Aéroport de Détroit, 11h43

- Commissaire ? L’équipe du sergent Dascomb vient d’arriver !
- Eh bien, ce n’est pas trop tôt.

Trainant son adjoint derrière lui, le commissaire écrasa sa cigarette d’un pas nerveux tout en quittant sa position initiale pour partir à la rencontre de l’unité d’intervention spéciale. Bien qu’il semblait un peu ronchon, et très loin d’apprécier l’attente de ces dix dernières minutes, il se contenta de prendre sur lui et de réprimer un profond soupir afin d’éviter un quelconque esclandre inutile. La situation était problématique, voir dramatique, pour ne pas dire tragique et mieux valait-il que la brigade d’intervention d’élite soit au top de sa forme pour solutionner cet épineux problème.
Au bout de quelques mètres, il arriva en vue d’un grand van noir autour duquel s’affairaient cinq hommes de terrain vêtus de noir et dont le torse se voulait recouvert d’un gilet pare-balle. Ils laissèrent entre eux s’élever une conversation pour le moins inaudible ou, en tout cas, dont la compréhension ne semblait pas relever de réelles importances aux oreilles du commissaire. Ce dernier n’hésita pas à manifester sa présence nouvelle par un raclement de gorge profondément senti et trahissant le dédain qu’il avait pour ses grosses brutes dont il avait malheureusement besoin aujourd’hui pour faire convenablement son travail.

- Bien, ravi de voir que vous sembliez d’humeur à plaisanter car ça ne rigole pas là-haut ! Maugréa-t-il en pointant l’avion à plusieurs mètres derrière lui du bout de son pouce.
- Faut apprendre à vous détendre commissaire, rétorqua le plus baraqué du groupe.
- Je serai détendu quand vous aurez fait votre travail sans que tout n’explose…
- Vous parlez d’une considération ! Soupira le même ‘soldat’.
- C’est ça, faites le mariole et je vous flanque un rapport disciplinaire sur le dos pour…
- Pour avoir considéré à sa juste valeur un commissaire empoté et désobligeant à souhait ?

La voix qui venait de résonner, derrière la carcasse du commissaire, figea ce dernier alors que les cinq membres de l’unité SWAT ne purent se retenir de laisser échapper un rictus appuyé et bien amusé par la manière dont il fit prit à partie par la chef de l’unité. Oui, LA chef de l’unité. C’était bel et bien une voix féminine qui était surgie de nulle part pour s’attaquer avec pertinence à l’égo exacerbé de ce représentant de la police.
Les poings et les dents serrés, le commissaire se retourna pour se retrouver à une jeune femme, en apparence jeune en tout cas, et mesurant pratiquement une tête en moins que lui. Autrement dit, étant donné la taille assez impressionnante de cette grande asperge, cela témoignait d’un mètre soixante-dix bien tapé pour la rouquine qui le fixe de son regard glacial et de son visage on ne peut plus sévère. Il faut dire que Jaiden était ce genre de femmes qui savait diriger une unité ou un bataillon d’une main de fer mais qui ne supportait surtout pas de voir quelqu’un s’en prendre à l’un de ses hommes et, ce, de manière gratuite. Pour la bonne et simple raison que le statut du commissaire avait suffisamment de poids pour entacher la réputation d’un membre de l’unité. Non, les attaques gratuites, elle avait ça en horreur ! Conjuguer à cela son manque de respect et d’éthique envers certains ronds de cuirs que l’on pouvait qualifier de patron et il n’était à n’en point douter qu’elle mordrait s’il le fallait.

- Je vois, encore une jeune freelance qui veut se faire un nom, n’est-ce pas ? Je m’occuperai de votre cas plus tard la bleue. En attendant, j’aimerais voir votre chef d’équipe afin de faire ce foutu briefing !

