste du monde.
Pourtant, lorsque nous arrivons, je vois tout de suite que quelque chose n’est pas comme d’habitude. Une voiture est garée le long du trottoir. Ce n’aurait été qu’un bête détail sans importance, s’il ne se trouvait pas que cette voiture, je la connais. Fronçant les sourcils, je m’approche du sommet des escaliers. Tenant toujours Wendy délicatement par le poignet, je fais en sorte qu’elle reste derrière moi, à peu près cachée par ma grande stature. Alors, mes yeux se posent sur la personne qui, clairement, m’attend au pied des marches. Abigail.
« Bonsoir, Octave… Et bonsoir, miss. »
Je fronce les sourcils. Qu’est-ce qu’elle fait là ?
« Je suis désolée de euh… m’imposer. Mais il fallait que je te parle. Et vu que les seules fois où t’es à la maison, tu dors, j’ai pas eu d’autre choix que de venir te trouver ici… Et oui, j’avoue, je t’ai suivi, hier, pour savoir où tu allais. T’as le droit d’être en rogne, et te connaissant, tu dos déjà l’être. Mais c’est comme ça, que ça te plaise ou non. »
Je ne bouge pas d’un pouce, la regardant froidement.
« Viens t’assoir, je veux juste discuter. »
Discuter ? La bonne blague. Ben moi j’en ai pas envie, pas envie du tout.
« Allez, fais pas ta tête de mule. »
C’est pas l’envie qui manque, pourtant… D’ailleurs, j’esquisse déjà un mouvement pour me détourner et partir d’ici avec Wendy, lorsqu’elle m’appelle plus fermement.
« Octave Louis Francœur, venez ici tout de suite, nom de dieu ! »
Je rentre la tête dans les épaules, fronçant le nez et retroussant les lèvres inférieure. Bon sang que j’aime pas ça quand elle prend son ton de grande sœur, du haut de ses vingt-cinq ans. Mais dans ces moments là, je sais d’expérience que la situation est sérieuse et qu’il vaut mieux que, comme elle dit, je ne fasse pas ma tête de mule. Alors, la mine toujours aussi boudeuse — on ne se refait pas — je la rejoins au pied des escaliers, entraînant Wendy à ma suite. Abi s’adresse d’abord à elle :
« Veuillez m’excuser miss, ça ne prendra que quelques minutes. Et vu que c’est pas lui qui le fera, je vous rassure : je ne suis qu’une amie. »
Elle s’assoit alors sur une rambarde, nous faisant signe d’en faire autant sur celle d’en face. Mais je ne bronche pas. Elle lève les yeux au ciel et pousse un soupir.
« Très bien, continues à bouder comme tu sais si bien le faire, sale chieur. Mais écoute moi, c’est tout ce que je demande, d’accord ? … Qui ne dit rien consent. »
Bah putain, si ça devait être vrai, je serais pas contrariant dans mon genre. Et pourtant, malgré mon mutisme, je suis pas le dernier des chieurs, comme elle le dit.
« Octave, t’as conscience que t’es en train de merder grave ? Qu’est-ce que t’as cru ? Que de jouer tous les soirs c’était pour le fun, pour ton petit plaisir ? C’est ton job, mon vieux ! Et non seulement depuis quelques temps tu le fais mal, mais en plus ce soir t’as décidé de même pas le faire ! Uncle Bob est furax ! Il répète à qui veut l’entendre qu’il va te foutre à la porte. Jusqu’ici je pensais que c’était juste la colère qui parlait, mais je l’ai jamais vu comme ça. Et puis soyons honnêtes… »
Elle baisse le regard, et légèrement le ton.
« Octave, tu te montres un peu ingrat. Après tout ce qu’Uncle Bob a fait pour toi… Il te réclame rien en échange, juste que tu joues. Et toi, tu demandes que ça, alors tu peux même pas dire que c’est une corvée, que t’es forcé en quoique ce soit. Mais ça n’en reste pas moins ton devoir. T’as vingt-neuf ans, alors prends tes responsabilités. »
Elle secoue la tête, soupire et saute à bas de la rambarde.
« C’est tout ce que j’ai à dire… Je te laisse maintenant. »
Elle s’éloigne, atteint le haut des escaliers, puis se retourne une dernière fois.
« Réfléchis bien… Je veux pas perdre mon meilleur ami. »
Quelques secondes plus tard, le bruit d’un moteur retentit avant de s’éloigner dans la nuit.
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MessageSujet: Re: Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave   Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave EmptyVen 14 Sep - 17:18



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Le bras tendu, je tiens toujours mon dessin dans ma main. Mais Octave ne semble pas vouloir bouger pour le prendre. Je fronce les sourcils, pourquoi est-il soudainement dans la Lune ? Mon regard dévie sur mon poignet droit autour duquel est attachée sa corde de guitare ; un sourire vient étirer mes lèvres. Alors c’est pour ça qu’il fait cette tête là ? Je me retiens de rire en lui fourrant le papier dans les mains, vu qu’il n’y a qu’ainsi qu’il se rendra compte que je le lui tends depuis deux bonnes minutes maintenant. Je referme mon carnet pour le ranger précautionneusement dans mon sac. Je relève la tête juste pour voir Octave glisser mon dessin dans le corps de sa guitare et c’est à mon tour d’avoir un sourire rêveur sur les lèvres. Ca me touche qu’il le mette là, étant donné qu’il ne lâche jamais son instrument, je serai en quelque sorte toujours avec lui, comme lui avec moi grâce à sa corde de guitare autour de mon poignet. Sa main vient délicatement enserrer mon poignet pendant que l’autre retire une mèche qui est venue tomber devant mon visage lorsque je rangeais mon carnet. Rien que de sentir légèrement ses doigts frôler mon visage, je suis secouée par de nombreux frissons. Enfin ils sont ridicules comparé à ceux qui m’électrisent lorsque les lèvres d’Octave viennent se poser au coin des miennes. Je ferme mes paupières quelques secondes, juste le temps de reprendre ma contenance habituelle et au rythme rapide de mon cœur de se calmer. A peine ai-je rouvert les yeux qu’Octave m’entraîne derrière lui, tenant toujours dans sa main mon poignet. Je ne dis rien, je me laisse porter par ses pas bien contente de quitter la maison de mes parents. Moi qui pensais que ma nuit serait morose et sans le moindre intérêt je me suis lourdement trompée. Je fais tout juste attention au fait que le vieux portillon rouillé ne grince plus, trop occupée que je suis à regarder le dos d’Octave juste devant moi. C’est tout de même à ce moment que je réalise qu’il m’a très certainement suivie la dernière fois, sinon comment aurait-il pu trouver l’endroit où je vis ? Surtout en ne connaissant que mon prénom et en ne parlant pas. Un vague sourire s’affiche sur mes lèvres et j’accélère le pas pour éviter de trop traîner derrière lui. Il faut dire qu’avec ses grandes jambes, il fait un pas que moi j’en fais trois.

