C. Aedan Nightingale
« Je fais toujours le même rêve. »
Je suis dans une pièce sombre. Les murs sont couverts de tapisserie, qui vite se met à bouger légèrement, comme si la colle s’était mise à bouillir. Le planché semble être en bois, mais la poussière y étant accumulée m’empêche d’en être certain; Je vois très bien le plafond par contre. Il est fissuré, probablement à cause de l’énorme lustre qu’il soutient. Il ne produit pas de lumière, bien au contraire, il a l’air d’être la source de cette noirceur.
« Il n’a rien de réaliste, c’est un peu comme un wonderland raté, mais je ne peux pas m’empêcher de croire que ce que j’y vois est vrai. »
à ma droite, il y a une fenêtre. Je vois très bien que dehors, il fait jour, mais gris. Comme si le ciel nous tombait sur la tête. Malgré le temps dégoutant, j’ai envie de sortir.
J’ai besoin de sortir. L’ambiance m’étouffe. J’aimerais me lever, mais aucun mouvement n’est possible; je suis cloué sur le dos.
« Et puis, je remarque ces longs barreaux »
Je ne peux rien faire; Absolument rien. J’ai autant de contrôle sur ma vie qu’une poupée de chiffon. Je me sens mal. J’ai faim. J’ai froid. J’ai peur. Je crie, mais je n’ai pour réponse que le tictac régulier d’une horloge. C’est comme si j’étais seul au monde.
« La porte, à ma gauche, s’ouvre. »
Une ombre entre dans la pièce. Elle me parle dans un langage que je ne connais pas, mais je crois qu’elle me dit au revoir. L’ombre n’avance pas; Elle reste sur le pas de la porte, figée. Je sais qu’elle m’observe. Je sens sont regard sur moi. Mon cœur bat, tant dans le rêve que dans la vraie vie. J’ai envie de me pincer, j’essaie de me convaincre que tout cela est impossible, de me rappeler que j’ai fait ce rêve cent fois. L’ombre, finalement, s’efface. La porte se ferme dans un fracas.
« J’entends du verre se briser et des gens se disputer. »
La voix d’un homme, et celle d’une femme. Leur échange est violent, ça se voit au ton qu’ils emploient. Le son du verre brisé s’amplifie. La confrontation verbale semble être passée à un autre niveau. La femme semble gémir, l’homme,
lui, s’est tue.
« A ce point, je suis en sueur dans mon lit. Je panique, mais je n’arrive pas a ouvrir les yeux. Comme si je voulais savoir ce qui se passe après. »
Mes yeux piquent, ma gorge est sèche. Je n’arrive plus à distinguer la fenêtre, le lustre, ou même les barreaux. Je suis entouré de gris. La voix de la femme bourdonne toujours dans mon oreille. Je la connais, je le sais, mais je suis incapable de deviner qui elle est.
« quelque chose me tombe sur la main; ça me surprends. J’ai mal et je manque d’air. C’est toujours là que je me réveille, la plus part du temps à bout de souffle, dans un lit mouillé de sueur. Je ne veux pas qu’hell s’en fasse pour moi, voyez. »
Je regardai mon thérapeute. Il allait me dire que c’était dut à un traumatisme d’enfance, comme si j’étais incapable de le deviner par moi-même. Il allait me demander si quelque chose n’aurait pas pu causer un tel choc et j’allais faire comme si de rien était, jusqu’à ce que le temps restant à notre session s’écoule. Il n’avait pas besoin de savoir que mon père avait essayé de nous tuer, maman et moi, en brûlant la maison. .
« Je crois que c’est lié à un souvenir …»
Bla. Bla. Bla. J’aurais parié. Je connaissais les docteurs comme le fond de ma poche, puisque ces cauchemars m’avaient amenés à en voir plusieurs. J’étais calme; Passant le temps qui me restait dans cette salle à regarder les secondes filer sur l’horloge grand-père posée contre le mur du fond. Assez vite, l’alarme retentit. C’était terminé. Enfin.
« Bonjour toi! »
J’avais a peine eut le temps d’ouvrir la porte de l’appartement qu’Uranus m’accueillait déjà avec dynamisme. Ce chien était comme un fils à mes yeux. Je l’aimais, et il me le rendait bien. Ça avait toujours été comme ça. Je déposai mes clefs dans le vide poche et avançai vers la cuisine, tenant de ne pas me prendre les pieds dans le corps du chien, qui serpentait entre mes jambes à chacun de mes pas.
« Oh, t’es là. »
Hell était devant moi, à faire je ne sais quoi. Je souris; Je ne pouvais pas m’en empêcher. Elle avait toujours cet effet sur le petit Aedan que j’étais. Je m’approchai, tranquillement.