Notre rouquine soupira. Être victime des apparences est une tare qu’elle a trainé toute sa vie de manière souvent difficile mais, avec le mérite d’encaisser et de foncer malgré tout. Enfin, pour être plus précis, disons que c’est depuis ces dernières années qu’elle avait appris à encaisser et à doser sa capacité colérique lorsqu’on la dénigrait gratuitement. L’armée l’a beaucoup aidé à ce niveau-là car, oui, elle peut vous le confirmer : l’armée, ça vous change et ça vous endurcit quelqu’un, plus qu’on ne pourrait le penser !

- Cela tombe bien, vous nous avez fait perdre assez de temps. Je suis le chef d’unité. Alors, maintenant, foutez votre blabla d’orgueilleux et administratif là où je pense et faites-nous le bilan de la situation. Rétorqua-t-elle sèchement, les bras croisés sous la poitrine en le fixant sans sourciller du regard.
- Je… Euh… Il ravala sa salive avant de soupirer et de venir se rallumer une cigarette. Bien, c’est un vol long-courrier qui nous vient tout droit de Los Angeles. Il y a une vingtaine de minutes, nous avons reçu un appel radio en provenance du cockpit de l’appareil. Un dénommé Amal nous a informé de la prise de contrôle de l’avion et que chacun des passagers serait maintenu en otage et exécuté si nous ne n’assurions pas la libération d’une liste de détenus.
- A-t-il dit autre chose ?
- Oui. Que l’appareil restera à terre tant que nécessaire et qu’une fois le délai dépasser, il exécuterait un otage toutes les cinq minutes.
- Des morts et des blessés ?
- Apparemment, le pilote aurait succombé à son agression et le co-pilote, ainsi qu’une hôtesse de l’air serait dans un sale état.
- Bien. Dégager la zone, nous nous en chargeons.
- Vous vous en chargez ? Comment ça vous vous en chargez ? Et comment comptez-vous faire ?
- Secret défense fiston ! Rétorqua Jaiden en venant faire un clin d’œil au commissaire tout en lui donnant une solide tape sur son bras avant de prendre congé de cette grande asperge.

Jaiden… En voilà un personnage énigmatique qui laissa d’ailleurs le commissaire sans voix avec sa toute dernière réaction. Semblant immobiliser par la parole et le geste, son regard absent se glissa sur l’unité du SWAT en train de se réunir derrière la fourgonnette pour, visiblement, établir un plan d’intervention digne de ce nom. Ecoutant sans réellement faire attention à la teneur des propos échangés, il observait Jaiden en train d‘agiter une main sur une carte alors que l’autre se perdait sur des désignations d’endroit qui semblait pour le moins floue une fois que l’on se plaçait dans la peau d’un personnage extérieur car, pour l’ensemble de l’unité, tout cela se voulait parfaitement clair à l’évidence.

- Bien, personne n’a de question ? Demanda-t-elle en regardant ses hommes un à un avant d’hocher de la tête. Alors, on fonce !

