Benjamin C. Rice
Date d'inscription : 02/07/2012 Messages : 31
| Sujet: Words are stronger than iron bars | H-E-deux ailes Mar 24 Juil - 19:53 | |
| Chère Hell,
Je dois avant tout avouer que ton courrier m’a autant surpris que séduit. Les lettres des gens, de fans ou d’admiratrices qui m’ont connu comme leur champion ne sont pas rares, et pas toujours très agréables à lire, mais la tienne hors catégorie a pour le moins suscité beaucoup de curiosité en moi. Ne m’en veut pas du temps que je mets à te répondre, j’en suis par avance désolé, mais le peu de libertés que je peux connaitre ici peut parfois sensiblement se voir réduit au premier prétexte. Tout ça sans compter le temps que l’administration passe à contrôler et fouiller chaque enveloppe. Ne sois d’ailleurs pas non plus étonnée de voir que ta lettre a été ouverte puis rescotchée. Il n’y pas vraiment de place pour l’intimité ici, par même sur papier. Je ne sais pas vraiment ce que tu attends de cette correspondance, mais je préfère t’avertir que je n’ai vraiment rien à te raconter de ma vie entre ses murs. Les jours se suivent et se ressemblent. Je lis, m’instruis, joue aux cartes ou pousse de la fonte pour tenir la forme et me dégourdie les jambes une heure par jour dans la cour. Rien qui ne puisse t’intéresser. Je ne tiens pas non plus à revenir sur ma vie, mon passé et de décliner une sorte de biographie à travers nos échanges. Les souvenirs ne sont jamais bons à remuer. Ici plus qu’ailleurs, c’est une vérité certaine. Je suis certain que tu es beaucoup plus riche de récits dans ton quotidien de coiffeuse. Une coiffeuse… Voilà quelque chose dont j’aurais bien besoin. Je n’ai plus grand-chose à voir avec l’image du Benjamin Rice toujours très propre sur soi que tu as pu te faire sur des vidéos, des photos ou sur internet. Ici, c’est tondeuse une fois par moi et lame de rasoir au compte goutte pour diminuer les risques de suicide. La taule change un homme Hell, je t’assure... J’espère à ce propos qu’il ne changera pas trop le tien. J’ai pu savoir qui est ce type dont tu m’as parlé. Il semble très… blanc, et surtout très isolé. Souhaitais-tu que je veille sur lui en m’envoyant cette lettre ? Je n’ai rien d’un super-héros tu sais, et ici chacun est vraiment livré à lui-même. Mon pédigrée de boxeur ne pèse pas aussi lourd que les ceintures que j’ai pu portée et je n’ai que peu d’influence sur les fauves qui règnent ici contrairement à ce que tu peux peut-être imaginé. Mais je peux éventuellement voir ce que je peux faire… Je ne sais pas pourquoi il a atterrit dans cette jungle, mais ce qui est certain c’est qu’il soit un condamné bien plus innocent que moi, soit le type plus idiot de toute la côte Est pour avoir abandonné une femme qui semble l’avoir autant aimé à l’extérieur. Je n’ai pas connu ça, et à vrai dire, tu me diras, qu’est-ce que ça aurait changé ? A ce propos, j’aimerais te poser une question qui m’est importante bien que je t’assure qu’elle n’influera en rien sur la suite de nos correspondances. Est-ce que tu crois que j’ai violé cette fille Hell ? Dis-moi seulement quelle est ta conviction. Me crois-tu innocent ? J’ai déposé une nouvelle tentative d’appel il y a quelques semaines, mais n’y croit pas plus que pour les précédentes. A vrai dire, je crois que j’ai surtout fait ça pour espérer revoir ma sœur au tribunal. Elle ne vient même plus me rendre visite et ne répond pas non plus à mes appels en PCV, mais je sais tout ça est ma faute… Ma ruine a précipité beaucoup de problèmes financiers autour de moi, tous ces biens dont j’ai fais jouir mes proches et qu’on me reprend aujourd’hui. Je crois qu’elle n’a même plus assez d’argent pour régler ses factures de téléphone ou prendre le bus jusqu’au pénitencier. C’est ma seule famille tu sais Hell... De là où je me trouve et je t’écris ses quelques mots, je n’ai aucun conseils à donner. Mais s’il y a bien une leçon à tirer de mon sort, c’est de toujours rester proche de sa famille. Car il n’y a qu’elle qui sera encore à tes côtés le jour où ça ira mal pour toi, lorsque tout le monde aura fuit autour de toi, il n’y a bien que des parents pour t’empêcher d’affronter le mal et ses déguisements seule. Je t’encourage à profiter et courir après sans jamais oublier ceci : La vie t’autorisera à la prendre en levrette et à se faire tirer les cheveux seulement si ton autre main glisse entre ses cuisses pour caresser son bouton à plaisir. Pardonne moi pour cette image, je m’égare et en oublie que tu es une fille. Je n’aime pas les ratures dans mes écrits. Tu sais les discussions que je peux tenir ici ne sont pour la plupart pas d’une grande finesse avec mes semblables. Ce que je veux te dire Hell, c’est que tu peux avoir tout ce que tu veux si tu n’obéis pas qu’à ta propre loi instinctive et considère ce qui t’entoure. J’en ai fais la douloureuse expérience et même si je n’ai rien à regretter, si j’ai baisé la vie en 28 ans plus que beaucoup ne le feront jamais dans toute leur existence, je crois que je me montrerais plus intelligent si c’était à faire. Tu dois être féroce, mais tu dois aussi être maligne. C’est un équilibre difficile à atteindre, même lorsque l’on a tout pour soi. J’espère que par ce biais ou par un autre, tu réussiras à résoudre les petits tracas auxquels tu as fais allusion et surtout, j’espère le lire prochainement. J’aurais toujours le temps de te répondre, sois-en sûre. Le temps ici, c’est tout ce qu’on a, et tout ce qu’il nous laisse. Prends bien soin de toi.
