Chair journal,

Tu été sous le sapin quand je suis descendue ce matin. C’est le papa Noéle qui t’a dépozé a dit maman. Elle dit que ce seré bien si j’écrivé dedans, mais je comprens pas a quoi sa sert ! Elle dit que côme ça, quand je serai a l’Ôpital, sa m’ocupera. Mais moi à l’Ôpital je préfère jouer avec Samuel alor peutétre que j’écriré pas bocou. Maman dit ossi que je dois me présanter, côme a l’école le premier jour. Je m’apelle Summer, et je suis né en juillé même que mon deuxième prénon c’est July, côme mon mois de naiçanse. C’est papa qui a choisi, il trouvé ca joli. Je vais des fois a l’école, pas toujour parseque je suis malade. Maman dit que mon cœur a des problémes, depuis que je suis un bébé. Du cou je suis souvan a l’ôpital. Mais c’est pas grave, Samuel, mon copain, il est la aussi et on rigaule bien !

« Summer, viens manger ma chérie ! » Je lève la tête de mon journal et me tourne vers la porte. « J’arrive maman ! » Je referme le cahier, repose le stylo sur le bureau puis dévale les escaliers. « Ne cours pas comme ça Summer, tu vas te fatiguer ! » Je m’assieds à ma place, en face de ma mère. Papa est en bout de table, il prend ma main et celle de maman avant de réciter la prière habituelle. Je regarde mon assiette avant d’afficher une moue mécontente. Je déteste les brocolis ! Pourquoi faire des brocolis pour le jour de Noël ? C’est dégoûtant ! « Summer, prends tes médicaments. » Je lève mes yeux vers ma mère qui me tend mon pilulier, ah oui, mes médicaments. Elle remplit mon verre de lait, j’ouvre la petite boite et attrape les cachets. Je les avale les uns après les autres, comme tout le temps. « Pourquoi on mange des brocolis maman ? C’est pas bon ! C’est vert, c’est bizarre ! Je préférerais manger des chips ! » Les yeux de ma mère s’écarquillent, je baisse mon nez sur mon assiette, tripotant le légume infâme du bout de ma fourchette. « Où as-tu mangé cela ? Tu n’as pas le droit et tu le sais ! » Je ne réponds pas, j’entends mon père dire à maman de se calmer, que ce n’est rien.

Je ne mange presque rien, puis je me lève pour m’asseoir sur le rebord de la fenêtre. La neige a tout recouvert, notre grand jardin et le champ de pommiers du voisin sont maculés. Papa pose ses grandes mains sur mes épaules. « Tu devrais aller te coucher mon soleil, demain tu dois te lever tôt pour te rendre à Détroit. » Je soupire, mais m’exécute, je n’ai pas sommeil, il est à peine vingt heures… Je monte les escaliers en traînant des pieds, je vais dans la salle de bain pour enfiler mon pyjama, me laver les dents et tout le reste. Et bien sûr sous l’œil attentif de ma mère. Elle me conduit dans ma chambre, me borde à l’extrême et m’embrasse avant de sortir. Je m’empresse de déborder les draps, je déteste être ainsi emprisonnée. Je tourne la tête vers ma fenêtre, la neige continue de tomber. J’espère que cela va s’arrêter, j’ai envie d’aller à Détroit… On verra bien. Mes paupières se ferment.