L’action, tel était le maître mot existentiel du sergent Dascomb depuis sa plus tendre enfance. Oui, dès ses premières années, Jaiden fit partie de ce pourcentage d’enfants qui n’avait pas le plaisir de pouvoir grandir au sein d’une famille pleinement composée. Et pour cause, sa mère est morte d’un accident de voiture alors qu’elle n’avait que deux ans. Un âge beaucoup trop jeune pour elle garder un quelconque souvenir de cette femme à qui elle devait la vie. Et un âge beaucoup trop jeune également pour qu’elle puisse trouver étrange de ne grandir qu’avec un seul et unique père. Non, pas de vie à trois pour elle, juste une vie à deux, avec un père bercé par le chagrin et le désespoir alors qu’il trouvait toutefois dans le visage de sa progéniture le moyen de tenir et de ne pas craquer, qu’importe la difficulté.
Georges Dascomb, le père de Jaiden, était un membre de la police depuis bien des années déjà lorsque la naissance de sa petite fille ne vienne enjoliver son existence et, ce, même si notre principal intéressé avait toujours désiré avoir un fils au lieu d’une fille. Cependant, comme tout homme dur à l’extérieur mais sensible à l’intérieur, il ne put que fondre devant les petits yeux innocents, globuleux et attendrissant de la petite Jaiden lorsqu’elle poussa ses premiers cris. Il n’avait pas eu de fils, en était quelque peu déçu mais se voulait tout de même grandement gagnant de cette divine providence qui lui fit connaître les joies de la paternité.
Mais, en l’absence de sa femme à ses côtés, notre bon père eut bien des difficultés à savoir comment s’y prendre exactement. On a beau créer des manuels, on a beau faire des livres parlant de l’éducation idéale d’un enfant, ce n’est pas pour autant que vous êtes plus avancer. Georges se risqua cependant à certaines de ces lectures avant de finalement laisser tomber les ouvrages et d’essayer de se montrer digne de la propre éducation qu’il avait reçu de son père. Tels furent les premiers pas qui guidèrent ainsi Jaiden sur la voix d’une existence se rapprochant plus du garçon manqué que de celle de la petite princesse que tout le monde enviait. Non, Jaiden n’a jamais grandi avec les contes de fées, elle n’a jamais grandi avec des Barbies et autres poupées en plastique du même acabit. A la place, elle avait droit à toutes les histoires relatives aux métiers de son père, à de sempiternelles séances de télévisions montrant des films d’action, des reportages sur des unités d’intervention et des reconstitutions de grands faits de guerre. Et, pour une raison qui ne s’est jamais expliquée, notre petite fille a toujours adoré ce genre d’histoire et de films proprement dits. C’était des récits qui la faisait voyager, qui la faisait rêver et qui la poussèrent bien souvent à jouer au méchant et au policier avec son père, plus que de passer son temps à s’imaginer des histoires de salon de thés avec des peluches.
Le seul point négatif d’un tel schéma d’évolution, c’est que cela vous isole indéniablement de vos camarades. Et, plus particulièrement, quand vous êtes du genre à vous bagarrer gratuitement pour la moindre contrariété ! Oui, le côté combattif de Jaiden est loin d’être une nouveauté et, à l’époque, cela lui donnait une image que les petits gars de son école craignaient alors que les filles la rejetaient car elle n’avait rien en commun. Est-ce que cela l’attristait ? En fait, elle ne s’en n’est jamais attardé dessus et, ce, même durant l’adolescence ou une autre différence la frappa aux yeux et non des moindres. Lorsque vous grandissez, ce n’est pas votre caractère ou votre témérité qui est la source première de rejet ou d’isolement… Mais bien celle de votre orientation sexuelle. Inutile de dire qu’il n’est pas au goût de tous de voir une jeune femme sortir avec Ashley, Amber, Vicky ou encore Suzy alors que l’égo des John, Brian et Steven se voient solidement blessé dans leurs tentatives désespérées de vous mettre dans leur lit. Et oui, les gens peuvent être cruels, stupides et parfois méchants pour une question de différence… Mais ce n’est pas pour autant que Jaiden changerait quoique ce soit à son mode de vie ou à ses préférences, que du contraire !

- Kinster, on arrive près de la trappe arrière, quelle est ta position ? demanda le sergent major Dascomb tout en appuyant sur l’oreillette fixée à son oreille, tout en descendant du véhicule.
- Je suis en place chef ! Rétorqua l’intéressé, allongé sur le sommet d’un des véhicules destiné à servir de passerelle pour les débarquements, l’œil dans le viseur de son fusil sniper.
- Parfait. Reste ciblé sur le cockpit, on se met en position.
- Reçu cinq sur cinq.