Je t’embrasse
Benjamin Rice
PS : Je pense que tu peux tirer dans les 2000 dollars de cette signature aux enchères sur internet, en cas de besoin. Comme quoi, je ne suis pas si fauché pour envoyer des chèques comme ça… Je préfèrerais néanmoins que tu mutile cette feuille d’une jolie coupe de ciseaux plutôt que tu vendes ce courrier dans son ensemble. |
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Hell L. Blavatsky
Date d'inscription : 27/06/2012 Messages : 230
| Sujet: Re: Words are stronger than iron bars | H-E-deux ailes Mer 25 Juil - 9:59 | |
| Cher Benjamin, Je crois que je me suis moi-même surprise en t’envoyant cette lettre. Je ne te connais pourtant pas et j’ai pourtant des gens à voir en prison, autant mon homme que ma meilleure amie ou même son frère. Je ne ressens pas non plus une envie particulière que l’on me décrive la vie au pénitencier, je ne la connais que trop bien malheureusement. Chaque jour me rappelle que le destin nous poursuit avec un sourire goguenard, cachant la prison derrière chaque porte que l’on pourrait ouvrir sans savoir ce qu’il y a derrière. Je me rappelle de ses croche-pieds en traître qui nous font trébucher de l’autre côté de la ligne. Des fois quand je suis seule j’ai l’impression d’être observée mais il me semble que ce n’est que lui qui me regarde. Comment se fait-il que notre destin puisse se repaître plus de notre malheur que d’autre chose ? Oh, je crois que je divague. Ne prends pas en compte les pensées parfois trop noires d’une pauvre fille victime du spleen. Au fond, pour répondre à ta question sous-jacente, je crois que si je t’écris, c’est surtout par solidarité. Pour prouver à un homme seul qu’il y a toujours quelqu’un à qui parler, quelqu’un qui ne soit pas motivé par la célébrité puisque je ne regarde pas la boxe. Moui. Je me fais peur à écrire ces mots qui semblent plus niais que les répliques d’une jeune première dans une pièce de Molière...
A propos de mon homme, je ne désire pas que tu le protèges mais je crois que j’aimerais que tu l’aides à ne pas se sentir trop seul. La prison change les hommes mais j’aimerais qu’elle ne change pas trop le mien. Tu sais, il n’est pas innocent. Mais il n’est pas coupable non plus, dans le sens où son action, quelque illégale qu’elle ait pu être, était motivée par un acte bon. Alors oui, j’aimerais te demander la faveur de le dérider un peu. La solitude est le pire mal qui puisse affecter une âme et je le sais.
Je pourrais te parler de ma vie, de mon travail, mais j’ai bien peur de ne pouvoir réellement entrer dans les détails du métier de coiffeuse. Je ne suis pas ce cliché de coiffeuse qui colporte tous les potins tout en faisant une permanente à ses clients. Je préfère me taire et coiffer en silence, c’est pour ça que ma patronne a dit que j’hériterai du salon quand elle serait en retraite. Elle dit que je ne risque pas de partir du jour au lendemain pour une quelconque histoire. Tu veux la vérité ? Ce travail m’ennuie, même si c’est toujours mieux que la prison. Il n’y a pas grand chose pour me distraire à part mon chien, un Beauceron nommé Uranus. Va, voilà que je m’étale sur ma vie. Mais j’ai pourtant si peu de choses à dire...
Pour répondre à ta question... Je pense tout simplement que si tu étais coupable et que tu le savais, tu ne poserais pas la question.
Je t’embrasse également, Hell.
P.S : Merci pour l’information mais à moins d’une situation extrême, je ne compte pas mutiler nos courriers.- Spoiler:
C'est pas très long mais c'est impressionnant comme je trouvais rien à dire :mdr:
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