Nous quittons le quartier dans lequel j’ai grandi. Avec les pavés de fleurs entretenus avec soin, un endroit où tout est placé au millimètre près, où il n’y a pas de place pour les imprévus. Et finalement, je me plais à trainer de ce que ma mère appelle « les bas fonds de la société », au moins je ne me sens pas étouffée. Le nez en l’air, je regarde plus les étoiles que là où je vais. Je laisse Octave me guider, puis je connais le chemin par cœur, si bien je serais capable de m’y rendre les yeux fermés (ce que j’ai un peu fait la première fois vu que mes larmes m’aveuglaient.) Quand nous arrivons en haut des escaliers, Octave se met devant moi et je fronce les sourcils. Oh l’asperge, je n’y vois rien moi ! Je regarde son dos un peu frustrée de ne rien voir lorsque j’entends une voix… Une voix féminine. Je me penche un peu sur le côté pour pouvoir voir une jeune femme, juste en bas des marches. Octave, ne pas faire sa tête de mule ? Cela me semble presque impossible à concevoir. Je ne le connais que depuis une semaine et j’ai déjà compris qu’il avait le pire caractère possible. Il est un peu comme un petit garçon capricieux qu’il ne vaut mieux ne pas contrarier. Lorsque la jeune femme nomme Octave par son identité complète, je ne peux m’empêcher à ma mère qui a parfois ce réflexe ridicule… Enfin on enlève le « nom de Dieu » et ça sonne exactement comme elle. Finalement Octave finit par descendre les escaliers toujours en tenant mon poignet m’entraînant à sa suite. Une fois en bas, je peux un peu plus facilement voir la jeune femme, une jolie brune qui a tôt fait de préciser qu’elle n’est qu’une amie. Oui c’est sûr que ce n’est pas Octave qui risque de le faire hein. Je hoche de la tête, elle peut prendre son temps. Le reste de l’échange, je ne l’écoute pas vraiment, de toute façon cela ne me regarde pas puis je suis trop occupée à regarder l’eau s’écouler sous le pont. Il n’y a qu’une phrase qui m’interpelle : « T’as vingt-neuf ans, alors prends tes responsabilités. » … Vingt-ne… Quouaaaaaa ? Je tourne la tête pour regarder Octave avec la tête d’une poule qui a trouvé un cure-dents. Si je m’attendais à ce qu’il soit aussi… Vieux ! Et ce n’est qu’une fois la jeune femme partie que je m’exclame : « T’as vingt-neuf ans ?!! » Ouai bon, il ne risque pas de me répondre hein. « T’es… Vieux ! » Je descends de la rambarde tout en le regardant. « Enfin vieux… Tu as tout de même neuf ans de plus que moi. » Je cherche dans mon sac ma boite de craies que je mets un certain temps à trouver. « Ce ne sont pas mes affaires mais… Tu devrais peut-être te reprendre. Tu as la chance de faire ce que tu aimes. Ce qui n’est vraiment pas le cas de tout le monde. » J’ouvre ma boite de craies pour en sortir la marron. Je me mets à genoux sur le bitume et commence à tracer une légère courbe.

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MessageSujet: Re: Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave   Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave EmptyVen 14 Sep - 23:50