Effectuant un petit rappel des ordres aux quatre membres restant de son peloton, le quatuor finit par se diviser en deux binômes dont le plus costaud d’entre eux se dirigeant vers l’arrière de l’appareil en compagnie de sa chef. Et, si l’entente semblait se dérouler à merveille et que personne n’osait contester l’un des ordres ou l’une des décisions de la sergent, cela demanda du temps pour que celle-ci acquiert l’expérience, l’autorité et l’autonomie nécessaire pour y arriver.
Une fois que l’on a la terminale en poche avec le diplôme sous le bras, l’ensemble des jeunes adultes se décident bien généralement à entrer dans une vie active moyennement rentable alors que d’autres se lancent à la conquête des universités. Pour Jaiden, le choix avait été tout autre. Elle ne voulait aucunement perdre son temps à s’endormir et à somnoler sur les bancs de l’université alors que, de l’autre côté, terminer comme simple vendeuse ou contractuelle ne l’intéressait pas plus que cela non plus. Non, elle voulait de l’action, elle rêvait d’une vie à la dure et, pour se faire, il n’y avait qu’un endroit où se rendre : l’armée ! Partir à la conquête d’un univers principalement machiste et qui ne laissait peut-être pas une place digne de ce nom à toutes les femmes rêvant d’une carrière en uniforme. Qu’importe, cela n’était qu’un détail, qu’une mince difficulté pour notre battante qui ne reculait jamais devant rien.
Réussir à se faire accepter a été plus dur que tout, plus dur que les épreuves qu’elle dut endurer, plus difficile que la formation de sous-officiers qu’elle briguait. Oui, avant d’être sergent, elle en aura bouffer de la terre, elle en aura bouffer des exercices à mettre le plus endurant du peloton en réelles difficultés et, surtout, elle en aura bouffer des moqueries, des railleries et des incivilités de la part de chacun de ses camarades. C’était la tête de turc numéro un de son unité et, à ce titre, même son instructeur se plaisait à vouloir la faire craquer. Mais moins chacun d’entre eux y parvenait, plus Jaiden en souriait et pire les choses devenaient. Elle ne compte plus les rapports disciplinaires qu’elle amassa durant ses deux premières années mais, avec les choix qu’elles réalisaient, elle savait d’ores et déjà que le pire était devant elle. Être sergent ne lui suffisait pas, la tâche lui semblait peut-être trop aisée ou pas assez dangereuse. Elle voulait de l’adrénaline et de l’action à n’en plus finir ! Elle voulait faire partie des meilleurs, des plus forts, de l’élite… Une seule unité permettait d’atteindre cet espoir : les Seal’s, ou para-commando si vous préférez.
S’il y a un véritable enfer sur terre, notre recrue d’époque peut vous jurer qu’elle sait à quoi il ressemble. Les injures et autres bagarres dont elle était victime à l’école des officiers n’était qu’une simple partie de plaisir au paradis à côté de cela. Elle a été brisée, elle a vécu certaines atrocités qu’elle n’oserait jamais expliquer. Toutefois, c’est une fois le genou à terre et l’esprit au trente-sixième dessous de l’enfer que la véritable personnalité, que la véritable force de quelqu’un se réveille et explose de telle sorte à ce que plus rien ne puisse jamais le briser. Si cela a été l’horreur ? Oui, purement et simplement. Sa formation a été le pire des calvaires, elle ne le niera jamais. Mais cela a été la meilleure chose qu’elle n’ait jamais eu à vivre dans son existence par la même occasion. C’est ce qui lui a permis de grandir et d’acquérir une certaine maturité que l’on ne peut en aucun cas trouver en dehors des champs de batailles. Jaiden était devenue une femme mais, plus que cela, elle était devenue un véritable soldat relativement dangereux et une machine à tuer !

- Carlson, Stevens, je suis dans le conduit. Allez-y !