« Avoir su que tu n’avais pas de client, j’aurais annulé mon rendez-vous ce matin »
ou je lui aurais ramené quelque chose, peu importe quoi, pour lui illuminer sa journée, comme je le faisais parfois. J’aimais lui faire plaisir, la voir heureuse. C’était une des principales raisons pour lesquelles je sortais du lit le matin. Je passai ma main près de son bras, caressant sa peau du bout des doigts. Elle était douce, tellement douce que je n’arrivais jamais à trouver les bons mots pour la décrire. J’étais bien… et elle recula. J’avalai ma salive bruyamment. J’avais oublié. J’avais oublié que la veille, je lui avais posé un lapin. On devait fêter les un an de notre première rencontre, mais j’avais eu un empêchement – un idiot avait pris une petite fille en otage.
« Je suis désolé. Vraiment. Je ne pouvais pas partir, ils avaient besoin de moi… et on a besoin de l’argent. »
Elle n’avait probablement aucune idée du degré d’importance que la soirée de veille avait à mes yeux. Elle devait se dire que j’avais oublié notre premier échange, nos premiers contacts, mais j’avais tout en mémoire. Tout.
« Le pasteur était venu me voir après la messe, parce qu’il avait remarqué que je n’étais pas capable de te quitter des yeux, même lors des prières. »
J’oubliais les chants, les mots, les lectures. J’écoutais à peine, je ne faisais que la regarder. Je ne voyais pas les autres qui commentaient mes actions; Je ne sentais pas les coups de coude que ma mère me donnait. Il n’y avait qu’elle, dans sa tenue du dimanche. Elle et ses cheveux soyeux. Elle, elle et encore elle. Le pasteur m’avait laissé l’admirer trois semaines avant de faire les présentations.
« Tu portais une robe pâle, délicate. Tu ne m’as pas salué avec des mots, mais par un hochement de tête. »
J’avais choisi l’option : bonjour, et sans le vouloir, j’avais un peu roulé mon R. Je me souviens avoir été effrayé à l’idée qu’elle pense que je tentais de me donner un style, ou quelque chose du genre, puisque ce n’était pas le cas. On avait fini par échanger nos numéros. J’avais tout de suite remarqué qu’elle venait du nord, vu l’indicatif, mais je n’en avais pas fait de cas. J’en étais même presque heureux, puisque j’y vivais également, pour le travail.
« Je t’ai proposé de se voir ailleurs qu’à l’église, vu que les commères n’arrêtaient pas de nous épier. »
Elles prévoyaient déjà la réception suivant notre mariage, et la fête de naissance de notre premier né. Hell avait approuvé ma proposition avec un sourire, et j’avais fondu.
« J’étais déjà sous ton charme. Sorcière. »
Je replaçai une mèche de ses cheveux qui c’était égarée; Elle semblait toujours froissée, alors je reculai.
« Nous sommes invités chez ta mère ce soir. Essaie de t’en rappeler, cette fois.»
J’hochai de la tête, avant de lâcher un soupir, quand mon téléphone se mit à vibrer dans ma poche.
« Metropolis a besoin de superman. Je te promet de venir ce soir. »
Je l’embrassai rapidement – de peur d’être repoussé – et me dirigeai vers notre chambre, où sur le lit, mon uniforme m’attendait.
J’ai toujours désiré être policier. Je n’ai jamais eu aucun doute, jamais d’intérêt envers une profession différente. La police ou rien du tout. Je n’avais jamais vraiment regretté mon choix. J’avais certes eut quelques déceptions,
les horaires de fou, et le fait de laisser Hell en plan trop souvent par exemple, mais j’avais toujours vu cela comme une partie du rêve… mais j’aurais volontiers passé mon tour pour les arrestations des deux derniers jours. On ne chômait pas, en plein dans la période d’anniversaire de mon couple préféré : le mien. Un jour de congé ou deux n’auraient pas été de refus, surtout après la pêche du jour. Un voisin a moi, qui faisais du trafic dans le même bloc. Avoir eu les valeurs moins profondément implantées, j’aurais pensé que c’était une perte de temps, tant pour moi que pour mon équipe. Personne n’avait vraiment envie de prendre la route du Nord de détroit pour le plaisir.
[color=silver]« Aedan, mon cœur, tu veux quelque chose à boire avec cela? Je t’ai acheté ton jus de fruit préféré. »[/silver]
Je lançai un regard plein d’amour à ma mère. Elle était si parfaite; Mon verre fut vidé aussi vite qu’il avait été remplis.
«
Alors, vous deux, le travail, la vie… le reste, ça va? Les femmes du groupe de lecture de l’église on recommencer à papoter sur votre cas; Madame Newton a tout commencé, en disant qu’elle avait eu une vision de vous deux, dans un de ses rêves, la semaine dernière, attablés avec plusieurs enfants… Je lui ai »
Bla. Bla. Bla. (bis) J’aimais ma mère, vraiment. Mais ses histoires m’énervaient toujours. Ces vieilles femmes qui tentaient de deviner mon futur et celui d’Hell a partir de supposition c’était… Je levai les yeux vers elle; Je venais seulement de réaliser une autre fois qu’elle était ce que je voulais. Pour la vie.
"C. AEDAN NIGHTINGALE"
feat "EVAN PETERS"
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