Je reste immobile, les yeux rivés obstinément sur le sol, jusqu’à ce que le bruit du moteur de la voiture d’Abi ait tout à fait disparu dans la nuit. Quand soudain…
« T’as vingt-neuf ans ?!! »
Je relève le nez. Euh… Bah ouais. Enfin, il paraît hein.
« T’es… Vieux ! »
Je cligne des yeux. Vieux ? Bah merci !
« Enfin vieux… »
Ben oui, merci ! Et pour me dire ça, elle, elle a quel â…
« Tu as tout de même neuf ans de plus que moi. »
Ah. Ouais. D’accord. En effet vu comme ça…
À vrai dire, personnellement, je m’en contrefiche comme de ma première chemise. Mais me reviennent les mots prononcés par Uncle Bob lors de notre première rencontre. « Qu’est-ce que tu fous avec ma nièce qui n’a que dix-sept ans ? » J’en avais vingt-et-un à l’époque, ça faisait déjà une belle différence d’âge, et j’avais compris que ce fait ne plaisait pas énormément à certaines personnes. Alors maintenant, avec plus du double…
Je me gratte la tête. D’après la réaction de Wendy, je n’arrive pas à savoir si cela la dérange ou non. D’autant plus que, maintenant, elle se détourne de moi pour aller s’installer plus loin, sur le sol, et commencer à dessiner. Penchée vers le sol, son visage est caché par ses longs cheveux tombant en cascade. Je ne peux même pas essayer de lire son regard.
« Ce ne sont pas mes affaires mais… Tu devrais peut-être te reprendre. Tu as la chance de faire ce que tu aimes. Ce qui n’est vraiment pas le cas de tout le monde. »
Elle se met à me faire la morale, maintenant. Mais elles se sont donné le mot ou quoi ? Et me voilà aussitôt reparti dans ma bouderie. Je vais m’asseoir sur ma rambarde, serrant ma guitare contre moi, mais sans même penser à toucher aux cordes. Je n’ai pas la tête à ça. Dire qu’en plus, c’est pour elle que je fais tout ça ! « Putain Octave, même sans causer, tu peux être d’une de ces mauvaises fois quand tu veux ! » … Pour elle, ou pour moi ? Elle ne m’a jamais forcé à venir ici tous les soirs… Lors de notre toute première rencontre, pas une seule fois elle ne m’a laissé entendre que nous pourrions nous revoir. J’ai moi-même pris la décision de me rendre ici chaque soir, espérant qu’elle reviendrait. J’ai tout laissé tomber pour cette obsession que je me suis mise dans la tête.
Et si tout ça n’était qu’un de mes éternels caprices ? C’est du moins ainsi que mon entourage semble considérer cette histoire… Je comprends que j’ai déjà fait du mal à Abi et Uncle Bob… Si je finissais par en faire à Wendy ? À cette pensée, mon cœur se serre. Encore de la culpabilité ? Je ne comprends plus rien.
Une obsession que je me suis mise dans la tête ? Pourtant, non. C’est bien la première fois que je ne décide pas d’une telle chose. Elle m’est venue bien malgré moi, s’est emparée de moi, sans que je puisse la contrôler. Venir ici dans l’espoir de retrouver Wendy est devenu bien plus qu’une obsession ; c’est une nécessité. Quand je retrouve mes neuf mètres carrés sous le toit d’Uncle Bob, je sens un vide tel que je n’en avais jamais connu depuis que mes parents m’avaient séparé de ma sœur en m’envoyant en HP. J’ai besoin de Wendy, besoin de la voir, même de loin. Mais si elle, elle n’avait pas besoin de moi ? Une douleur me transperce le corps. Qui dans sa vie aurait besoin d’un sale chieur, capricieux, têtu et hors-la-loi qui plus est ?
Je la regarde, si jeune, si fragile… Mon cœur s’affole. Elle était venue ici pour mettre fin à ses jours. Je l’en ai empêchée. Peut-être était-ce là l’unique rôle que j’avais à jouer dans sa vie, si différente, si éloignée de la mienne. Pourtant, je ne peux me résoudre à l’idée de renoncer à elle.
Tu peux me le dire, toi ? Wendy, dis-le moi. Ou laisse moi trouver la réponse dans tes yeux, tes si beaux yeux.
Mes doigts effleurent les cordes, hésitants. Finalement, je crois que je commence à jouer sans même m’en rendre compte. Ces notes et ces mots qui vibrent dans les airs, je ne sais s’ils sont pour elle, pour moi… ou pour nous.

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MessageSujet: Re: Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave   Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave EmptyDim 16 Sep - 20:28



✖Octave & Wendy✖
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A genoux sur le bitume, de profil à Octave, je ne le regarde plus. Une fois que le bout de ma craie s’est posé sur le goudron, j’ai arrêté de lui prêter attention. De toute façon, il ne risque pas de m’adresser la parole ? Et s’il veut entrer en contact, il a sa guitare pour m’appeler ce qu’il sait très bien faire. Et pour le moment il semble faire la gueule alors autant le laisser bouder dans son coin. Quand il aura terminé il me fera signe ! Je continue de tracer mon trait légèrement courbé, le prolongeant dans des branches sinueuses et entrelacées. Je fais la même opération de l’autre côté, faisant monter les branches un peu plus haut cette fois-ci. J’ai dans mon esprit l’image nette et détaillée du magnolia sous lequel nous étions quelques temps auparavant, Octave et moi. Jamais cet arbre ne m’a autant parlé que maintenant et j’ai l’impression qu’il possède, et de loin, les plus belles fleurs que j’ai jamais vues. Un léger sourire s’affiche sur mes lèvres, lèvres qu’il a effleurées, possédées et qui lui appartiennent, à lui et à lui seul. Je sens mon cœur s’emballer dans ma poitrine. Que m’as-tu fait Octave ? Quel sort as-tu bien pu me jeter pour que je sois si éprise ? De mon index et de mon majeur, j’étale la craie sur le sol noir. Le tronc a pris forme, il émerge du bitume et bientôt des fleurs le rejoindront. Je remets une mèche de mes cheveux derrière mon oreille droite, mais quelques secondes après, la mèche revient se mettre en plein milieu de mon visage. Ah si j’avais, j’aurais pris un élastique ! Je me frotte les mains, range ma craie marron pour prendre la blanche et commencer à esquisser une fleur. Derrière-moi, Octave a commencé à utiliser sa guitare et sa voix bientôt le rejoint.

