La vie quand on est une petite fille adoptée, c’est pas toujours rose. Ca, Olivia n’a pas mis longtemps à l’apprendre, surtout que ses vrais parents n’étaient pas vraiment américains ou alors plus dans le sud, vous voyez où je veux en venir ? Bref, tout ça pour dire que les parents adoptifs de la demoiselle l’aimaient tellement qu’ils lui ont laissé son vrai nom de famille. C’était ironique bien sûr, ces gens l’ont adoptée pour une raison mystérieuse parce qu'ils ne l'ont jamais vraiment aimée, ni même considérée comme leur fille. Hé oui, il y a des gens qui font ça Et même que c’est probablement l’une des raisons pour lesquelles Oli aime autant la solitude, parce que passer ne serait-ce que dix minutes avec ses « parents » était une vraie torture. D'autant plus qu'ils faisaient tous deux partie d'une « fraternité » un peu bizarre et qu'ils ne cessaient de lui imposer leurs pratiques de fous.

Bien évidemment, il était hors de question qu’ils investissent un centime dans les études de leur fille. Olivia les fit donc dans les écoles du coin, en essayant de faire de son mieux pour passer et en finir avec cet enfer. Mais bien sûr, ça ne s’arrêta pas là, ben non ç’aurait été trop beau ! Dès qu’elle fut en âge de travailler (ils attendirent au moins ça), ils ne trouvèrent rien de mieux que de la faire bosser à la morgue. Parce que ça payait pas trop mal et que ça l’endurcirait, à ce qu’il parait. Autant vous dire qu’elle a eu du mal et qu’au départ, elle en faisait carrément des cauchemars. Certes, elle n’avait jamais vraiment eu la vie rêvée, mais ça fait toujours un choc de voir des morts pour la première fois, eh bien c’est encore pire quand vous devez travailler dedans !
Etant donné qu’elle n’avait pas les compétences requises pour devenir un jour médecin légiste ou ce genre de trucs, on lui refilait les tâches ingrates, comme celle de charger les corps sur les chariots à roulettes et les transporter d’une salle à l’autre ou encore de les maquiller lorsque la cause du décès était trop gore et qu’on ne tout simplement pas laisser ça comme ça pour la famille.
Cela dit au bout d’un temps, Olivia apprécia ce qu’elle faisait. C’était calme, en général quand elle devait maquiller, on la laissait travailler tard le soir et toute seule. En gros, elle faisait la conversation aux cadavres qui étaient bien entendu toujours d’accord avec elle et elle n’en demandait pas plus. Ils devinrent ses amis.
Jusqu’au jour où ils devinrent un moyen de se faire de l’argent. Autre qu’ils ne l’étaient déjà, bien sûr. Un jour, un type très louche vint sur son lieu de travail et demanda à parler avec son supérieur. C’était tellement bizarre qu’elle décida d’écouter aux portes. En réalité, le type venait récupérer des organes ou essayait de convaincre son boss de lui en refourguer pour les revendre aux plus offrant comme étant en bon état, plutôt. Celui-ci refusa, mais pas Olivia, elle était plutôt d’accord, elle ! Et après plusieurs années à regarder les autres faire, elle savait à peu près comment s’y prendre. Sans compter qu’elle ne risquait pas grand-chose, étant donné que ces gens étaient morts. C’est ainsi qu’elle fit partie d’un trafic d’organes. Sans que ses parents le sachent, il valait mieux pour elle sinon ils lui prendraient tout ce qu’elle gagnait, en plus de ce qu’elle recevait en bossant à la morgue alors merci bien !

Le trafic d’organes n’étant pas une activité légale – tout comme le vol, le piratage ahem, Olivia faisait très attention à ce que ça ne se sache pas et ça ne se sut jamais…jusqu’au moment où on lui apprit que des organes frais – à savoir provenant de personnes vivantes, rapportaient beaucoup plus.
Tout le monde connait quelqu’un qui connait quelqu’un qui connait quelqu’un qui s’est un jour réveillé dans une baignoire remplie de glace avec une énorme cicatrice au niveau des reins, pas vrai ? Olivia aussi ! Surtout que c’est elle qui a pratiqué l’ablation dudit rein, en réalité…oh mais elle n’essayait pas de tuer ce gars, loin de là, elle savait très bien qu’il est possible de vivre avec un seul rein ! Cela dit, vu ses connaissances en anatomie, il avait bien failli passer l’arme à gauche, mais le principal, c’était surtout qu’il soit toujours en vie, non ? Cependant, ça ne manqua pas, le type en se réveillant avait beuglé comme c’était pas permis, les voisins avaient appelé les flics et de peur de laisser le rein pillé à quelqu’un de mal intentionné – ben oui, on ne sait jamais !, Oli avait essayé de le récupérer. Pas assez vite pour échapper à la police, en tout cas.

Ca va faire six mois de ça. Six mois passés en prison et elle ne sait même pas pour combien de temps elle en a encore parce qu’elle est persuadée de n’avoir rien fait de mal – il a survécu, bordel !, mais si ça prend trop de temps, elle est toute prête à tenter une évasion et elle essaye de se mettre le plus de détenus possible dans la poche en trafiquant cigarettes, chocolat, tout ce qui lui tombe sous la main.