Un murmure dans son oreillette alors que notre chef d’unité rampait dans un conduit destiné au monte-charge de l’appareil. Avançant de quelques mètres, elle se trouva bientôt à l’endroit désiré : celui du sas d’ouverture. Entrouvrant ce dernier, elle inspecta d’un rapide coup d’œil les quelconques présences éventuelles mais, rien à signaler. Elle sortit ainsi de son petit conduit et bifurqua aussitôt vers une petite passerelle menant au train d’atterrissage. Elle déverrouilla une nouvelle trappe qui permit à l’homme de son binôme de prendre place, à ses côtés, dans l’appareil. Elle mima un ordre de par sa main libre alors qu’elle réceptionnait le fusil mitrailleur que son subordonné lui tendit de l’autre. Un hochement de tête de la part dudit subordonné et nos deux compères se séparèrent pour accéder à l’étage des passagers.
Si vous vous demandez pourquoi Jaiden a quitté l’armée, sachez que cela est en partie par une volonté propre et, accessoirement, par une absence de choix également. La volée de rapports disciplinaires et de passages devant la cour martiale la mettait dans une position beaucoup trop délicate pour qu’elle reste au sein de l’unité des Seal’s. Mais, qu’à cela ne tienne après tout. A l’origine, ce qu’elle voulait était de marcher dans les traces de son père et, pour se faire, il n’y avait qu’une manière d’y parvenir : rejoindre les forces de la police. Voilà comment, derrière son jeune âge de vingt-trois ans, Jaiden intégra la police en uniforme de Détroit après un parcours lui ayant déjà appris beaucoup de choses sur la vie en tant que telle, dans son sens le plus strict.
Si elle ne devait souffrir d’aucune raillerie cette fois-ci, personne ne la prenait particulièrement au sérieux les premiers temps. Il fallut attendre deux à trois mois et plusieurs arrestations musclées pour que la jeune femme se fasse remarquer de telle manière à imposer d’avantage le sérieux et le respect aux yeux de ses collègues. Bien que, plus que ledit sérieux, c’est d’avantage le danger dont son aura se voulait empreinte. Téméraire, dilettante, dangereuse et instable… Elle trouvait du respect mais aucune marque de confiance de la part de ses collègues et, autant dire que quiconque se retrouvait assigner à devoir faire équipe avec Jaiden en patrouille considérait ce ‘privilège’ comme la pire des punitions. En même temps, était-ce réellement de sa faute si elle se voulait compétente et qu’elle, au moins, réalisait son travail tel que l’on pouvait espérer l’attendre de la part d’un flic digne de ce nom ? Si les autres étaient trop faibles ou trop lâches, c’était leur problème, pas le sien ! Elle n’allait pas ralentir la cadence et perdre la magnificence de ses états de service pour faire plaisir à des pantouflards de première catégorie !
Pendant trois années elle resta au service des bleus, sans jamais essayer de gravir aucun échelon, sans jamais se risquer à demander une promotion ou autre. Devenir inspectrice ou même lieutenant ou que sais-je encore ne l’intéressait aucunement. Tout comme à l’armée, elle briguait l’élite et absolument rien d’autre. Et si elle resta trois années au sein des forces de police et des patrouilles, ce n’est tout simplement que parce que ce fut le temps nécessaire pour elle réussir à être accepter au sein des recrues du SWAT et de passer, avec un certain talent et un relatif brio, les examens d’entrée. Six années, oui, sa vie ne semblait que se résumer à ces six dernières années où elle trouva un second foyer, une nouvelle famille, sa véritable raison de vivre et sa seule et unique raison d’être. Six années dont cinq d’entre elles à faire partie en tant que membre avant d’endosser le rôle de leader il y a presque une année d’ici. Une perte tragique durant une mission, des états de service on ne peut plus parfait et honorable et une solidité à toute épreuve… Nul ne sait s’il y a d’autres femmes à la tête d’une unité de SWAT à travers le territoire américain mais, ce qui est certain, c’est qu’elle se sait avoir atteint un rang unique, d’avoir pu toucher un rêve et acquérir un privilège qu’elle prend soin d’honorer au fil des jours, avec tout autant de hargne et de poigne. Vous vouliez une recette maison pour comprendre comment une femme peut devenir leader d’une unité tactique ? Telle est en tout cas la version maison de Jaiden Dascomb !

- Kinster, tu as un visuel ?
- Affirmatif boss !
- Tout le monde en position à… Trois… Deux… Un… Et action !