Au tout début, je n’écoute pas particulièrement les paroles, trop occupée que je suis à dessiner les contours précis d’une première fleur de magnolia. Mais d’un coup, ma main dérape, laissant derrière elle un trait blanc. Je me fige, prêtant d’un coup une oreille très attentive à la chanson d’Octave. Aurais-je rêvé ? Je doute de ce que j’ai entendu. Je fixe mon trait blanc, la respiration soudainement très lente afin de ne louper un seul mot. Non, je dois rêver. Mais ce n’est pas pour autant que je continue à dessiner et je fais bien car à nouveau, il répète ces deux phrases qui me troublent : « What if you should decide. That you don't want me there by your side. That you don't want me there in your life » Mon cœur se serre douloureusement, s’adresse-t-il à moi ? Ou est-ce une chanson comme une autre qui ne m’est pas destinée ? Lentement, je lève les yeux vers Octave pour voir qu’il me regarde. Non, je ne me suis trompée, il me parle à sa façon. Je ne comprends pas pourquoi il fait ça, pourquoi se demande-t-il cela ? Pourquoi doute-t-il de moi ? A cause de ma réflexion sur son âge ? Il m’importe peu. Je serre ma craie au point qu’elle se brise en plusieurs morceaux dans mes mains. Je les lâche au moment où les dernières notes vibrent dans l’air. Je me lève, essuyant mes mains poussiéreuses sur mon jean et m’approche de lui. Debout face à Octave et lui étant assis sur la rambarde, nous sommes presque à la même taille. Il dépose sa guitare au sol, tant mieux, je peux ainsi m’approcher un peu plus de lui. Je prends son visage dans mes mains, le regardant dans les yeux avec le plus grand sérieux. « Octave… » Je caresse ses joues de mes pouces avec douceur. « Tu m’as sauvé la vie, ça tu le sais bien. Mais sais-tu également ce que tu as fait ? » Je laisse s’écoule quelques secondes. « Cela fait vingt ans que je tente de trouver un sens à ma vie, en vain. Toi tu l’as fait. Tu as mis de la couleur dans mon existence qui en manquait cruellement. » Un léger sourire se dessine sur mes lèvres. « Tu as comblé ce vide, ce manque qui m’habite depuis toujours je crois. » Je prends une de ses mains dans la mienne pour la poser contre ma poitrine à l’intérieur de laquelle mon cœur bat furieusement. « C’est ainsi à chaque fois que tu es là, tout près de moi. Ou lorsque je pense à toi. » J’attrape un feutre noir à la pointe très fine, prenant la main d’Octave posée contre ma poitrine. « Je serais bien idiote de ne pas vouloir de toi. Te rejeter serait la pire erreur de ma vie. » Je retire le capuchon, posant la pointe du feutre à l’intérieur du poignet d’Octave. Rapidement et avec précision, je trace des courbes, des arabesques. Un O et un W entrelacés. Octave et Wendy. Je referme le feutre puis regarde Octave. « Tant que tu voudras de moi, je serai ta Wendy. Aussi longtemps que tu le souhaiteras. » Mon cœur se déchaine dans ma poitrine, le sang pulse dans mes tempes. Je passe mes bras autour de son cou et viens poser mes lèvres sur les siennes. Et le tourbillon de sentiments qu’Octave anime passe à travers ce baiser. Tout cet… Tout cet amour que j’ai pour lui. Je veux lui prouver qu’il n’a pas à avoir de doute, qu’il ne doit jamais en avoir. Je suis sa Wendy.

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MessageSujet: Re: Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave   Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave EmptyLun 17 Sep - 21:44

Son regard m’électrise et me coupe le souffle. Mais je n’ai pas terminé ma chanson, j’ai encore des choses à dire, et il est hors de question que je m’arrête en pleine confession... Alors je prends sur moi et je continue, mes yeux rivés dans les siens. Mes lèvres s’assèchent rapidement et chaque mot qui s’en échappe est comme du papier de verre sur ma langue. Mais je continue, jusqu’à ce que j’ai le sentiment d’avoir extériorisé tout ce que j’ai sur l’esprit, sur l’âme, sur le cœur. Ce n’est qu’après avoir répété deux fois le refrain que je me sens satisfait. Je laisse les dernières notes s’éteindre ; et comme toujours, alors que les dernières vibrations se sont laissées mourir, je les sens encore vivre en Wendy. Pourtant, je n’arrive pas à la lire… Mes pensées sont trop confuses, et mon cœur, qui bat plus furieusement que jamais, m’assourdit. Ne sachant à quoi m’attendre comme réaction de la part de ma Muse, la frustration et l’appréhension montent en moi, et mes mains se crispent tant sur ma guitare que je crains presque de la briser. Alors, je la dépose sur le sol, juste au moment où Wendy se lève pour s’approcher de moi. Elle pose ses mains sur mes joues, aussitôt en feu. Je sens qu’arrive le moment de vérité.
« Octave… »
C’est… C’est moi. Enfin je crois. Je sais plus.
« Tu m’as sauvé la vie, ça tu le sais bien. Mais sais-tu également ce que tu as fait ? »
Non, j’en sais rien… Je sais plus rien. Je suis paumé.
« Cela fait vingt ans que je tente de trouver un sens à ma vie, en vain. Toi tu l’as fait. Tu as mis de la couleur dans mon existence qui en manquait cruellement. Tu as comblé ce vide, ce manque qui m’habite depuis toujours je crois. »
J’ai du mal à y croire… Qu’est-ce qu’un type comme moi aurait pu lui apporter ? Et pourtant je vois dans ses yeux, et j’entends dans sa voix, qu’elle me dit la vérité, qu’elle m’ouvre tout simplement son cœur, son cœur que je sens maintenant s’affoler contre ma paume ; ma pulsation se calque sur la sienne dans une synchronisation quasi parfaite.
« C’est ainsi à chaque fois que tu es là, tout près de moi. Ou lorsque je pense à toi. »
Moi aussi, moi aussi, il m’arrive la même chose, à chaque fois. Mon cœur bat d’ailleurs soudainement encore plus fort lorsqu’elle prend ma main dans la sienne ; je réalise seulement où elle était posée il y a juste quelques fractions de seconde. Ma peau me brûle plus que jamais.
« Je serais bien idiote de ne pas vouloir de toi. Te rejeter serait la pire erreur de ma vie. »
Je ne comprends pas pourquoi… Mais je te crois. Et je t’en remercie, ma Wendy. Car je sais déjà que je ne peux plus imaginer ma vie sans toi.
« Tant que tu voudras de moi, je serai ta Wendy. Aussi longtemps que tu le souhaiteras. »
Mes yeux, qui s’étaient posés rêveusement sur les initiales qu’elle a tracées sur mon poignet, viennent retrouver les siens, soudain bien plus proches qu’ils ne l’étaient il y a encore quelques instants. Si je veux d’elle ? Ce n’est même pas la question… J’ai besoin d’elle. Et je suis à elle.
Tandis que ses bras viennent entourer mon cou, mes mains se glissent dans sa nuque ; mes yeux se ferment alors que je sens son souffle sur mes lèvres entrouvertes ; les siennes s’y posent enfin en une caresse douce et légère qui ébranle tout mon être. Je l’attire plus près de moi, la serrant dans mes bras, et entrelaçant ma jambe gauche à sa droite. Je sens ma peau suer légèrement à chaque endroit où elle touche la sienne. Quant à mon cœur, il bat si vite et si fort que cela ne m’étonnerait pas s’il déchirait soudainement ma poitrine. Tout mon corps s’emballe, et dans mon esprit se fait le néant. Notre échange se fait plus fougueux, plus passionné, peut-être même plus audacieux. Je ne peux même plus suivre le trajet désordonné de mes mains, se perdant tantôt dans les cheveux de Wendy, ou venant caresser ses épaules, ses bras, ses hanches, sa chute de reins…
Mais je suis ramené à la réalité de la façon la plus triviale qui soit, par une voix éraillée, criarde et vulgaire qui s’élève dans les airs de la rive d’en face jusqu’à la notre :
« Alors, on prend du bon temps ? Faut en faire profiter les autres ! Bougez pas, on arrive ! »
Bondissant au pied de ma rambarde et me plaçant devant Wendy, j’ai juste le temps d’apercevoir une bande de cinq hommes gravir les escaliers de l’autre côté du pont et commencer à se diriger vers nous. Je ne perds pas un instant ; je prends le poignet de Wendy d’une main, ma guitare de l’autre, et je cours.
« Hey ! Revenez ici ! La fête a même pas commencé ! »
Je ne sais quel sentiment a le dessus sur moi alors que je trace à travers les petites rues dans l’espoir de les semer. De la colère ? de la frustration ? de la peur ? Je crois qu’avant tout, je pense d’abord à mettre Wendy en sécurité. J’aurais bien dû penser que ce genre de choses finirait par arriver. Moi à la rigueur, je m’en fous, j’en ai vu d’autres. Mais il est hors de question que qui que ce soit ne touche même qu’à un cheveu de Wendy. C’est donc tout naturellement que je prends la direction du quartier où elle réside. Il est temps que je mette mon égoïsme de côté. Ça suffit les conneries…
Même lorsque je suis presque entièrement sûr qu’ils ne nous suivent plus, je continue à courir. Car, si je m’arrête maintenant, je crois que je serais capable de changer d’avis. Je ne stoppe ma course effrénée que lorsque se dresse devant nous le lourd grillage de fer forgé entourant la résidence où vit Wendy. Je me tourne vers elle, un air désolé mais résolu venant assombrir mon visage. Je pousse alors le portail, la faisant passer devant moi. Mais je reste du côté de la rue. Je pose une main, celle où elle a tracé nos initiales, sur sa joue, et la caresse du pouce. Mes yeux ne quittent pas les siens.
Ne va pas croire que je te rejette, ma Wendy… Mais c’est mieux comme ça. Je ne veux pas que tu te mettes en danger, pas pour moi… Je n’aurais jamais dû te ramener là-bas. C’est pour ça que je t’ai suivie, pour que je puisse venir à toi, et pour ne plus que tu sois dans l’embarras vis-à-vis de ta famille. Et si maintenant des inconnus viennent s’en mêler… Non, je ne peux pas autoriser ça. Je veux bien revenir ici, tous les soirs, me cacher dans ce magnolia, même si c’est seulement pour te voir de loin. Je jouerai quelques accords pour toi, dans le noir, pour que tu saches que je suis là. Mais je veux que tu sois en sécurité. Tu comprends ? Dis-moi que tu comprends…
Posant mon autre main sur sa joue, j’attire doucement son visage au mien et dépose un léger baiser sur ses lèvres. Puis je m’écarte, et commence à repousser le portail, mon regard ne pouvant pourtant se dessouder du sien.
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Wendy R. Marlow
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MessageSujet: Re: Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave   Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave EmptyLun 17 Sep - 23:53



✖Octave & Wendy✖
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En feu. Mon corps est en feu. Ce n’est plus du sang qui coule dans mes veines mais de la lave en fusion qui brûle tout sur son passage. Mon cœur fait des ravages dans ma poitrine, comme s’il cherchait à tout prix à quitter sa cage. Mon souffle est court, rapide et quand bien même je reprends de temps en temps mon souffle entre deux baisers, il ne semble pas vouloir retrouver un rythme normal. Dans ma tête, une foule de pensées se bousculent, elles sont toutes désordonnées, n’ont plus de sens. Jamais de ma vie je n’ai été aussi… Je ne sais pas, je n’arrive même pas à trouver le bon mot pour décrire toute cette vague de sensation qui me submerge comme le ferait un tsunami sur la terre. Et chaque fois qu’une de ses mains entre en contact avec ma peau, de longs frissons parcourent mon dos et j’ai la vague impression qu’ils sont de plus en plus forts et violents… Mes mains viennent se perdre dans ses cheveux, sa nuque, son torse et sa poitrine contre laquelle je peux sentir son cœur battre à un rythme tout aussi effréné que le mien. J’ai un peu l’impression que le monde s’est vidé, qu’il n’y a plus rien ni personne d’autre que celui qui me tient dans ses bras. Enfin… Jusqu’à ce que la voix d’abrutis vienne rompre le silence. Je sursaute légèrement, tourne la tête en fronçant les sourcils pour voir des hommes sur l’autre rive et ils semblent se diriger vers nous. D’accord, on est dans un quartier peu fréquentable mais il fallait que ça arrive hein ? A croire que le sort s’acharne là ! Octave bondit sur ses jambes attrapant sa guitare d’une main et mon poignet de l’autre. Je n’ai le temps de dire ou faire quoi que ce soit qu’il se met à courir.