Les quatre SWAT présent dans l’appareil sortirent de leur cachette au moment même où le dénommé Kinster tira une balle dans la tête du criminel présent dans la cabine de pilotage. Arrivant à travers les couloirs de l’appareil, Jaiden et ses hommes firent rapidement feu sur tous les ennemis en présence, les neutralisants avec une facilité relativement déconcertante. Des cris, des sursauts, de la panique se faisait ressentir au sein de tous les passagers alors que chaque membre de l’unité semblait d’un calme olympien et, ce, encore plus notre Jaiden en chef qui resta sur le qui-vive malgré la mort présumé de tous les ‘pirates’.

- Roger, la zone est dégagée boss ! Grésilla la voix de Stevens dans l’oreillette de sa supérieure. Boss ?

Aucune réaction de cette dernière. L’instinct de la traqueuse et de la tueuse était toujours en alerte. Quelque chose n’allait pas. Même si leur stratégie se voulait parfaite, rien n’était jamais aussi simple et le danger demeurait toujours présent… Mais où ?
Son apparence ne se voulait nullement rassurante avec son fusil mitrailleur collé contre son épaule et à inspecter chaque rangée de passagers qui la regardèrent tous avec une crainte plus que visible sur leur visage. Personne n’osait bouger, personne ne se risquait au moindre mouvement… Jusqu’à ce qu’un cri aigu ne résonne de manière subite et brusque. Se retournant d’un coup vif, l’arme de Jaiden était pointée en direction d’un ‘passager’ équipé d’un couteau siégeant sous la gorge de son otage et d’une arme à feu pointé bien fixement vers le visage de notre chef d’unité. Par réflexe, la première attention de Jaiden fut d’observer le visage de ladite otage. Une belle noirette de cheveux au physique on ne peut plus unique et tout simplement désirable à souhait qui lui laissa un fin frisson lui parcourir l’échine tout en se mêlant à l’adrénaline ressentie dans son corps de par cette tension présente.

- Ne fais pas un pas de plus, ou je te la bute ! Et je fais sauter cet appareil !

Jaiden ne répondit pas, Jaiden ne répondait que rarement à des imbéciles de ce genre bien que, maintenant, il pouvait s’estimer heureux d’avoir toute l’attention de la SWAT. Gardant son arme contre l’épaule, elle ne le visait pas particulièrement mais le détaillait point par point, comme si chacun de ses traits était passé au crible dans une précision parfaite et mortelle.

- Rappelle tes petits copains et lâche ton arme ! Lâche ton arme je te dis !!!

Le terroriste semblait relativement en état de panique et, contrairement à ce que l’on pourrait passer, c’était loin d’être une bonne chose. Les années de métier vous poussent à prendre conscience que sous le coup de la panique, un individu n’en n’est que deux fois plus dangereux car son imprévisibilité monte en flèche. Voilà pourquoi, gardant son arme dans une main, Jaiden leva la main en signe de replis à ses hommes alors qu’elle demeurait bien face à la menace. Chacun des trois s’exécutèrent sans discuter, allant même jusqu’à déposer leurs armes, comme demander.

- Put*in mais tu vas lâcher ton arme sal…

Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase que le flingue de Jaiden bascula rapidement en direction de la tête de son opposant et qu’une balle se logea nettement entre ses deux yeux. Le corps de l’agresseur à terre, Jaiden s’avança d’un pas rapide pour réceptionner le corps de l’otage.

- Tout va bien mademoiselle ?

Alors que celle-ci hocha silencieusement de la tête tout en reprenant son souffle, la sergent l’aida à reprendre place sur son siège originel tout en posant une main sur son genoux et en l’observant, comme pour l’aider à se calmer, à retrouver un semblant de sérénité. Certes, pour Jaiden, être zen en ce genre de circonstances semblait d’un naturel désarmant mais elle n’oubliait pas que tout le monde n’avait pas sa vie comme background et que la gestion de la peur et de la nervosité dépendait de tout un chacun.

- Commissaire ? Ici le sergent Dascomb ! La zone est sécurisée, envoyez une unité de secours et d’aide aux victimes. Unité SWAT, terminé !