C’est également dans ce moment là que je suis contente de souffrir deux heures tous les matins sur ce foutu tapis roulant ! Car malgré ses grandes jambes, j’arrive largement à suivre Octave. Heureusement car sinon il serait obligé de me traîner ou de me porter, ce qui ne me plairait vraiment pas. Je sais parfaitement où il va et je n’en ai vraiment pas envie. Je ne veux pas retourner chez moi, retrouver ma mère, retrouver ce quotidien qui me pèse sur les épaules et que je déteste tant. Moi je veux rester avec Octave, je veux tout envoyer bouler juste pour être avec lui. Je tente de ralentir sa course, mais il n’est pas décidé à faire ce que je demande, il continue de courir aussi vite que possible. Arrête ça Octave, ils sont bien loin derrière nous et ne me dis pas que tu as hâte de te débarrasser de moi… Je n’en croirai rien. Et quand le portail en fer forgé vert se dresse devant nous, mon estomac se noue, mon cœur se serre douloureusement. J’ai un mouvement de recul alors qu’Octave se tourne vers moi pour me regarder. Non Octave je t’en prie, ne me force pas à rentrer, ne me force pas à retourner dans mon enfer. Il n’entend rien car il me fait malgré moi passer de l’autre côté du portail ouvert. Ce n’est pas la peine de caresser ma joue, cela ne changera absolument rien au problème. Tiens quelque chose d’humide coule sur ma joue, une larme ? Non car je sens une goute s’écraser sur mes bras nus. La pluie se met doucement à tomber alors qu’Octave m’embrasse avant de commencer à refermer le portillon. Non, je ne suis pas d’accord.

Ma main attrape la poignée, je stoppe la progression. Je rouvre le portillon pour aller me réfugier dans les bras d’Octave. Mes bras viennent enserrer sa taille, mon visage se cache contre sa poitrine, je le serre contre moi. « Ne pars pas, je t’en prie… Je t’en supplie même… Ne me laisses pas toute seule… » Je lève la tête pour croiser son regard, je ne veux pas me retrouver seule, je n’en ai plus du tout l’envie… Je me hisse sur la pointe de mes pieds afin de poser mes lèvres sur les siennes. Puis je l’attire de l’autre côté du portillon et du mur qui séparent la rue du jardin de mes parents. Je repousse la petite porte en fer pour la refermer, ma main glisse dans celle d’Octave et je l’entraîne avec moi alors que la pluie se met soudainement à tomber drue sur nos têtes. Je l’oblige à courir jusqu’à atteindre la porte de la cuisine, je sais qu’elle sera ouverte, Carole ne l’a pas verrouillée pour que je puisse rentrer. Je l’ouvre silencieusement. La maison est plongée dans le noir et le silence le plus total, je sais que cela peut sembler risquer, mais je sais aussi qu’un tremblement de terre ne parviendrait pas à réveiller ma mère, surtout lorsqu’elle a bu. Je lève lentement les yeux vers Octave et là… Je ne contrôle plus rien. Je l’attire à moi pour poser mes lèvres sur les siennes dans un long baiser langoureux ; mon rythme cardiaque s’affole, mon souffle se fait rapidement plus saccadé. Quand mes lèvres se séparent des siennes, je reprends sa main pour l’entraîner dans mon sillage et quitter la cuisine. Nous traversons le vaste hall d’entré afin de rejoindre les escaliers de marbre. Il n’est pas rare que je m’arrête pour reprendre ses lèvres, comme si c’était vital. Enfin nous atteignons le palier, bientôt ma main se pose sur ma poignée de porte pour l’abaisser. Nous nous engouffrons rapidement dans ma chambre. J’appuie mon dos contre le bois, ancrant mon regard dans celui d’Octave tout en reprenant mon souffle. Je sais où tout cela va me mener, ignorante mais pas naïve à ce point. Et c’est de toute façon, ce que je veux.

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MessageSujet: Re: Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave   Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave EmptySam 22 Sep - 20:40

Au regard qu’elle me jette alors que je suis sur le point de refermer le portillon, je sens mon cœur se serrer. Le chaos dans ma tête ne s’arrange pas lorsqu’elle force le passage pour venir se jeter dans mes bras, me suppliant de ne pas la laisser seule. Je serre les dents et regarde le ciel, posant mon menton contre son front, comme si j’espérais y trouver, écrite avec des étoiles, la réponse à ce que je devrais faire. Tu sais Wendy, je n’ai pas envie de partir. Et je ne veux pas non plus te laisser, encore moins t’abandonner. Je n’ai jamais voulu abandonner personne. Pourtant parfois, je dois faire des choses dont je n’ai pas envie, pour qu’une autre puisse être possible, comme ce jour où j’ai voulu prendre ma liberté… Et aujourd’hui, ici et maintenant, c’est toi qui passe avant moi. Je veux que tu sois en sécurité. Alors tu dois rentrer, et moi partir… Mais si tu me regardes comme ça, vais-je seulement en être capable ? S’il subsistait malgré tout encore en moi une once de détermination à repartir d’où je suis venu, elle s’envole définitivement quand Wendy s’empare de mes lèvres, annihilant le peu de raison qui me reste. Je me laisse entraîner de l’autre côté de la grille, mes pas se dirigeant d’abord tout naturellement vers le magnolia où nous étions cachés plus tôt. Mais, alors que la pluie se met soudainement à tomber drue sur nos têtes, elle prend ma main, m’attirant plus loin, le long de l’allée remontant jusqu’à la maison. Je m’arrête sur le pas de la porte, la regardant. Tu es bien sûre de ce que tu fais, Wendy ? Elle me répond en m’entraînant à l’intérieur et en refermant la porte derrière nous, avant de m’embrasser comme jamais jusqu’ici elle ne l’a fait… comme personne ne l’a encore fait d’ailleurs, je crois bien. J’abandonne bel et bien tout contrôle de mon être — de toute façon, en ai-je déjà réellement eu depuis que je la connais ?
Je passe une main derrière son cou, maintenant sa nuque d’une main ; l’autre se glisse sur sa hanche pour tenir son corps tout contre le mien, alors que je réponds avec passion, presque avec fureur, à son baiser. Penché sur elle, je me casse à moitié le dos, mais je m’en contrefous. Lorsqu’elle se détache de moi, je ne la laisse d’ailleurs pas s’en tirer comme ça et reprends ses lèvres quelques secondes avant de finalement la laisser s’écarter, bien à contrecœur. C’est comme un robot que je la suis alors hors de la cuisine, jusque dans le hall, puis en haut des escaliers. Je ne prête aucune attention au décor grandiloquent qui nous surplombe, ne vivant que pour les quelques instants de répit qu’elle m’offre quand elle capture parfois mes lèvres entre deux pas. Lorsqu’enfin elle s’arrête devant une porte, je crois deviner ce qui m’attend de l’autre côté ; moi qui étais déjà haletant, je pense que je vais bientôt manquer d’air, tant la frénésie agite mon corps et mon âme. Je m’engouffre dans la pièce à sa suite ; elle referme la porte ; je me retourne vers elle et nos regards se soudent. Ses yeux me disent ce qu’elle veut, ce qu’elle attend ; et ce désir, je le partage. Même si je ne sais pas encore quel nom lui donner, ce que nous voulons échanger est une évidence, pour elle comme pour moi.
Je la soulève et la plaque contre la porte, l’y maintenant en me collant à elle, nos visages maintenant à la même hauteur. Je l’embrasse enfin avec une passion déchainée. Mes mains parcourent son corps avec fièvre, tandis que mes lèvres abandonnent les siennes pour glisser sur son menton, puis le long de son cou avant de venir caresser le haut de sa poitrine. Je sens sa pulsation, plus forte et rapide que jamais, et entends son souffle bruyant et saccadé ; je perçois une nouvelle sensation qui s’émane d’elle. Je la sens, vibrante entre nous, perturbant les parois de la bulle dans laquelle nous sommes calfeutrés. Mes yeux reviennent à la hauteur des siens. Je pose une main sur sa joue que je caresse tendrement du pouce. C’est quand je reconnais la peur, mêlée à la détermination, face à l’inconnu, que je comprends. Mes lèvres s’entrouvrent, exhalant une seconde de surprise, avant de s’étirer dans un très léger sourire. Je la prends alors dans mes bras, embrassant tendrement ses lèvres tout en me dirigeant vers le lit, où je la dépose délicatement. Je sais désormais comment appeler cet échange, cette communion, que nous allons vivre ensemble : l’amour.
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Wendy R. Marlow
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MessageSujet: Re: Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave   Stuck in reverse and the tears come streaming down your face ✖ Octave EmptySam 22 Sep - 21:23



✖Octave & Wendy✖
« Don't you shiver
Shiver
Sing it loud and clear
I'll always be waiting for you » Coldplay, Shiver

Pendant de longues secondes, nous restons tous deux immobiles, face à face, le regard soudé. Et c’est finalement lui qui s’approche de moi, rapidement, pour me soulever et venir plaquer mon dos contre le bois de la porte de ma chambre. Mes jambes viennent enserrer son bassin et je passe mes bras autour de son cou tandis qu’il colle son corps tout contre le mien. Je sens mon la fréquence de mon rythme cardiaque augmenter sensiblement rien qu’en le sentant plus près de moi. Que dire lorsqu’il m’embrasse… J’ai l’impression de perdre pied, d’être submergée par une immense vague dévastant tout sur son passage, mon esprit est ravagé, je n’arrive pas à remettre mes pensées dans le bon ordre, à leur donner un sens. Quand ses lèvres se séparent des miennes, j’aimerais en profiter pour reprendre mon souffle, mais il ne m’en laisse pas l’occasion, sa bouche se pose sur ma peau et mon cœur ne s’en affole que plus. Je ferme mes paupières quelques secondes, juste le temps de retrouver son regard une fois que mes yeux se rouvrent. Si j’avais tout à l’heure l’impression d’être en feu, je me trompais, j’étais bien loin de la vérité à vrai dire. Car, si c’était le cas, que devrais-je dire pour maintenant ? Comment puis-je qualifier ce qui m’habite en ce moment ? Je ne sais pas. Mais s’il y a une choque que je reconnais, c’est l’appréhension, l’angoisse, la peur. Je n’ignore pas où je vais, je sais ce qu’il va se passer ou plutôt je le sais théoriquement. Finalement, je vais vers l’inconnu et même si j’en ai envie, je n’en reste pas moins un peu angoissée.

Mon dos quitte le bois pour retrouver le contact familier de mon matelas et mon estomac ne s’en noue qu’un peu plus. Mes doigts se crispent légèrement sur la nuque d’Octave, j’aimerais pouvoir enlever ce stress d’un coup de baguette magique, c’est hélas impossible. A aucun moment il ne me brusque, jamais il se ne fait pressent, bien au contraire, il prend son temps, il sait. Et tous ses gestes, tous ses baisers, toutes ses caresses, bien que pleins de passion, restent tous incroyablement doux et tendres. Si bien que petit à petit, je sens la boule dans mon estomac disparaître doucement, mon corps finit par se détendre; je n’ai plus peur. Mes mains se perdent dans ses boucles blondes, descendent sur sa nuque, le long de son dos puis glissent doucement sur son torse pour lui retirer sa veste, qui finit… Oh quelque part dans ma chambre. Mes lèvres quittent les siennes le temps que nos hauts disparaissent sur le parquet clair de ma chambre. J’ignore pourquoi, mais je sens le rouge me monter rapidement aux joues, c’est bien la première fois que je rougis pour si peu. J’ai l’habitude de me retrouver peu habillée et ce devant de nombreuses personnes, qui cherchent le moindre petit défaut, le détail qui ne plaira pas. Mais là c’est complètement différent, le regard d’Octave n’a rien à voir avec ceux que je connais, il ne cherche pas à trouver ce qui ne va pas, ce qui pourrait être changé. Non, il me regarde pour ce que je suis et non pas pour ce que je devrais être. Et en vingt ans d’existence, je sais enfin ce que cela fait que d’exister aux yeux de quelqu’un et il n’y a de toute façon que dans les siens que j’ai envie de vivre. Et c’est pour cela que je m’offre à Octave, corps et âme.

La plus grande partie de la nuit est agitée, j’en ai complètement oublié où je suis, que quelques murs à seulement me séparent de ma mère, qu’elle pourrait très bien débarquer dans ma chambre sans prévenir. Mais je m’en fiche. Parce que blottie dans les bras d’Octave, son corps en sueur tout contre le mien, rien d’autre n’a d’importance que lui. Rien n’existe. Je suis épuisée et pourtant je ne parviens pas à m’endormir, alors à la place, je regarde ma fenêtre et les lumières de la ville, mon esprit vagabondant librement. Mes yeux finissent par se poser sur le building où se tient le siège de l’entreprise de mon père et mon mariage avec John me revient soudainement en tête avec violence. Mon cœur se serre au point que je finis par ressentir une vive douleur, je cherche la main d’Octave pour entrelacer nos doigts tandis que mes yeux ne quittent pas l’immeuble illuminé. Si l’idée de me marier me déplaisait déjà avant, maintenant c’est pire que tout, cela signifie que je ne pourrai jamais être avec Octave, qu’il va falloir que je lui confesse tout, que je me sépare de lui… Et cette dernière pensée m’est insupportable. Je ferme mes paupières avec force, je dois trouver un moyen d’échapper à ce mariage, mais pas maintenant… Non plus tard…

Lorsque mes paupières se rouvrent, le soleil est déjà levé et des bruits de pas retentissent dans le couloir… Des bruits de pas ?! Je me redresse vivement dans mon lit, mon regard se posant sur mon réveil : sept heures. Oh putain ! Je me tourne vers Octave qui dort toujours, je le secoue, puis finalement le pousse hors du lit. « Vite mets toi sous le lit, ma mère ! » J’attrape ma nuisette que j’enfile avant de courir pour foutre les vêtements sous mon lit. Au moment où je me rassois, la porte s’ouvre. Ma mère entre dans ma chambre et me regarde avec stupeur lorsqu’elle me voit déjà réveillée. « Il est rare de te voir déjà debout Wendy. » Ma mère ne me quitte pas des yeux, comme si elle se doutait que quelque chose n’est pas normal. « Quel est le programme de la journée mère ? » Vite changer de conversation, la pousser à parler de quelque chose qui n’a rien à voir pour qu’elle arrête de scruter la pièce… « Tu as rendez-vous dans deux heures au studio, puis ensuite nous devons nous rendre chez Catherine. » Je passe une main dans mes cheveux quand mon regard tombe sur quelque chose… La veste d’Octave. Avec un peu de chance, ma mère ne la verra pas… Mais je n’ai pas de chance. Elle se penche pour ramasser la veste grise et la regarde suspicieuse. « Qu’est-ce donc que cela Wendy ? » Vite, vite une excuse. Je saute sur mes pieds, m’avançant vers ma mère pour reprendre le vêtement et l’enfiler. Je remonte les manches. « C’est Billy qui me l’a passée. Vous n’étiez pas au courant ? C’est pour le prochain photoshoot ! » Ma mère observe la veste qui est bien trop grande pour moi. « Non absolument pas.Oh, il a dû oublier de vous prévenir.Et avec quoi veut-il que tu portes cela ? Ca n’a pas de sens !Avec rien. » Elle fronce les sourcils, touche le tissu avant de se détourner. « Ma foi. John a fait déposer des fleurs pour toi, elles sont dans le salon.Comme c’est charmant. » Dis-je d’un ton faussement enjoué en glissant mes mains dans les poches de la veste d’Octave, elle a son odeur et c’est un peu comme s’il me tenait contre lui. « Ce soir ton père donne une réception. Tu as intérêt d’être irréprochable. » Ma mère se tourne vers moi, me regarde des pieds à la tête. « Si tu acceptais cette maudite opération pour te faire refaire la poitrine, tu serais bien… » Elle ne termine pas sa phrase, son téléphone sonne et elle est dans l’obligation de décrocher. Sa voix est haut perchée, je sais à qui elle parle et je sais également qu’elle en aura pour un moment. Elle quitte ma chambre en fermant la porte derrière elle, j’entends ses pas se diriger vers sa chambre. Je me précipite vers mon lit, Octave sortant du dessous de l’autre côté. « Désolée désolée désolée ! » Je prends son visage entre mes mains et dépose un baiser sur ses lèvres. « Je m’excuse de t’avoir ainsi malmené, mais si ma mère t’avait trouvé ici… »

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